par Gérard Dreyfus
Article publié le 01/07/2005 Dernière mise à jour le 04/07/2005 à 15:57 TU
Ambiance détendue pour l'Américain Lance Armstrong qui participe pour la dernière fois au Tour de France.
(Photo: AFP)
Cette année encore, Lance Armstrong, à bientôt trente-quatre ans, est l'homme à battre sur le Tour de France. Ses adversaires sont plus motivés que jamais et se promettent de le harceler quotidiennement, de le pousser dans ses derniers retranchements. Son record de victoires (6) est inaccessible pour longtemps, mais on comprend aisément que deux ou trois de ses adversaires rêvent d'être celui qui aura enfin battu Amstrong, même si ce dernier, comme il l'a annoncé depuis de nombreuses semaines, tirera un trait définitif sur le cyclisme de compétition à la fin du Tour 2005, vainqueur ou vaincu. Une des questions que l'on se pose au départ de la Grande Boucle est de savoir s'il nourrit les mêmes ambitions que précédemment. Récemment il livrait un peu le fond de sa pensée en déclarant que son objectif était de «gagner le coeur du public». A force de faire le vide autour de lui, faute d'adversaires à sa taille, il était apparu fier, hautain, détaché du monde qui l'entoure et n'avait pas suscité de véritable engouement populaire. Réglé comme du papier musique, isolé dans une sorte de bulle, professionnel jusqu'au bout des pédales, rien ne semblait devoir l'atteindre. Son amitié avec George W.Bush n'avait pas davantage contribué à le rendre immédiatement sympathique. Si on admirait le champion, néanmoins suspecté d'avoir recours au dopage... comme tous les cyclistes qui gagnent, on n'aimait pas vraiment l'homme. Les choses ont quelque peu changé depuis l'annonce de son départ en retraite. Phénomène que de très nombreux champions, ultra-dominateurs dans leur discipline, ont connu avant lui. Longtemps, c'est certain, on se remémorera les succès de ce champion, rescapé comme par miracle d'un cancer, et devenu intouchable après sa guérison. A tel point que certains n'ont pas hésité à remettre en question la véracité de sa maladie. Dans ce monde, tous les coups sont permis. Insinuez, insinuez, il en restera toujours ne serait-ce qu'un fond de doute et de suspicion.
L'Allemand Ullrich, premier de cordée
Libéré de la nécessité de vaincre qu'il s'était imposée, Lance Armstrong peut-il être battu et par qui? Difficile de répondre à cette question. Cela dépendra d'Armstrong lui-même autant que de ses challengers. Au premier rang desquels figure bien évidemment celui qui a été plus d'une fois son dauphin (2000, 2001, 2003), Jan Ullrich. A la tête d'une équipe très forte, l'Allemand pourra compter sur Alexandre Vinokourov, privé de Tour l'an dernier à cause d'une blessure, et qui vient de s'illustrer dans les Alpes au Dauphiné Libéré. Troisième atout de la formation allemande T-Mobile, un autre Allemand Andreas Klöden, très inattendu deuxième l'an dernier. Camarades de route, les trois hommes ont bien des atouts pour menacer la forteresse Armstrong. Quatrième larron de la bande des quatre prétendants à la succession, l'Italien Ivan Basso, troisième en 2004; le seul à avoir suivi le maillot jaune dans la montagne et qui serait encore sur la pente ascendante. A cette liste, peut-être convient-il d'ajouter le nom de l'Espagnol Joseba Beloki qui, victime d'un accident au cours de l'édition 2003, avait été obligé de faire l'impasse en 2004. Y aura-t-il des surprises, l'avènement de quelques nouveaux venus, ambitieux, et désireux de se faire une place au soleil du peloton? Pas facile de le savoir. Ce qui est sûr, en revanche c'est qu'ils seront 180 à vouloir la peau d'Armstrong et de ses coéquipiers. L'Américain a peu à perdre, ce qui risque de le rendre encore plus puissant dans ce Tour d'honneur pour lui, son Tour des adieux.
Les Français sans espoir
Quant aux coureurs français, ce n'est pas encore cette fois qu'ils briseront la longue série de vingt ans sans maillot jaune à Paris. Le dernier tricolore couronné fut Bernard Hinault (sa cinquième et dernière victoire) en 1985. Depuis, les enthousiastes massés sur les routes du Tour ont en grande partie réservé leurs faveurs à Richard Virenque, à sept reprises couronné meilleur grimpeur de l'épreuve, et qui n'est plus là, ayant abandonné le vélo. Alors les Français tenteront de gagner quelques étapes, comme l'a fait Thomas Voeckler l'an dernier. Pour Hinault, «aucun Français n'est en mesure de gagner le Tour de France». Ce qui n'empêchera pas l'épreuve de connaître un énorme succès populaire. Le Tour plus que centenaire désormais, demeure un des rendez-vous majeurs du pays, pas seulement pour les amoureux du vélo.