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Cyclisme

Le procès Festina s'ouvre à Lille

par Gérard Dreyfus

Article publié le 23/10/2000 Dernière mise à jour le 22/10/2000 à 22:00 TU

Cinq ans après le procès de la corruption à Valenciennes au cours duquel Bernard Tapie, l'ancien président de l'Olympique de Marseille, s'était retrouvé face aux juges, un deuxième grand procès du sport s'est ouvert lundi matin, non loin de là, à Lille, dans la grande métropole du Nord. Cette fois, il met en accusation non plus le football, mais le cyclisme et son recours avéré au dopage.
Le scandale Festina éclate le 8 Juillet 1998. Trois jours avant le départ du Tour de France, le soigneur de l'équipe Festina, Willy Voet, est intercepté à la frontière franco-belge avec un stock de quatre cents flacons, gélules et capsules de produits dopants. Deux jours plus tard, ouverture d'une information judiciaire pour importation en contrebande et circulation irrégulière de marchandises prohibées. Willy Voet est mis en examen. Une semaine plus tard le directeur et le médecin de l'équipe sont à leur tour mis en examen et écroués, le premier pendant onze jours, le deuxième pendant trois mois.

Le 17 juillet, la direction du Tour de France exclue l'équipe Festina de la course. L'affaire s'accélère. Le directeur de l'équipe reconnaît les faits, puis cinq coureurs affirment s'être dopés. Deux autres dont le très populaire Richard Virenque nient les faits. L'enquête démarre. La procédure va durer vingt-sept mois avant que dix prévenus ne comparaissent devant la justice. Il y a là six Français, trois Belges et un Espagnol. Et parmi eux, un seul coureur, Richard Virenque. Dont la défense n'a jamais varié : non, a-t-il dit et répété les quatre fois où il s'est retrouvé dans le bureau du juge d'instruction, « Non, je ne me suis pas dopé. Peut-être l'ai-je été, mais alors ce serait à mon insu ». Naïf, menteur ou bouc-émissaire, la justice a trois semaines pour se déterminer.

le cyclisme est l'un des sports
les plus contaminés par le dopage


En réalité, les faits sont désormais anciens. Ils ont confirmé ce que l'on savait depuis toujours, à savoir que le cyclisme est un des sports les plus contaminés par le dopage. Mais, en raison de l'ampleur du scandale û il concernait la plus grande épreuve cycliste du monde ; il intervenait au lendemain de la victoire de l'équipe de France de football dans la Coupe du Monde û il a donné lieu à une prise de conscience collective dans toute l'Europe. Les politiques sont intervenus, à commencer par Marie-George Buffet, ministre française de la Jeunesse et des sports ; ils ont trouvé un écho positif auprès du Comité International Olympique qui a dès lors décidé, certes un peu contraint et forcé, de déclarer la guerre au dopage. L'analyse des performances des athlètes aux Jeux de Sydney prouve que la peur du gendarme a été la plus forte.

Le procès Festina va servir d'exemple, peut-être même de référence. Pour autant, personne n'est dupe. Il n'a pas arrêté le dopage ; il ne l'arrêtera pas. Car le sport de haut niveau est une énorme machine à fabriquer et à consommer des champions. Et pour réussir, pour gagner beaucoup d'argent, pour connaître la gloire, certains, ils le reconnaisent bien volontiers, sont prêts à bien des sacrifices, à commencer par celui d'abréger leur vie de quelques années. En coulisses les alchimistes du dopage poursuivent tranquillement leurs recherches, en cherchant à rendre leurs potions magiques indécelables aux contrôles.

Le procès Festina est, en vérité, celui du sport de haut niveau, celui du plus vite, plus haut, plus fort, à n'importe quel prixà