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Jeux olympiques 2004

La Grèce a gagné son pari

par Olivier Bras

Article publié le 30/08/2004 Dernière mise à jour le 30/08/2004 à 14:24 TU

Liu Xiang, est le premier Chinois médaillé d'or olympique dans les épreuves masculines d'athlétisme.(Photo : AFP)

Liu Xiang, est le premier Chinois médaillé d'or olympique dans les épreuves masculines d'athlétisme.
(Photo : AFP)

Les organisateurs grecs ont réussi à proposer des Jeux qui paraissaient bien mal engagés en raison du retard pris dans la réalisation de nombreuses infrastructures. Le défi était de taille, jamais des Jeux n’ayant accueilli autant de participants. Les Grecs, qui n’avaient pas lésiné sur les moyens pour assurer la sécurité de tous, peuvent se félicitent du déroulement de cette quinzaine olympique marquée, sur le plan sportif, par la montée en puissance de l’Asie et notamment de la Chine, qui a fort bien préparé les prochains Jeux.

«Ce furent des Jeux inoubliables, des Jeux de rêve». Cette phrase prononcée lors de la cérémonie de clôture des Jeux par Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO), est allée droit aux cœurs des organisateurs grecs et des quelques 60 000 bénévoles qui ont assuré le succès du plus grand événement sportif de la planète. Le retard pris dans la réalisation de certaines infrastructures avait en effet suscité de vives craintes au sein de cette instance internationale qui redoutait que la Grèce ne soit pas prête à temps. Mais le déroulement des Jeux a finalement été excellent, une réussite qui vaut désormais aux autorités grecques l’admiration de toute la communauté internationale. Une seule ombre au tableau, le manque de spectateurs lors de beaucoup d’épreuves. Le comité d’organisation grec estime cependant avoir également rempli son contrat dans ce domaine en annonçant la vente de 3,6 millions de billets, un chiffre qui dépasse le seuil fatidique des 3,4 millions exigé par le CIO au moment de l’attribution des Jeux à Athènes.

La Grèce a également signé un succès en matière de sécurité. La peur d’une attaque terroriste avait notamment été alimentée par plusieurs attentats qui se sont produits en Grèce au cours des semaines précédant les Jeux. Du coup, les autorités grecques avaient choisi de consacrer plus de 1,2 milliard d’euros pour assurer la sécurité de tous les participants, investissant dans de coûteux systèmes informatisés. Et elles avaient également mobilisé à travers tout le pays plus de 100 000 militaires, policiers, garde-côtes et pompiers. Un dispositif sécuritaire qui a porté ses fruits puisque aucun incident d’envergure n’a été déploré, seul le déploiement sur l’Acropole d’une banderole contre la venue du secrétaire d’Etat américain Colin Powell provoquant une certaine gêne diplomatique. Exprimant un réel sentiment de soulagement à l’issue de la quinzaine olympique, le ministre grec de l’Ordre public, Georges Voulgarakis, a estimé lundi que la capacité de la Grèce à organiser des Jeux sûrs avait été «largement sous-estimée». Les épreuves sportives auraient cependant mérité un plus joli final, un spectateur parvenant à perturber dimanche le marathon, la dernière compétition du programme olympique. En tête de la course à sept kilomètres de l’arrivée, le Brésilien Vanderlei Lima a été ceinturé par un déséquilibré et retardé pendant de longues secondes. Il a finalement gagné la médaille de bronze.

Sept athlètes privés de médailles

Les organisateurs grecs, en coordination avec le CIO et l’Agence mondiale antidopage (AMA), avaient également choisi de donner des moyens inédits à la lutte contre le dopage. Le nombre de contrôles effectuées pendant les Jeux d’Athènes a augmenté de 25% par rapport aux olympiades précédentes et les procédures retenues pour détecter les substances illicites ont été améliorées. Les contrôles sanguins ont ainsi été intensifiés, aucune des 28 disciplines inscrites aux Jeux ne pouvant y échapper. A la différence d’autres compétitions sportives, les tests antidopage, ne se sont pas limités aux périodes de compétition, des contrôles inopinés se déroulant avant même l’ouverture de ces Jeux. Et pour la première fois, les responsables de la lutte antidopage ont décidé de sanctionner les athlètes coupables d’avoir violé les procédures de contrôle, en s’efforçant, lors de chaque cas litigieux, de rendre le plus rapidement possible leur décision.

A l’heure du bilan, une vingtaine d’athlètes ont été contrôlés positif, un chiffre auquel s’ajoute les cas de trois athlètes sanctionnés pour ne pas avoir respecté les procédures de contrôles. Parmi ces derniers se trouvent deux champions olympiques, les Hongrois Robert Fazekas et Adrian Annus, respectivement vainqueurs à Athènes des compétitions de lancer de poids et de lancer de marteau, qui ont tous deux été privés de leur médaille d’or. En tout, sept athlètes se sont vus retirer leurs médailles lors des Jeux d’Athènes, contre six à Athènes, certaines disciplines comme l’haltérophilie ayant été, une nouvelle fois, particulièrement touchée par ce fléau. Paradoxalement, la plupart des sportifs contrôlés positifs utilisaient des substances interdites connues depuis très longtemps, à l’instar du stanozolol, un stéroïde anabolisant déjà utilisé par le sprinter canadien Ben Johnson en 1988. Un constat qui laisse craindre aux responsables de la lutte contre ce fléau le développement d’un dopage «à deux vitesses», les pays les plus riches n’ayant aucun cas à déplorer à l’issue de ces Jeux.

L’Asie en force

Particulièrement surveillée en raison de récents scandales de dopage qui ont frappé des athlètes américains, la délégation des Etats-Unis s’est félicitée d’avoir réussi son pari olympique en obtenant, pour la troisième fois consécutive, la première place au classement général. Avec 103 médailles, les sportifs américains ont fait mieux qu’en Australie (97) et ont franchi, comme à Atlanta, le seuil symbolique des 100 médailles. Les nageurs ont complètement écrasé la compétition et ont ramené 28 médailles à leur pays, notamment grâce au phénoménal Michael Phelps qui, a conquis sept récompenses à Athènes, dont cinq en or. L’athlétisme vient au deuxième rang des médailles américaines, les sprinters des Etats-Unis réussissant notamment deux triplés impressionnants sur 200 et 400 mètres, Justin Gatlin et Maurice Greene prenant eux respectivement la première et troisième place du 100 mètres.

En accédant à la deuxième marche du podium, la Chine, troisième en 2000 et quatrième en 1996, a poursuivi son irrésistible ascension. Elle a fort bien préparé les prochains Jeux qu’elle accueillera en parvenant à glaner des médailles dans des disciplines qui ne lui réussissaient pas jusqu'à présent, à l’image du sprinter Liu Xiang vainqueur du 110 mètres haies. Dans son sillage, d’autres pays asiatiques ont réalisé à l’occasion de ces Jeux des progrès encore plus fulgurants. Le Japon gagne ainsi 10 places au classement général, passant de la 15e à Sydney avec 18 médailles à la cinquième à Athènes grâce aux 37 médailles gagnées par ses représentants qui ont notamment effectué une véritable razzia dans le tournoi de judo. Obtenant deux médailles de plus en Grèce qu’à Sydney, la Corée du Sud parvient, de son côté, à se hisser pour la première fois parmi les dix premières positions du classement, devançant notamment la Grande-Bretagne et Cuba. Quant à l’Australie, elle a réussi à renouveler quatre ans après la même performance que chez elle en conservant la quatrième place du classement. Une performance que la France n’a pas réussi à imiter, rétrogradant d’une place par rapport à Sydney et terminant en septième position.