Cyclisme
La légende d’un siècle
par Gérard Dreyfus
Article publié le 03/07/2003 Dernière mise à jour le 02/07/2003 à 22:00 TU
Nés de l’imagination et du génie des hommes, les monuments sont faits pour être découverts, honorés, admirés. Ils sont une page d’histoire vivante ; une partie importante du patrimoine mondial. C’est le cas du Tour de France cycliste qui célèbre le centenaire de sa création. Pourtant ce n’est ni les Pyramides de Guizeh, ni l’Acropole d’Athènes, ni le Colisée de Rome, pas davantage le temple d’Angkor, le grande muraille de Chine, voire la Tour Eiffel. C’est tout simplement une inimitable aventure humaine dont l’histoire a totalement accompagné celle du XXème siècle.
Nul, à sa création en 1903, n’aurait imaginé que cent ans plus tard le Tour figurerait encore au calendrier des grands rendez-vous du mois de juillet. Après tout, ce n’était qu’une simple épreuve sportive. Mais placée d’emblée sous le signe de la démesure, mélange de sueur, de sang et de larmes, mélange de rebondissements et de coups d’éclat permanents. Certains y ont rencontré la gloire et trouvé le chemin de la postérité. D’autres n’y ont rien gagné du tout, sinon une succession de galères et, parfois, la mort.
Plus que tout, le Tour de France a été le témoin de l’évolution du genre humain, sans cesse occupé à repousser ses limites, de l’évolution de la machine, du savoir-faire technique, plus près de nous de la technologie. Terrain de jeu privilégié des plumitifs virtuoses des mots et doués d’une imagination très fertile. Il n’a cessé d’être magnifié, d’être en quelque sorte sacralisé. Parce qu’il épousait, à la perfection, la diversité des sentiments humains, avec ses cracks, champions du surnaturel, avec ses ouvriers arc-boutés sur leur machine infernale, véritable instrument de torture. Il les a poussés à se dépasser sans cesse, les contraignant à accomplir des prouesses pour atteindre un sommet alpin, pyrénéen, la ville-étape du jour en sachant que le lendemain ils seraient encore soumis à un long calvaire.
Forçats de la route
On a du mal à imaginer ce que furent ses premiers tours de manivelle. Un siècle, c’est si long ; c’est au minimum trois générations d’une même famille. Et pourtant, le Tour de France a résisté à toutes les épreuves : la guerre, ou plutôt les guerres, le modernisme qui paraissait le condamner à l’obsolescence, à la désuétude. Au moment même où l’homme marchait sur la Lune, il continuait, benoîtement de dérouler sa saga magnifique.
Il a accompagné le changement de société dans les pays de l’ancienne Europe de l’Est. Institution nationale, il a anticipé le phénomène de mondialisation. Il a chanté les louanges des forçats de la route, quelle que soit leur nationalité. Il a fini par séduire une bonne partie de la planète.
La légende des cycles a rejoint la légende des siècles. Elle est peut-être l’épreuve la plus chère au cœur des foules. Le Tour de France est magique et il n’a sans doute pas fini de nous émerveiller parce qu’il ne cesse de renvoyer sa propre image, la nôtre, à chacun d’entre nous.
Ecoutez Phillipe Seguin, amoureux de la petite reine (P. Ganz, 04/07/2003, 8'06)
Plus que tout, le Tour de France a été le témoin de l’évolution du genre humain, sans cesse occupé à repousser ses limites, de l’évolution de la machine, du savoir-faire technique, plus près de nous de la technologie. Terrain de jeu privilégié des plumitifs virtuoses des mots et doués d’une imagination très fertile. Il n’a cessé d’être magnifié, d’être en quelque sorte sacralisé. Parce qu’il épousait, à la perfection, la diversité des sentiments humains, avec ses cracks, champions du surnaturel, avec ses ouvriers arc-boutés sur leur machine infernale, véritable instrument de torture. Il les a poussés à se dépasser sans cesse, les contraignant à accomplir des prouesses pour atteindre un sommet alpin, pyrénéen, la ville-étape du jour en sachant que le lendemain ils seraient encore soumis à un long calvaire.
Forçats de la route
On a du mal à imaginer ce que furent ses premiers tours de manivelle. Un siècle, c’est si long ; c’est au minimum trois générations d’une même famille. Et pourtant, le Tour de France a résisté à toutes les épreuves : la guerre, ou plutôt les guerres, le modernisme qui paraissait le condamner à l’obsolescence, à la désuétude. Au moment même où l’homme marchait sur la Lune, il continuait, benoîtement de dérouler sa saga magnifique.
Il a accompagné le changement de société dans les pays de l’ancienne Europe de l’Est. Institution nationale, il a anticipé le phénomène de mondialisation. Il a chanté les louanges des forçats de la route, quelle que soit leur nationalité. Il a fini par séduire une bonne partie de la planète.
La légende des cycles a rejoint la légende des siècles. Elle est peut-être l’épreuve la plus chère au cœur des foules. Le Tour de France est magique et il n’a sans doute pas fini de nous émerveiller parce qu’il ne cesse de renvoyer sa propre image, la nôtre, à chacun d’entre nous.
Ecoutez Phillipe Seguin, amoureux de la petite reine (P. Ganz, 04/07/2003, 8'06) 
