par Adrien Moss
Article publié le 22/06/2007 Dernière mise à jour le 22/06/2007 à 18:38 TU
Lewis Carl Hamilton est né le 7 janvier 1985 à Stevenage, dans une ville où il n'y avait qu'un seul feu rouge. C'était une ville nouvelle construite après la guerre, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Londres: il n'y avait pas de carrefours, que des ronds-points. Son père -né en Angleterre où ses propres parents sont arrivés dans les années 50, fuyant la misère des Caraïbes- lui a donné ce prénom parce qu'il admirait le célèbre sprinter noir américain Carl Lewis.
Lewis n'a que deux ans lorsque ses parents se séparent. Il est d'abord resté avec sa mère et son nouveau mari. Il passe ses week-ends chez son père où il regarde les courses de Formule 1 à la télévision, «mais il n'y avait aucun lien avec le sport automobile dans la famille», raconte Lewis. Pour ses cinq ans, son père lui offre une magnifique voiture télécommandée. Il commence aussi à faire du karaté, pour se défendre des «grands» qui le briment dans la cour de l'école -à 12 ans, il sera ceinture noire- mais sa vraie passion, c'est la vitesse. Une passion qu'il cache à ses camarades de classe, parce qu'il craint leur jalousie.
Jusqu'au jour où il apparaît dans Blue Peter, l'émission enfantine la plus populaire de la BBC, où il gagne une course de voitures télécommandées. Le clip de cette émission est un des plus populaires actuellement du site MotorSport de la BBC. On voit l'animateur qui lui demande si c'est facile de conduire ces petits bolides et Lewis, sans quitter des yeux sa voiture, lui répond: «Non». «Mon père avait remarqué que j'avais une très bonne coordination oeil-main et il m'avait encouragé», raconte-t-il.
Senna, l'idole
A l'époque, son père est cheminot. Mal payé, il a d'autres jobs au noir: il va notamment poser des panneaux devant les maisons à vendre pour des agences immobilières, payé 22 euros par panneau. A sept ans, il lui achète son premier kart. Et Lewis a tout de suite commencé à gagner. Il est d'ailleurs à une compétition de karting lorsque son père lui apprend la mort de celui qui est devenu son idole: Ayrton Senna. Il est allé se cacher dans la Vauxhall Cavalier de son père pour pleurer mais cette tragédie ne l'a pas découragé.
Il a 9 ans lorsqu'il gagne le championnat britannique de karting. C'est à la remise du prix qu'il rencontre pour la première fois Ron Dennis, le patron de McLaren. Lewis a emprunté pour la circonstance un horrible costume de soie verte. Il lui a dit qu'il voulait, un jour, être dans son écurie. «Reviens me voir dans neuf ans», lui écrit dans son carnet d'autographes le patron de McLaren qui dit aujourd'hui que la détermination perçue dans la voix de Lewis l'avait frappé. Deux ans plus tard, il lui propose un premier contrat. En 2002, à 17 ans, Lewis fait sa première vraie course. Cinq ans plus tard, McLaren lui donne sa vraie chance: «Il était temps, commente Lewis, laconique. Il y a tellement longtemps que j'étais chez McLaren que je commençais à avoir l'impression de faire partie du mobilier».
Une vie normale
Lewis Hamilton a donc un premier contrat en formule 1 de quelques 750 000 euros, une misère dans ce monde de milliardaires, loin derrière Tiger Woods, le meilleur golfeur de tous les temps et le sportif le plus payé du monde, à qui on le compare à cause de son fulgurant succès et de la couleur de sa peau. Mais en attendant, Lewis Hamilton continue à mener une vie remarquablement normale malgré la gloire qui le menace.
Lorsque ce n'est pas la saison des Grands Prix, après avoir travaillé chez McLaren toute la semaine, il rentre le week-end chez son père avec son linge à laver. Son père a maintenant une entreprise d'informatique qu'il a mise en gérance pour être le manager de son fils.
Chez son père, Lewis joue avec son demi-frère Nicholas, âgé de 15 ans, handicapé moteur sur sa PlayStation. Il a la même petite amie depuis trois ans, Jodia Ma, 21 ans, née à Hong Kong, qu'il a connue lorsqu'il étudiait au Collège des Arts et des Sciences à Cambridge. Son père et son demi-frère sont les deux piliers de sa vie. «J'ai sept ans de plus que Nicholas mais il est mon meilleur ami, dit Lewis. C'est lui le vrai héros. Quand ça ne va pas, je pense à lui, aux difficultés qu'il a. C'est grâce à lui que je garde les pieds sur terre». Et à sa petite amie, qui lui demande si il pense à elle quand il pilote, il répond: «Quand je sors d'un virage, je pense au suivant. Quand il y a une ligne droite, il m'arrive de penser à toi».