Cyclisme

Tour de France : Astana vista, Contador…

par David Kalfa (avec AFP)

Article publié le 14/02/2008 Dernière mise à jour le 15/02/2008 à 14:13 TU

Alberto Contador apprend qu'il ne pourra pas défendre son titre.
(Photo : Reuters)

Le groupe Amaury Sport Organisation (ASO) a confirmé la non-invitation d’Astana. Conséquence : le leader de l’équipe cycliste kazakhe, l’Espagnol Alberto Contador, ne prendra pas le départ du prochain Tour de France. Vainqueur de l’édition 2007, Contador paie le climat de suspicion qui entoure désormais une équipe marquée par les affaires de dopages. Mais les critiques se multiplient déjà contre la sévérité à géométrie variable d’ASO…

Christian Prudhomme, le Directeur du Tour de France a tranché dans le vif, hier, en refusant d'inviter Astana du départ de la prochaine Grande Boucle. Le but de la manœuvre : protéger l’épreuve d’une nouvelle affaire de dopage dont la sulfureuse équipe kazakhe est coutumière. « Déjà, en 2007, on nous a expliqué qu'il y avait une nouvelle équipe, un nouvel encadrement, que tout était nouveau, souligne Christian Prudhomme. On leur a fait confiance, on les a invités sur le Tour. Cette année, on nous redit la même chose que l'année dernière : "On n'a rien à voir avec le passé." Ce qui est vrai... Sauf que l'on ne peut pas solder le passé comme cela… »

Toute la rage d'Alberto Contador lors de la Semaine de Majorque.
(Photo : Reuters)

Contador, à nouveau privé du Tour
Cette décision fait une victime : Alberto Contador. Le jeune espagnol (25 ans), vainqueur de la précédente édition, mais suspendu en 2006, ne pourra pas défendre son titre. Contador dont l’équipe, Discovery Channel (DC) a disparu fin 2007, a rejoint Astana en compagnie de son manager chez DC, Johan Bruyneel. La décision écarte aussi deux autres candidats potentiels au maillot jaune, les coéquipiers de Contador : l'Américain Levi Leipheimer (3^ème en 2007) et l'Allemand Andreas Klöden (3^ème en 2006).

Principe de précaution
Ces derniers voulaient racheter une respectabilité à la formation financée par un groupement de compagnies pétrolières kazakhes. Johan Bruyneel aurait même lancé un ambitieux programme de lutte contre le dopage. « Si ça marche, on les reverra dans nos épreuves un peu plus tard », glisse Christian Prudhomme. Mais Astana a trop été au cœur de multiples affaires de dopage pour échapper au couperet d’Amaury Sport Organisation qui gère le Tour. Ainsi, lors de l’édition 2007, le leader de la formation, le Kazakh Alexandre Vinokourov avait été contrôlé positif et son équipe avait été forcée de quitter la compétition.

« Où est la logique ? »
A l’annonce (attendue) de la sanction, Alberto Contador a fondu en larmes. A l’issue de la 4^ème étape de la Semaine de Majorque, passé l’émotion, l’Espagnol est revenu sur cette exclusion : « Je pense qu’on méritait d’être au Tour. Mais nous ne pouvons plus rien faire maintenant. Le Tour a toujours été un rêve pour moi et j’espère le recourir un jour. »
Une sortie pleine de calme donc, Bruyneel se chargeant d’égratigner les organisateurs de la Grande Boucle : « Comme c'est étrange ! ASO ne nous invite pas à cause du passé de l'équipe qui portait ce nom. Beaucoup d'autres équipes, avec un passé suspicieux comparable et qui n'ont même pas changé de management ou de structure, peuvent participer sans problème. Où est la logique ? »

Un parfum sulfureux
Le secrétaire d'Etat d'espagnol aux Sports, Jaime Lissavetzky n'en voit aucune : « On ne peut pas priver un champion tel qu'Alberto de son droit à défendre son titre... » Rappellons tout de même que Contador a été cité dans le cadre de la tristement célèbre affaire de dopage Puerto, qu'il est déjà exclu du prochain Giro et que plus que jamais, la Grande Boucle est condamnée à faire le ménage si elle veut sauver sa crédibilité. Quitte à ce que ce soit un nettoyage par le vide...