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Football

L’histoire de l’Euro (1960-1980)

par Marc Verney

Article publié le 10/04/2008 Dernière mise à jour le 11/04/2008 à 16:29 TU

10 juillet 1960: finale de la première Coupe d'Europe des nations à Paris. Les Soviétiques l’emportent devant les Yougoslaves par 2 à 1 après prolongations. (Photo : AFP)

10 juillet 1960: finale de la première Coupe d'Europe des nations à Paris. Les Soviétiques l’emportent devant les Yougoslaves par 2 à 1 après prolongations.
(Photo : AFP)

C’est le troisième événement sportif le plus universel avec les Jeux olympiques et la Coupe du monde de foot… En Europe et ailleurs, l’Euro déchaîne les passions. Voici la première partie (1960-1980) de l’historique de cette compétition dont la 13e édition se tient cette année du 7 au 29 juin en Suisse et en Autriche.

C'est en juin 1958 que l'Union européenne de football association (UEFA), réunie à Stockholm crée une nouvelle compétition sous le nom de Coupe d'Europe des nations. Issue d’une réflexion lancée plusieurs années auparavant sous l’impulsion du Français Henri Delaunay (décédé en novembre 1955), la compétition est censée voir s’opposer les meilleures équipes du continent.
Le trophée, qui pèse huit kilos pour 50 cm de hauteur a été créé par Arthur Bertrand à Paris en 1960. Il est en argent, pour une valeur estimée aujourd'hui à 22 500 euros.

France 1960 : un échec sportif pour débuter
Dix-sept équipes seulement se lancent dans les qualifications pour la première Coupe d’Europe des nations qui suivent le principe des matchs aller et retour. Outre le forfait italien, plusieurs équipes représentées à l’UEFA, dont l’Allemagne de l’Ouest, l’Angleterre ou encore la Belgique et les Pays-Bas votent contre le projet porté par Pierre Delaunay (le fils d’Henri) et ne participent pas à la compétition. .Quatre équipes se retrouvent finalement dans l’Hexagone pour la phase finale du 6 au 10 juillet : France, Yougoslavie, Tchécoslovaquie et URSS.
En demi-finales, la France perd un incroyable match face à la Yougoslavie par 4 à 5 (les Bleus menaient 4 à 2 à un quart d’heure de la fin !) et l’URSS domine la Tchécoslovaquie par 3 à 0. La finale du 10 juillet oppose l’URSS à la Yougoslavie. Ce sont les Soviétiques, emmenés par leur formidable gardien de but Yachine qui l’emportent par 2 à 1 après prolongations devant à peine 18 000 spectateurs au Parc des Princes de Paris. Buts: Milan Galic pour les Yougoslaves à la 41e minute, Metreveli (49e) et Ponedelnik (113e) pour l’Union soviétique. Dans la petite finale, les Français s’inclinent devant les Tchèques (2 à 0).

Nombre de buts marqués en phase finale : 17.
Meilleure attaque : Yougoslavie (6 buts).
Meilleurs buteurs : François Heutte (France), Valentin Ivanov (URSS), Viktor Ponedelnik (URSS), Milan Galic (Yougoslavie), Drazan Jerkovic  (Yougoslavie) 2 réalisations.
A noter : il y eut dans cette compétition un quart de finale très controversé entre l’Espagne et l’URSS, remporté par les Soviétiques sur le tapis vert à la suite du refus des Espagnols franquistes d’aller jouer chez leurs adversaires. Enfin, avec neuf buts marqués, la demi-finale France-Yougoslavie du mercredi 6 juillet est encore à ce jour le match le plus prolifique de la compétition européenne.

