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Tour de France

Un sept d’or pour Lance Armstrong

par Gérard Dreyfus

Article publié le 24/07/2005 Dernière mise à jour le 25/07/2005 à 14:41 TU

Le jaune est bien la couleur fétiche de Lance Armstrong. Invaincu sur le Tour de France depuis 1999, il l’est demeuré, et pour la dernière fois, cette année encore. Il termine premier devant l’Italien Ivan Basso (2e) et l’Allemand Jan Ullrich (3e). Ce sont autrement dit des adieux réussis pour celui qui avait annoncé, bien avant le départ de la course, sa retraite définitive.

Sept victoires. Mieux, sept victoires consécutives. Il y a quelques années encore, nul n’aurait osé imaginer qu’un jour le quatuor de rêve Anquetil-Merckx-Hinault-Indurain serait détrôné. Egalés en 2003, cinquième victoire de Lance Armstrong, dépassés une première fois en 2004, ils sont définitivement relégués dans le grand livre des souvenirs à deux longueurs par l’Américain. Inimaginable pour qui connaît le parcours du Texan. Après des débuts professionnels en 1992, à l’âge de vingt et un ans, Lance Armstrong remporte sa première victoire d’étape dans le Tour de France l’année suivante avant de devenir, quelques semaines plus tard, le plus jeune champion du monde de cyclisme sur route de l’histoire.

L’héritier de Greg Lemond, premier Américain à avoir gagné la Grande Boucle, ne cesse de prendre du galon. En 1995 il est classé 15e mondial; fin 1996, il entre dans les dix meilleurs coureurs du moment, une ascension qui n’autorise pourtant pas le monde du vélo à lui voir un destin aussi fabuleux, et ce d’autant moins qu’à la fin de cette année, des tests révèlent qu’il souffre d’un cancer avancé des testicules avec métastases aux poumons et au cerveau. Ses chances de guérison sont bien inférieures à 50%. Fait incroyable, une fois sa chimiothérapie achevée, il recommence à penser à la course. Bien que son avenir dans le cyclisme soit incertain, Lance remonte sur son vélo et reprend l’entraînement 5 mois seulement après le diagnostic.

En mai 1998, Armstrong célèbre sa victoire sur le cancer et son retour «officiel» au cyclisme. Le miraculé obtient la consécration en 1999 en signant son premier maillot jaune sur les Champs-Elysées. Jan Ullrich et Marco Pantani, ses plus dangereux adversaires, n’étaient pas au départ, assènent les plus sceptiques. Depuis, il a mis tout le peloton à la raison alignant avec celle d’aujourd’hui, sept succès d’affilée dans la plus grande course du monde.

Qui pour succéder à Armstrong ?

La dernière course en date n’a sûrement pas été la plus difficile. Mais où étaient les prétendants à la succession ? Où étaient-ils ceux qui, au départ, étaient censés annihiler l’écrasante domination du champion, désormais âgé de trente-cinq ans ? Après trois semaines de course on n’a pas fini de se poser la question. Armstrong a porté le maillot jaune, une première fois entre la quatrième et la neuvième étape, l’a cédé une journée avant de le reprendre pour ne plus jamais s’en séparer. Là n’est plus l’important. La question qui est sur toutes les lèvres: et demain ? Qui s’est inscrit sur la liste des candidats possibles à la relève après six années de règne absolu du seigneur américain ? Difficile de le savoir.

Beaucoup sont apparus vieillissants, Ullrich, Vinokourov et quelques autres. Beaucoup d’autres n’ont pas semblé avoir l’étoffe des héros. Seule révélation, le jeune Espagnol Alejandro Valverde obligé de s’arrêter après avoir gagné son étape à Courchevel, dans les Alpes devant Armstrong. L’Américain pense qu’il peut faire un futur vainqueur. D’autres noms ont été notés comme ceux de l’Italien Ivan Basso, de l’Ukrainien Yaroslav Popovych, maillot blanc du meilleur jeune, du Danois Michael Rasmussen, meilleur grimpeur de l’édition 2005, sans oublier l’Italien Damiano Cunego absent cette année en raison de problèmes de santé.

On le sait, il faut, pour gagner le Tour, disposer d’une équipe très solide. Pour le moment on demeure dans le flou pour désigner celle qui sera en mesure, sur ce qu’on a vu cette année, de prendre la direction des opérations. Vraisemblablement elle ne sera pas celle d’un champion français. Vingt ans après la dernière victoire de l’un des leurs, Bernard Hinault (1985), les Tricolores se cherchent toujours un successeur. La cuvée 2005 n’a pas été bonne. Christophe Moreau termine à une honorable onzième place, mais ensuite c’est la déroute absolue, le deuxième Français, Laurent Brochard échouant à la 28e place.

Lance Armstrong couronné d’un «sept d’or» pour sa dernière arrivée sur les Champs-Elysées, l’ultime course de sa carrière. Une apothéose pour l’Américain qui a posé une trace indélébile dans l’histoire du sport mondial et pas seulement du cyclisme. Aura-t-il enfin fait la conquête d’un public qui ne l’a pas aimé pendant sa carrière ? C’est une autre affaire. Le temps fera son œuvre; d’autres, comme Armstrong, ont été victimes de cette incompréhension engendrée par une domination dictatoriale avant d’être reconnus et aimés à leur juste valeur. Une ère se termine. Une autre s’ouvrira l’année prochaine pour un Tour de France toujours aussi populaire comme en ont encore témoigné les millions et millions de spectateurs tassés sur le bord des routes. Le feuilleton sportif de l’été n’a pas fini de rayonner, désormais sans Lance Armstrong.

Frédéric Gassman

Journaliste à RFI

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