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Athlétisme

Pas de Jeux 2008 pour l’athlète amputé Pistorius

par Marc Verney

Article publié le 14/01/2008 Dernière mise à jour le 14/01/2008 à 17:19 TU

Le Sud-Africain Oscar Pistorius, le 13 juillet 2007, au stade olympique de Rome (Italie). (Photo : AFP)

Le Sud-Africain Oscar Pistorius, le 13 juillet 2007, au stade olympique de Rome (Italie).
(Photo : AFP)

Son cas défraye la chronique depuis des années. Amputé des deux jambes, mais parfaitement capable, grâce à deux prothèses hi-tech en fibre de carbone, de concurrencer les meilleurs sprinteurs, le Sud-Africain Oscar Pistorius voulait participer aux JO des valides. C’est « non », a dit la Fédération internationale de l’athlétisme, qui a mis en évidence que le sprinteur sud-africain gagnait, grâce à ses jambes de carbone 25% d’énergie par rapport à ses concurrents valides.

On l’appelle Blade Runner, du nom du célèbre film d’anticipation de Ridley Scott qui oppose personnages artificiels –les replicants- et humains. Oscar Pistorius, sprinteur sud-africain de 21 ans, amputé des deux jambes à l’âge de onze mois en raison d’une malformation congénitale, voulait participer aux Jeux olympiques de Pékin grâce à l’assistance de deux prothèses de haute technologie en fibre de carbone. Ecartant toute considération émotionnelle, la Fédération internationale de l’athlétisme a refusé l’inscription du jeune homme aux compétitions chinoises en invoquant, dans un rapport publié ce lundi 14 janvier, « l’aide technique » décisive qu’entraîne l’utilisation par le coureur de Pretoria des « échasses » de fibre de carbone fabriquées en Islande au tarif de 12 000 euros.

Le rapport du professeur allemand Gert-Peter Brüggeman est formel : les jambes artificielles utilisées par Pistorius « sont clairement en désaccord avec la règle 144.2 de l’IAAF » mentionne l'interdiction de « l’utilisation de tout dispositif technique incluant des ressorts, des rouages ou tout autre élément qui confère un avantage à un athlète par rapport à celui qui n’en utilise pas ». Le rapport quantifie même le gain pour le Sud-Africain : ses cheetahs (surnom de ses prothèses) retournent trois fois plus d’énergie positive que les membres humains en action maximale.

L’homme bionique, après l’homme dopé ?

Oscar Pistorius a été autorisé à courir dans la course B du 400 m du meeting Golden League de Rome, le 13 juillet 2007. Et il a fini deuxième de la course. Ce médaillé d’or et de bronze aux Jeux paralympiques d’Athènes en 2004 clame partout autour de lui qu’il est « simplement un homme ». Mais il pose cependant publiquement le problème de la manière dont on obtient les performances… Comment, s’interroge l’IAAF -dès lors que l’on autorise l’inscription d’athlètes comme Pistorius- est-il possible de contrôler la véritable « course à l’armement » qui en résulterait et l’apparition sur les stades de véritables athlètes préfabriqués en fonction des performances que l’on attend d’eux ?

Le cas singulier de l’athlète Pistorius risque d’être encore largement débattu. Celui qui court sur 400 m en 46’’46 (3 secondes de plus que la meilleure marque mondiale) juge que la nature, dans son injuste cruauté, en le faisant naître ainsi, ne lui a pas laissé le choix… « Handicapé, pour moi, cela signifie qu’il y a quelque chose que je ne peux pas faire. Or, il n’y a rien que je ne puisse faire », déclare-t-il aux médias. Mais les difficultés s’accumulent : Oscar Pistorius court maintenant le danger de se voir aussi exclu des Jeux paralympiques en raison des ses performantes prothèses.

Plus d’infos

Le site de la Fédération internationale d’athlétisme (lire)