Espagne 1964 : sous les yeux de Franco
Vingt-huit pays (sauf l’Allemagne de l’Ouest) acceptent de jouer les qualifications de l’édition 1964. Avec à la clé quelques surprises : comme l’éviction de l’équipe des Pays-Bas par le modeste Luxembourg… La joute politique y a aussi parfois pris le pas sur le sport puisque la Grèce a refusé d'affronter l'Albanie avec qui elle était officiellement en guerre.
La phase finale se déroule du 17 au 21 juin en Espagne. Les quatre nations qui s’y opposent sont le Danemark, l’URSS, l’Espagne et la Hongrie. Au cours des demi-finales, l’URSS bat les Danois 3 à 0 et l’Espagne se défait des Hongrois par 2 à 1. La finale oppose donc l’Espagne aux Soviétiques au stade Santiago-Bernabeu de Madrid, devant plus de 125 000 spectateurs, dont le dictateur Franco. Les joueurs espagnols l’emportent 2 buts à 1 et arrachent le trophée aux Soviétiques. Dans la petite finale, les Hongrois gagnent 3 à 1 face aux Danois.

Nombre de buts marqués en phase finale : 13.
Meilleures attaques : URSS, Hongrie, Espagne avec 4 buts.
Meilleurs buteurs : Jesus Maria Pereda (Espagne), Ferenc Bene (Hongrie), Dezso Novak (Hongrie) 2 réalisations.

Italie 1968 : deux finales pour le prix d’une
L’édition italienne reçoit un nouveau nom de baptême : voici désormais le Championnat d’Europe des nations. Le format de l’épreuve évolue lui aussi. C’est la première fois que l’on retrouve quasiment l’ensemble des nations du football européen, soit 31 équipes réunies dans une vaste compétition. Huit groupes sont organisés, le vainqueur de chacune de ces poules se hissant en quarts de finale pour ensuite y déterminer le dernier carré. Angleterre, Yougoslavie, Italie et URSS gagnent le droit d’aller s’affronter dans la Botte du 5 au 10 juin 1968. Si, à Naples, les Italiens se sortent péniblement de leur demi-finale en éliminant l’URSS au tirage au sort, les Yougoslaves, à Florence, battent l’Angleterre sur le terrain par 1 à 0 (Dzajic à la 86e minute).
En finale, au Stade olympique de Rome, l’Italie fait match nul (1-1 à la fin du temps réglementaire) avec les Yougoslaves. Il faut donc rejouer la partie. A l’occasion de ce nouveau choc, la squadra azzura se libère avec 2 réalisations (Riva à la 11e puis Anastasi à la 31e minute) et emporte le sacre 1968 face à la Yougoslavie après un parcours extraordinairement difficile… Dans la petite finale, c’est l’Angleterre qui défait l’URSS par 2 à 0.

Nombre de buts marqués en phase finale : 7.
Meilleure attaque : Italie (3 buts).
Meilleur buteur : Dragan Dzajic (Yougoslavie) 2 réalisations.

Belgique 1972 : première pour l’Allemagne de l’Ouest
Trente-deux pays s’opposent lors des phases éliminatoires de l’Euro 72, bâti exactement sur le même schéma que son prédécesseur italien. Petite révolution : le remplacement des joueurs pendant le jeu est autorisé. La phase finale voit s’opposer du 14 au 18 juin la Belgique (vainqueur des Italiens en quarts), l’Allemagne de l’Ouest, la Hongrie et l’URSS. En demi-finale, les Allemands de l’Ouest battent la Belgique 2 à 1 (deux buts de Müller) et l’URSS s’impose devant les Hongrois par 1 but à 0. Mais les Belges ne ratent pas totalement leur compétition ; à Liège, la Belgique prend la troisième place de l’Euro 72 en gagnant contre la Hongrie par 2 à1. La finale oppose donc l’Allemagne de l’Ouest aux Soviétiques qui subissent à leur tour la loi de « l’artilleur » Gerd Müller (2 buts, 27e et 58e), Hans Wimmer s’intercalant à la 52e. Score définitif : 3 à 0 pour les Allemands de l’Ouest qui empochent leur premier titre.

