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Cyclisme

Tous contre un

par Gérard Dreyfus

Article publié le 06/07/2002 Dernière mise à jour le 05/07/2002 à 22:00 TU

L’Américain Lance Armstrong, vainqueur des trois dernières éditions, sera au départ du Tour de France avec le dossard de grandissime favori. D’une part parce que l’épreuve constitue son principal objectif de la saison ; d’autre part parce que ceux qui auraient pu ébranler ses certitudes ne sont pas au départ.
Le Tour de France 2002 donnera-t-il lieu à une colossale surprise ? Enoncer la question, c’est en grande partie y répondre. Rarement un champion de la trempe de l’Américain Lance Armstrong, vainqueur des trois dernières éditions, n’aura eu, sur le papier, aussi peu de rivaux susceptibles de lui contester la victoire finale. Les absents sont nombreux et les nouveaux venus ne disposent, semble-t-il pas des atouts nécessaires pour s’imposer sans beaucoup d’expérience dans la Grande Boucle. Naturellement, Lance Armstrong n’est pas à l’abri d’une défaillance ni même d’une échappée-bidon dans les étapes de plaine qui le relèguerait à plus de vingt ou vingt-cinq minutes avant d’aborder l’ascension des Pyrénées après dix jours de course. En vérité, c’est plus un jeu de tenter de savoir comment l’Américain pourrait ne pas gagner le Tour que de penser un seul instant qu’il puisse le perdre.

Depuis son avènement sur les routes du Tour, en 1999, Lance Armstrong a toujours su dominer celui ou ceux qui postulaient, à ses côtés, le maillot jaune. Le Suisse Alex Zülle, la première année, l’Italien Marco Pantani et l’Allemand Jan Ullrich, l’année suivante et en 2001, encore l’Allemand. Le Suisse n’est pas là, pas davantage que l’Italien, suspendu huit mois pour dopage après un piètre abandon dans le Tour d’Italie, ni ses compatriotes Gilberto Simoni et Stefano Garzelli, pour les mêmes raisons, pas davantage que Paolo Savoldelli, vainqueur du Giro dont l’équipe n’a pas été sélectionnée par les organisateurs de l’épreuve française. Quant à Jan Ullrich, vainqueur en 1997, et quatre fois deuxième, blessé au genou, il a dans un premier temps été obligé de renoncer, avant qu’un contrôle inopiné le 12 juin dernier révèle la prise d’amphétamines. Pour des raisons totalement indépendantes de sa volonté, Amstrong a ainsi fait le vide autour de lui. Dans ces conditions, chacun s’est évertué ces dernières semaines à lui trouver d’hypothétiques adversaires dignes de ce nom. On cite le Colombien Santiago Botero, sans vraie conviction, le meilleur grimpeur du Tour 2000 ayant fait de la Vuelta (Tour d’Espagne), son principal objectif de la saison. Il y a également trois Espagnols, Joseba Baloki, troisième de l’épreuve en 2000 derrière Armstrong et Ullrich, Igor Gonzalez de Galdeano, cinquième de la dernière édition et très bon spécialiste du contre-la-montre, et Oscar Sevilla qui court sous les mêmes couleurs que Botero, septième l’an dernier et meilleur jeune de l’épreuve, avant de terminer deuxième de la Vuelta. Parmi les rares autres coureurs à surveiller, le Kazakh Andreï Kivilev, quatrième en 2001, qui a démontré de belles qualités de montagnard. On attend surtout une farouche bataille pour les deux autres marches du podium derrière l’invincible Amstrong. Bataille à laquelle pourrait s’intégrer le Français Christophe Moreau, quatrième en 2000. Quant à Richard Virenque, qui était suspendu l’an dernier, son rêve n’est pas de remporter le Tour, mais de porter pour la sixième fois à l’arrivée à Paris le maillot de meilleur grimpeur, ce qui lui permettrait d’égaler le record de l’Espagnol Frederico Bahamontes.

Evoquer le nom de Virenque c’est inévitablement penser au scandale de 1998 et à cette monstrueuse affaire de dopage qui avait failli couler le Tour de France. Depuis la situation n’a pas beaucoup évolué, le peloton continuant à s’adonner à sa course-fétiche, celle des produits interdits. Les contrôles ont beau eu se multiplier, de plus en plus souvent à l’improviste, les multiples exemples récents ont démontré que l’on continuait de céder aux vieilles pratiques. Aujourd’hui le Tour de France, à une année de fêter son centenaire, ne peut pas se permettre le moindre faux-pas. Le cyclisme aurait les pires difficultés à s’en remettre. Prions pour que chacun sache raison garder. Gare aux récidivistes !

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