Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Cyclisme

L’Américain Floyd Landis clame son innocence

par Antonio Garcia

Article publié le 29/07/2006 Dernière mise à jour le 29/07/2006 à 14:18 TU

Floyd Landis clame son innocence lors de sa conference de presse à Madrid, le 28 juillet 2006.(Photo : AFP)

Floyd Landis clame son innocence lors de sa conference de presse à Madrid, le 28 juillet 2006.
(Photo : AFP)

Le vainqueur de la dernière édition du Tour de France, le cycliste américain Floyd Landis, est soupçonné d’avoir utilisé des produits non conformes aux réglementations internationales, notamment de la testostérone. En attendant les résultats de la contre-enquête, Landis a affirmé vendredi à Madrid qu’il n’était «impliqué dans aucun processus de dopage». Les milieux sportifs, les sponsors et les organisateurs du Tour sont en état de choc.

Sacré roi du Tour de France le 23 juillet, Floyd Landis est aujourd’hui la cible des critiques les plus dures, suite à la publication des premiers résultats des analyses de l’urine de l’Américain, qui avait réalisé une grande prouesse lors de la dix-septième étape à Morzine.  Mais le coureur américain, qui a demandé une contre-expertise, a affirmé que son test positif est le résultat d’une production naturellement élevée de testostérone, ce qui ne convainc pas les experts selon le journal sportif  français L’Equipe publié ce samedi à Paris. 

Floyd Landis, né le 14 octobre 1975 en Pennsylvanie, est un cycliste atypique. Avec son frère et ses quatre sœurs il a été élevé dans la confession mennonite, un courant anabaptiste très strict qui rejette le modernisme. C’est presque en secret qu’il a pu s’initier au vélo tout terrain (VTT) avant de devenir un coureur sur route, ce qui l’obligea à abandonner sa famille et son Etat natal.  En 2002, il a pu rejoindre l’équipe US Postal commandée par son compatriote Lance Armstrong, avec qui il finira par se fâcher. Landis a poursuivi son ascension fulgurante et il a conquis la deuxième place du Dauphiné Libéré, avant de devenir le leader de l’équipe Phonak et de remporter la 9e place du Tour en 2005 et la consécration absolue, le 23 juillet dernier, en arrivant en tête du Tour de France.

Landis est ainsi devenu un géant du cyclisme mondial, même s’il a éprouvé quelques difficultés lors de la seizième étape de cette dernière épreuve . Visiblement épuisé, l’Américain avait en effet perdu presque dix minutes à La Toussuire (Savoie), mais le lendemain, le 20 juillet, il réussissait l’impossible en arrivant à Morzine (Haute-Savoie) avec près de six minutes d’avance, après avoir franchi allègrement cinq cols de montagne à une vitesse moyenne de 37,17 kilomètres heure ! Cette échappée glorieuse lui a été fatale, car les analyses ont montré une concentration exagérée de testostérone dans l’un des échantillons d’urine du coureur, prélevés à son arrivée à Morzine.

Le cyclisme en état de choc

Le laboratoire de Châtenay-Malabry, en région parisienne, qui a procédé aux examens, a conclu le 26 juillet que le rapport testostérone/épitestostérone issu de l’échantillon A de l’urine de l’Américain était anormalement élevé. La testostérone est la principale hormone masculine, agissant sur les muscles et l’endurance physique, tandis que l’épitestostérone est un stéroïde naturellement produit par l’organisme. Les normes internationales considèrent que le rapport testostérone/épitestostérone ne doit pas être supérieur à 4/1. A partir de ce niveau la testostérone est d’origine exogène, donc considérée comme participant d’un dopage.

Landis avait été autorisé à prendre de la cortisone pour atténuer la douleur de sa hanche nécrosée. Le coureur avait même annoncé qu’il prévoyait de se faire poser une prothèse. Selon ses collègues de l’équipe Phonak, Landis s’est plaint de douleurs au niveau du bassin et a voulu consulter un médecin en Allemagne. Le coureur américain avait même disparu de l’hôtel où il était logé à Eindhoven, au Pays-Bas, et il n’a pas participé au critérium qu’il devait y disputer avant d’aller au Danemark.

Landis prenait aussi des comprimés pour réguler des troubles thyroïdiens. Mais les médecins sportifs doutent que ces produits, notamment la cortisone, puissent produire un taux si élevé de testostérone dans le métabolisme. Dans ses déclarations au quotidien américain Wall Street Journal, Floyd Landis a nié, vendredi, qu’il s’était dopé. En même temps, pour expliquer ses performances, il affirmait avoir bu de la bière et du whisky la veille de la 17e étape du Tour. Le journal new-yorkais note qu’il «est peu probable que boire avant les courses soit désormais une stratégie des athlètes d’endurance»… 

Les commentateurs sportifs français affirment que le cyclisme est en train de traverser des moments très difficiles. «Le malaise», selon le quotidien L’Equipe. Pour sa part, la chaîne de télévision allemande ZDF a menacé de ne plus diffuser les images du Tour : «nous avons signé un contrat de diffusion pour une épreuve sportive, pas pour un show montrant les performances de l’industrie pharmaceutique».

Le coureur américain est le premier maillot jaune à être déclaré positif à un contrôle urinaire, depuis l’Espagnol Delgado, en 1988, qui n’avait pas été sanctionné car le médicament qu’il prenait n’était pas interdit à l’époque. D’autres vainqueurs du Tour de France, comme l’Allemand Ulrich et l’Italien Pantani ont été accusés de dopage, lors des tours d’Espagne et d’Italie en 1997 et 1998. L’Américain Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France a été accusé l’année dernière d’avoir pris de l’EPO (érythropoïétine) lors de sa première victoire en 1999.

Le Laboratoire national de dépistage va se prononcer bientôt

Les organisateurs du Tour ont voulu que l’édition 2006 puisse devenir exemplaire. Plusieurs favoris, tels que Jan Ulrich et Ivan Basso, ont été exclus à cause de leur implication dans le scandale du dopage sanguin en Espagne. Le milieu cycliste tout entier attend avec impatience les résultats de la contre-expertise demandée par le coureur américain auprès du Laboratoire national de dépistage de Châtenay-Malabry. Tout va donc dépendre du contenu du second flacon d’urine de Floyd Landis, l’échantillon B. En cas de résultat positif, c’est le coureur qui est arrivé en deuxième position au classement général, l’Espagnol Oscar Pereiro, qui prendra sa place de champion du Tour 2006. Ce serait alors une première dans l’histoire de cette compétition, crée en 1903. 

Floyd Landis déclare à qui veut l’entendre qu’il ne se fait «aucune illusion» sur la contre-enquête. Mais en même temps, le coureur américain multiplie les protestations d’innocence. Vendredi soir, à Madrid, Landis a tenu une conférence de presse pour affirmer que son organisme produit naturellement un taux élevé de testostérone. Dans cette première apparition publique après la publication des résultats de l’analyse d’urine, il a déclaré : «Je suis fier d’avoir gagné le Tour de France, parce que j’étais le plus fort». Il faudra attendre le début de la semaine prochaine pour connaître les résultats de l’analyse du deuxième échantillon.  

Justin Gatlin

Si sa culpabilité est prouvée Gatlin qui n’a que 24 ans, encourt une suspension à vie.

30/07/2006 par Christophe Carmarans