Nombre de buts marqués en phase finale : 10.
Meilleure attaque : République fédérale d’Allemagne (5 buts).
Meilleur buteur : Gerd Müller (Allemagne) 4 réalisations.

Yougoslavie 1976 : au bout des prolongations
C’est le dernier Championnat d’Europe des nations organisé autour d’une phase finale ne regroupant que quatre équipes. Le tournoi terminal de cette cinquième édition (16-20 juin) oppose la Tchécoslovaquie, les Pays-Bas, l’Allemagne de l’Ouest et la Yougoslavie. La première demi-finale se tient au stade Maksimir de Zagreb. Elle oppose les Pays-Bas à la Tchécoslovaquie qui l’emporte finalement 3 à 1 après prolongations. La deuxième se tient à Belgrade. Là encore, des prolongations ouvrent aux Allemands la voie de la finale (4-2 devant les Yougoslaves, dont trois buts de Dieter Müller). La finale, haletante, met aux prises les Allemands de Franz Beckenbauer aux Tchécoslovaques qui marquent le but le plus rapide de cet Euro avec Svehlik dès la huitième minute. Mais, au bout du temps réglementaire, tout comme à la fin des prolongations, le score reste bloqué à deux partout (Svehlik 8e, Dobias 25e contre Dieter Müller 28e et Hölzenbein 89e pour les Allemands). Il faut donc recourir aux tirs aux buts, un finish qui n’avait encore jamais été expérimenté à ce niveau de la compétition. A ce jeu, ce sont les joueurs tchèques qui ne craquent pas et qui l’emportent par 5 tirs à 3 (Uli Hoeness rate pour la RFA). Cette séance de tirs aux buts est doublement historique : l’auteur du tir victorieux après le raté de Hoeness, le Tchèque Antonin Panenka va taper tout en douceur son penalty. Avec un ballon centré et en cloche qui prend complètement à contrepied le gardien de la Mannschaft Sepp Maier, qui s’attendait à un tir violent. Un geste technique époustouflant, qui, depuis, porte le nom de son premier auteur…

Nombre de buts marqués en phase finale : 19.
Meilleure attaque : République fédérale d’Allemagne (6 buts).
Meilleur buteur : Dieter Müller (Allemagne) 4 réalisations.

Italie 1980 : le grand changement
Le format de la phase finale (11-22 juin) est profondément modifié. Le pays hôte est désormais automatiquement qualifié pour la phase finale. Huit équipes sont autorisées à y participer. Les pays sont répartis en deux poules de quatre et c’est le vainqueur de chacune de ces poules qui obtient sa qualification pour la finale. .

Voici les résultats des six matchs de chaque groupe :
A
RFA-Tchécoslovaquie (1-0), Grèce-Pays-Bas (0-1), Grèce- Tchécoslovaquie (1-3), Pays-Bas-RFA (2-3), Pays-Bas-Tchécoslovaquie (1-1), Grèce-RFA (0-0).
B
Angleterre-Belgique (1-1), Espagne-Italie (0-0), Angleterre-Italie (0-1), Belgique-Espagne (2-1), Angleterre-Espagne (2-1), Belgique-Italie (0-0).

L’Allemagne de l’Ouest (RFA) et la Belgique sortent vainqueurs de ces matchs de poule. La finale entre ces deux nations, jouée au Stade olympique de Rome, voit une nouvelle victoire de l’équipe d’Allemagne grâce à deux buts de Horst Hrubesch contre un seul de René Vandereycken sur penalty. Le match pour la troisième place (qui se joue pour la dernière fois) oppose l’Italie à la Tchécoslovaquie. Les Tchèques l’emportent aux tirs aux buts.

Nombre de buts en phase finale : 27.
Meilleure attaque : République fédérale d’Allemagne (6 buts).
Meilleur buteur : Klaus Allofs (Allemagne) 3 réalisations.

Voir la période 1984 à 2004 (lire)

Plus d’informations

Le site internet de l’UEFA (lire)