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Epée: médaille d'argent pour Fabrice Jeannet, mais il rêvait de l'or pour sa retraite

dimanche 10 août 2008 à 17:18


Le podium du tournoi individuel d'épée avec l'or pour l'italien Matteo Tagliariol, l'argent pour le français Fabrice Jeannet et le bronze pour l'espagnol Jose Luis Abajo, le 10 août 2008 à Pékin

Le podium du tournoi individuel d'épée avec l'or pour l'italien Matteo Tagliariol, l'argent pour le français Fabrice Jeannet et le bronze pour l'espagnol Jose Luis Abajo, le 10 août 2008 à Pékin (Photo: Omar Torres / AFP)

PEKIN (AFP) - Rarement un vice-champion olympique n'a autant montré sur un podium sa déception: pour Fabrice Jeannet, la médaille d'argent dans le tournoi individuel d'épée des JO-2008 est un échec, lui qui rêvait de raccrocher avec le seul titre qui manquait à son beau palmarès.

Il est resté recroquevillé de longues minutes sur le bord de la piste après la 15e et dernière touche réussie par son vainqueur, Matteo Tagliariol, un Italien de 25 ans qui, cruelle ironie, a deux modèles bien français: D'Artagnan et... Fabrice Jeannet.

Sur le podium, les bras croisés, le visage fermé, "Fab" n'avait sans doute qu'un hâte: que la cérémonie protocolaire se termine le plus rapidement afin de s'éloigner de cette médaille d'or qu'il ne portera jamais à son cou.

Avec cet argent qui s'ajoute à son titre olympique par équipes de 2004, Jeannet, 27 ans, a pourtant l'un des CV les plus complets de l'escrime française.

Le natif de Fort-de-France, encouragé par ses parents à suivre au club d'escrime local son aîné Jérôme, éliminé dimanche en 8e de finale, cumule également un titre individuel de champion du monde (2003) et quatre titres mondiaux par équipes (2002, 2005, 2006, 2007).

L'épéiste Fabrice Jeannet face à l'italien Matteo Tagliariol en finale de l'épée, le 10 août 2008 à Pékin

L'épéiste Fabrice Jeannet face à l'italien Matteo Tagliariol en finale de l'épée, le 10 août 2008 à Pékin (Photo: Omar Torres / AFP)

Mais tous ces titres et trophées, le cadet des frères Jeannet les auraient bien échangé contre cet or, le seul qui lui manquera à jamais, puisque à 27 ans, il a décidé de raccrocher après Pékin et de travailler dans une société de conseils en informatique.

"Je suis conscient que j'ai gagné une médaille olympique, que ce n'est pas rien, mais cette défaite est une grosse déception d'autant que c'était la dernière +compet'+ de ma carrière en individuel", a-t-il lâché.

Alors qu'il s'était battu presque comme un chiffonnier contre le très physique Kirghize Sergey Katchurin (15-14) au premier tour, qu'il avait fait mordre la poussière à des pointures comme l'Américain Weston Kelsey, le Sud-Coréen Jung Jin-sun et surtout le Hongrois Gabor Boczko en demi-finale, le longiligne épéiste de la région parisienne est "passé à côté de sa finale avec trop de précipitation", selon son entraîneur Stéphane Riboud.

Il avait pourtant pris le meilleur départ sous les encouragements de ses camarades de l'équipe de France, dont Jérôme, la voix cassé à force de crier, pour mener 2-0, puis 3-2, avant de connaître un passage à vide et se retrouver mener 8-3.

L'épéiste français Fabrice Jeannet (g) face au hongrois Gabor Boczko, en demi-finale d'épée, le 10 août 2008 à Pékin

L'épéiste français Fabrice Jeannet (g) face au hongrois Gabor Boczko, en demi-finale d'épée, le 10 août 2008 à Pékin (Photo: Philippe Desmazes / AFP)

Même l'évocation de ses deux dernières saisons difficiles et sa qualification in extremis en mai pour Pékin, même sa contribution à la très bonne journée de la délégation française (trois médailles) ne parvenaient pas à faire retrouver un semblant de sourire à ce grand échalas toujours très décontracté.

"Cette deuxième place me fait mal", insiste-t-il, tout en assurant qu'il sera à nouveau à 100% pour l'épreuve par équipes vendredi, dont la France, champion olympique, du monde et d'Europe, est la grande favorite.

"Il a vraiment le sentiment d'avoir perdu une médaille d'or, car il n'a pas été lui sur ce match. Il aime le jeu, l'escrime qui pétille et il n'y est pas arrivé en finale, mais cela reste un très grand", souligne Michel Sicard, le directeur technique national.

On le dit doué, atypique, nonchalant, mais c'est sans doute Jérôme qui le décrit le mieux: "Il sait se préparer pour les grands événements et pourtant, il est usé. Cela fait huit ans qu'il est de toutes les campagnes et il a quasiment tout gagné, sauf cette médaille d'or".

"D'ici deux ans, peut-être que la flamme reviendra", espère son aîné avant d'ajouter aussitôt: "Mais je n'y crois pas".


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