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Tour de France

Une course sous haute surveillance

par Valérie Gas

Article publié le 06/07/2001 Dernière mise à jour le 05/07/2001 à 22:00 TU

Après la descente de la police italienne dans les chambres des coureurs du Giro, les accusations de dopage contre Lance Armstrong, les déboires de Marco Pantani recalé du Tour, les révélations sur Richard Virenque, les procès, les hésitations des sponsors, l'ambiance est maussade pour le Tour de France 2001.
La descente de la brigade des stupéfiants et de la brigade financière dans les chambres des coureurs du Giro à San Rémo, le 6 juin dernier, a jeté un froid. A 20 heures, les carabiniers déboulent à l'hôtel des Anglais. Surprise et émotions, des paquets passent par les fenêtres et les coureurs sont invités à sortir de leurs chambres durant la perquisition qui permettra aux policiers d'emporter quelques substances suspectes pour analyse.

Cette opération coup de poing qui a provoqué la colère des cyclistes a relancé la polémique autour du dopage à la veille du départ de l'épreuve la plus prestigieuse dans ce sport, le Tour de France. Depuis trois ans, et l'affaire Festina qui avait empoisonné le Tour 1998, le cyclisme a du mal à reprendre du poil de la bête. Et pour cause, de procès en descente de police, les accusations succèdent aux rumeurs. Avec toujours le dopage institutionnalisé et les mensonges en ligne de mire.

Depuis quelques mois, les affaires ont eu tendance à sortir comme les champignons après la pluie. Même le cyclisme amateur a eu son lot de trafics révélés à l'occasion d'un procès récent dit du «pot belge» qui a permis de montrer que les professionnels n'étaient pas les seuls à faire partie de réseaux de dopages très organisés. Sans parler des soucis de Lance Armstrong, qui a remporté par deux fois le Tour de France après avoir vaincu un terrible cancer et qui est en quête cette année d'une troisième victoire. Il est impliqué dans une procédure judiciaire enclenchée à la suite de la saisie des sacs poubelles de l'équipe US Postal en marge du Tour 2000. Les résultats des analyses de sang et d'urines ne sont pas connus et aucun rebondissement de dernière minute ne devrait venir perturber la Grande Boucle 2001. Même si quelques voix s'élèvent, en l'occurrence celle de Marco Pantani d'ailleurs déclaré persona non grata sur le Tour cette année, pour mettre de l'huile sur le feu en affirmant : «Je ne serais pas surpris si, un jour, les valeurs sanguines d'Armstrong sont elles aussi anormales. Désormais tout est possible.»

Après le dopage, les combines

Cerise sur le gâteau, Bruno Roussel, ancien directeur sportif de l'équipe Festina qui avait fait les frais de la grande lessive anti-dopage sur le Tour de France 1998, s'en est donné à c£ur joie en accusant Richard Virenque d'avoir acheté sa victoire d'étape du Tour de France 1997 à Courchevel, à son compagnon d'échappée Jan Ullrich en échange de la somme de 100 000 francs. Après le dopage à grande échelle, voilà maintenant que l'on met aussi sur la table la triche à l'exploit. Comme si le cyclisme était décidément le sport de toutes les combines.

Dès le mois d'avril, les organisateurs du Tour de France avaient pourtant essayé de prendre l'initiative en rendant public un projet de lutte contre le dopage. Un effort unanimement salué notamment par l'Union cycliste internationale et la ministre française de la Jeunesse et des Sports, Marie-George Buffet qui a estimé qu'il s'agissait «d'une avancée positive». Le plan prévoit notamment de présenter aux médecins et aux directeurs sportifs un code éthique au départ du Tour, de faire signer une attestation sur l'honneur aux coureurs, de mettre en place une délégation médicale pour fournir un accord préalable sur les prescriptions faites pendant le Tour, de faire subir un examen sanguin aux cyclistes dont les résultats seront connus avant le départ de la course, de contrôler dix coureurs au lieu de quatre à chaque étape. En tout dix mesures sont envisagées dans ce plan d'action qui bénéficie d'un budget de dix millions de francs.

Il fallait au moins cela pour rassurer les généreux sponsors de la caravane comme Coca-cola, le Crédit Lyonnais ou encore Fiat qui avaient émis quelques réticences à continuer à attacher leur nom à une épreuve sportive à l'image ternie. Dans un climat loin d'être totalement apaisé, la Grande Boucle 2001 fait encore une fois cette année office de course-test.