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Jeux Olympiques 2012

Les Russes y croient encore

par Virginie Pironon

Article publié le 05/07/2005 Dernière mise à jour le 05/07/2005 à 11:27 TU

Avec le concept de «<I>rivière olympique</I>», les spectateurs pourraient se déplacer d’un lieu à l’autre en bateau.(Photo: AFP)

Avec le concept de «rivière olympique», les spectateurs pourraient se déplacer d’un lieu à l’autre en bateau.
(Photo: AFP)

A la veille du verdict de la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO) à Singapour, la ville de Moscou, envers et contre tous les pronostics, se voit en grande organisatrice des Jeux Olympiques de 2012.

De notre correspondante à Moscou

«Une planification insuffisamment détaillée», «un manque d’informations de base» rendant difficile l’évaluation du projet… Le 6 juin dernier, le rapport rendu par la commission d’évaluation du CIO était loin d’être tendre envers la capitale russe : sur les cinq villes candidates (les autres sont New York, Londres, Paris et Madrid), Moscou a été la seule à ne pas recevoir les appréciations de «grande» ou de «très grande» qualité.

Et pourtant, à la veille du verdict, le comité d’organisation de Moscou 2012, tout comme les Moscovites, espère envers et contre tout créer la surprise. «Les perspectives pour la ville sont plutôt optimistes», n’hésitait pas à affirmer hier à Singapour Piotr Vassiliev, directeur de l’information du comité. De son côté, le maire de la ville, Iouri Loujkov, a fait preuve d’encore plus de témérité : «Moscou a une légère avance sur les autres villes candidates» a-t-il avancé, ajoutant que si la capitale russe était choisie, ce serait «un choix historique».

Les organisateurs du projet continuent à défendre becs et ongles les atouts et l’originalité de leur dossier. En affirmant par exemple que Moscou est la ville «la plus sportive au monde», ayant l’habitude d’organiser des compétitions sportives internationales. De plus, «pour la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques, note Piotr Vassiliev, toutes les épreuves auront lieu à l’intérieur de la ville, y compris le tournoi de football et les compétitions de voile». Avec le concept de «rivière olympique», les spectateurs pourraient se déplacer d’un lieu à l’autre en bateau. Les sites prévus par le comité d’organisation, répartis tout le long de la rivière moscovite, sont distants les uns les autres de seulement 5 à 10 kilomètres.

Soutien de la population

Dans les rues de la capitale russe, difficile de trouver un habitant qui ne soutienne pas ce dossier avec ferveur et enthousiasme. Pourtant, c’est le cas de Sergueï, qui travaille dans un studio de design à l’intérieur même du complexe Olympiski, construit pour les Jeux de 1980. «Les Jeux, je n’en veux pas, dit-il avec une pointe d’agacement. Imaginez, toutes les routes vont être saturées, certaines rues seront coupées… ça risque d’être le bazar !»

En effet, malgré toute la bonne volonté déployée par les organisateurs, les points faibles de la ville, la dernière à être visitée par les membres du CIO du 14 au 17 mars dernier, ne manquent pas. Le trafic automobile est très dense, et tous les soirs, de longs bouchons se forment à la périphérie et à l’intérieur même de la ville. De plus, la capacité hôtelière de Moscou laisse pour l’instant à désirer : elle devrait impérativement être doublée, pour atteindre 61 000 lits. Les problèmes administratifs et bureaucratiques restent des obstacles importants pour tout étranger désirant s’aventurer dans le pays : l’obtention d’un simple visa touristique peut facilement tourner au parcours du combattant.

Malgré tous ces points faibles, environ 80 % des Moscovites (selon le comité d’organisation) appuient la candidature de leur ville et espèrent encore qu’elle va créer la surprise. «Pourquoi Moscou ne gagnerait pas ?» s’interroge Alexeï, très étonné par la question. Ce jeune homme de 24 ans, entouré de bidons d’huile à moteur dans un des nombreux magasins du centre olympique, s’y voit déjà. «Moscou est géniale, on est les meilleurs, martèle-t-il. Ces dernières années, la ville s’est battue pour répondre aux standards imposés par le Comité olympique. Et puis je crois qu’en fait, aucune des villes candidates n’est vraiment bien préparée. Si nous gagnons, nous aurons encore du temps…»

«Une délégation qui va se ridiculiser»

Cet optimisme acharné a été vivement critiqué par certains médias. Fin juin, le quotidien Izvestia écrivait qu’envoyer une délégation si importante à Singapour (une centaine de personnes, dont le Premier ministre et des anciens champions olympiques comme le joueur de tennis Evegueni Kafelnikov et le nageur Alexandre Popov) était carrément «ridicule», compte-tenu des chances de l’emporter. Le quotidien relève que «le principal problème de cette candidature est que toutes [les initiatives russes] montrent que l’important [pour Moscou], c’est de participer, et non pas de gagner». Pour le journal, les organisateurs ne se seraient pas suffisamment battus, essayant uniquement de ne pas perdre la face. Interrogé justement à propos d’un échec probable, Piotr Vassiliev répond, imperturbable : «si un tel scénario se produit, nous l’emporterons la prochaine fois…»