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Jeux Olympiques 2012

Londres fait le forcing

par Muriel Delcroix

Article publié le 04/07/2005 Dernière mise à jour le 04/07/2005 à 16:52 TU

La ministre britannique Tessa Jowell (G), le maire de Londres Ken Livingstone (C) et l'architecte australien Rod Sheard (D) à Singapour.(Photo : AFP)

La ministre britannique Tessa Jowell (G), le maire de Londres Ken Livingstone (C) et l'architecte australien Rod Sheard (D) à Singapour.
(Photo : AFP)

À deux jours de la désignation de la ville qui accueillera les Jeux Olympiques en 2012, Londres principale rivale de Paris se déchaîne à Singapour et multiplie les démonstrations de force pour occuper le terrain et tenter de convaincre les membres du Comité international olympique.

De notre correspondante à Londres

Persuadée que c’est le moment où jamais, Londres déploie ces dernières heures une énergie exceptionnelle, voire incontrôlable. Deux consultants australiens de la candidature londonienne s'en sont ainsi pris ce lundi au projet de stade olympique avancé par Paris.

Entre autres éléments considérés comme points forts, Paris possède en effet celui de disposer d'un stade, alors que Londres n'en a pas. Mais Jim Sloman, l'un des hauts responsables lors des JO de Sydney, maintient que le Stade de France ne donne pas d'avantage à Paris, estimant qu'il a été construit pour le football et le rugby, pas pour l'athlétisme... Pour enfoncer le clou, l'architecte Rod Sheard a estimé que même une reconfiguration du Stade de France serait un compromis. «Je pense que le stade de Paris est un stade formidable. J'aime vraiment y aller pour voir des matches de rugby, mais le rugby ne fait malheureusement pas partie des Jeux olympiques», a-t-il souligné, un brin perfide. Or, conformément aux règles du CIO, les villes candidates ne sont pas autorisées à critiquer les candidatures rivales.

A J-2 du choix du Comité, les organisateurs de Paris 2012 ont réagi en adoptant un profil bas. Ils ont précisé qu'ils avait pris connaissance des propos des deux consultants australiens, tout en soulignant qu'ils ne porteraient pas plainte auprès de la commission d'éthique du CIO. Le maire de Paris Bertrand Delanoë, a souligné que la ville n'entrerait pas dans une guerre des mots avec Londres. «Nous sommes sereins, à l'aise, transparents et nous continuerons jusqu'à la dernière seconde à honorer l'esprit du sport, c'est-à-dire le fair-play», a-t-il dit, avant d’ajouter, bon élève: «Nous ne dénigrerons pas les autres. Nous n'avons pas à faire de commentaires sur les autres candidatures parce que ce sont les règles du CIO et que c'est l'esprit olympique». Et pour calmer le jeu, un porte-parole de Londres 2012 a de son côté tenté de relativiser l’incident en assurant que les consultants n'étaient pas sous contrat à Singapour.

Rééditer le coup de Trafalgar

Mais ces échanges de petites phrases assassines sont révélatrices de la tension qui règne à Singapour entre deux pays qui au-delà des JO s’affrontent depuis des semaines sur la scène européenne à propos de l’avenir et du budget de l’Union. Le froid serait à tel point polaire entre le président Jacques Chirac et le Premier ministre Tony Blair que la presse outre-manche soupçonne le dirigeant français de vouloir saboter le sommet du G8 qui débute mercredi en Écosse. Un président dont on remarque qu’il arrivera d’ailleurs en retard à Gleneagles, justement pour rester jusqu’au bout à Singapour, ce que ne pourra faire Tony Blair, hôte du sommet.

C’est pourquoi le chef du gouvernement britannique, qui est à Singapour lundi et mardi, s'est lancé dans une intense campagne de lobbying pour l'attribution des JO-2012 à Londres. «La base de la candidature c'est sa force. Ce que je peux faire, c'est bien mettre en évidence qu'elle bénéficie d'un total soutien politique. Nous pensons que cette candidature est très forte, à  la fois pour les athlètes, qui disputeraient des Jeux magnifiques, mais également pour l'héritage qu'elle laisserait au sport en Grande-Bretagne et au CIO», a ainsi martelé avec détermination le Premier ministre.

Un enthousiasme, comme d’ailleurs celui de la presse britannique qui avait pourtant fait cruellement défaut à la capitale dans les premiers temps. Londres avait en effet posé sa candidature tardivement face aux atermoiements d’un gouvernement loin d’être persuadé des bienfaits d’une telle entreprise. Mais au fil des semaines, Londres est passée du statut dee simple outsider à celui de principale concurrente de Paris. C’est que la capitale britannique a bataillé ferme pour avoir une chance d’être à nouveau l’hôte des Jeux, ce qui remonte à 1948. Ses organisateurs sont en effet animés d’une énergie et d’une passion exceptionnelles et leur projet est solide, ambitieux, et novateur. Notamment la régénération d’une vaste zone à l’Est de Londres, l’une des dernières de la ville encore à l’abandon. Là seront construits le stade Olympique de 80 000 places ainsi que le village des athlètes. Mais si cinq sites seront spécialement bâtis pour les Jeux, Londres compte aussi utiliser des installations déjà existantes et de renommée internationale comme le stade de Wembley pour le football, Wimbledon pour le tennis ou même Regent’s Park pour le baseball...

Néanmoins, le point faible de la ville reste son réseau de transports obsolète, surtout le métro et ce malgré la promesse d’un investissement colossal de 17 milliards de livres... Quoi qu’il en soit, sur Trafalgar Square, la célèbre place dédiée à l’Amiral Nelson, une grande horloge fait depuis le mois d’avril le décompte des jours jusqu’à l’annonce du vainqueur mercredi et il est clair que les partisans de Londres 2012 caressent plus que jamais l’espoir de rééditer le mémorable coup de Trafalgar contre les Français et les Espagnols.