par Dominique Raizon (avec AFP)
Article publié le 24/07/2009 Dernière mise à jour le 24/07/2009 à 17:47 TU
En suivant pendant 9 ans des chimpanzés dans le parc national de Gombe, en Tanzanie, une équipe internationale de chercheurs est arrivée à la conclusion que le virus « SIVcpz, le précurseur immédiat du VIH-1 (de l'immunodéficience humaine) (*) est pathogène pour les chimpanzés sauvages ».
Une destruction des tissus lymphatiques analogue à celles des humains malades du sida ...
Il a été observé que, sur une population de 94 individus appartenant à deux groupes, la mortalité des 17 primates infectés par le SIVcpz était de 10 à 16 fois supérieure à celle des 77 chimpanzés exempts de ce virus : « Bien que basés sur un échantillon limité, les résultats suggèrent que le SIVcpz, tout comme le VIH-1 chez l'homme, a un impact très négatif sur la santé, la reproduction et l'espérance de vie des chimpanzés », ont expliqué les chercheurs.
Les scientifiques ont constaté qu' « une femelle, morte moins de trois ans après son infection par le SIVcpz, présentait des caractéristiques histopathologiques (analyse des tissus lymphatiques, ndlr) similaires à celles d'un sida en phase terminale ».
« Franchissement de la barrière des espèces »
Si le caractère pathogène de ce virus restait encore mal connu jusqu'à ce jour c'est qu'il était « impossible -jusqu'à récemment- d'identifier et de suivre des primates infectés dans la nature », expliquent les auteurs -parmi lesquels la célèbre primatologue britannique Jane Goodall.
Les primates africains sont naturellement infectés par plus de 40 virus d'immunodéficience simiens. Mais, à la différence des autres virus SIV, « les chimpanzés ont acquis le SIVcpz à une date relativement plus récente par franchissement de la barrière des espèces, à travers des singes qui sont leurs proies », relèvent les scientifiques.
(*) Le VIH-1 serait lui-même une mutation d'un virus simien SIV qui aurait franchi la barrière des espèces, selon une théorie communément admise.