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Sport

Triomphe historique des soeurs Williams

par Elio Comarin avec AFP

Article publié le 08/09/2001 Dernière mise à jour le 07/09/2001 à 22:00 TU

Pour la première fois depuis 1884, la finale des internationaux des Etats-Unis oppose ce samedi 8 septembre deux s£urs : Venus et Serena Williams. Les deux Afro-américaines, redoutables «cogneuses» sur le circuit professionnel féminin, ont auparavant éliminé respectivement Jennifer Capriati «la miraculée» revenue au plus haut niveau après une longue éclipse, et Martina Hingis, la Suissesse d'origine slovaque souvent qualifiée de «tacticienne».
Cette finale constitue une première historique absolue dans l'ère «open» du Grand Chelem. Les soeurs Williams avaient déjà failli se disputer le titre en 1999, lorsque Venus avait échoué en demi-finale. «C'est un jour fabuleux», a déclaré Serena, la plus musclée des deux soeurs, qui à 20 ans a littéralement terrassé Martina Hingis en démi-finale, en 51 minutes seulement: 10 «aces», aucune double faute et cinq sur cinq occasions de «break» transformées. «C'était difficile... Elle était trop forte» a avoué Hingis, incapable de faire face aux coups droits de massue de Serena.

De son côté «Capri» a tout tenté contre Venus. Elle s'est défendue bec et ongles durant tout le match, près d'une heure et demie durant, mais elle a finalement dû s'incliner : «C'était un match où il fallait se battre sur tous les coups. J'ai manqué un peu de jus», a-t-elle avoué, déçue d'avoir raté le coche au premier set, lorsqu'elle menait 3-0 et 4-1 avant de se faire remonter par Venus Williams, l'aînée des deux s£urs. Celle-ci a pour sa part déclaré : «Je dois remercier Dieu et mes parents qui m'ont aidé à atteindre ce niveau», après avoir embrassé son père Richard, qui il y a quelques années avait prédit que ses deux filles se disputeraient un jour l'Open des Etats-Unis.

«Toute ma vie j'ai attendu ce moment, a-t-il déclaré à son tour à l'issue des demi-finales. J'en rêvais». Et le papa-entraîneur-manager de quitter aussitôt New York pour sa résidence de Palm Beach, en Floride, avant la finale de samedi soir : «aucune personne sensée ne voudrait voir ses enfants s'entre-déchirer même dans une enceinte sportive» a-t-il fait remarquer.

Serena : «Il faut que nous écrivions l'histoire»

Quelle que soit la gagnante, les Williams auront en tout cas bien alimenté leur compte en banque - déjà très fourni - d'environ 1,25 millions de dollars, soit à elles deux près d'un dixième de la bourse totale de l'US Open ! Autre record historique, pour une famille originaire de Compton (Californie), où Venus et Serena ont frappé leurs premières balles sur des terrains de tennis, dans un quartier malfamé où les coups de feu étaient aussi fréquents que les coups de raquettes. Le tout sous la houlette d'un père déterminé à «fabriquer» coûte que coûte deux stars du tennis mondial.

Mais l'histoire des Williams est aussi celle de nombreuses controverses. En 2000 le père a été soupçonné d'avoir «décidé» l'issue de la demi-finale de Wimbledon, remportée par Venus sur Serena. Cette année, Venus a été accusée de feindre une blessure pour éviter de rencontrer sa soeur au tournoi d'Indian Wells, que Serena a finalement remporté sous les huées des spectateurs.

Quant au père, il a souvent évoqué le racisme qui règne aux Etats-Unis. Des journaux ont quant à eux souvent parlé de rivalité entre Venus et Serena. Mais les deux s£urs ont su jusque là éviter toute jalousie, pour dominer, ensemble, le tennis mondial féminin. «Il faut soutenir Venus pour que nous écrivions l'histoire», a déclaré Serena, après avoir facilement remporté sa demi-finale et troqué sa tenue jaune canari pour une autre bleu azur, afin de bien suivre en spectatrice très engagée la victoire de sa soeur.