Triathlon

Les «hommes de fer» rêvent de médailles olympiques

par Marc Verney

Article publié le 16/05/2008 Dernière mise à jour le 16/05/2008 à 09:00 TU

Frédéric Belaubre et Tony Moulai, de l'équipe de France de Triathlon.
(Photo : Deketelaere-Triathlète Magazine)

Avec la victoire pour Frédéric Belaubre, la deuxième place de Tony Moulai et une cinquième position pour Stéphane Poulat, l’Euro 2008 de triathlon sur distance olympique à Lisbonne s’est déroulé de manière favorable pour l’équipe de France masculine de la spécialité. Du coup, les « humains de fer » tricolores peuvent envisager de bons Jeux olympiques à Pékin en août. Mais il faudra pour cela qualifier un maximum d’athlètes et passer le cap des Mondiaux, le 8 juin à Vancouver. Interview avec le champion d’Europe 2008 et entretien avec Philippe Fattori, l’entraîneur des Bleus sur la préparation des triathlètes.

C’est Philippe Lescure, le président de la Fédération française de triathlon qui le dit tout haut devant la presse, ce 15 mai : « cette saison olympique est capitale. Notre ambition est de revenir médaillés des Jeux de Pékin en août prochain ». Une ambition confortée par la bonne prestation des Bleus aux derniers championnats d’Europe de Lisbonne, le 10 mai dernier. L'équipe de france a en effet raflé trois titres individuels sur quatre: un dans l'élite, deux chez les juniors.

Chez les hommes en effet, c’est le charismatique Frédéric Belaubre, 28 ans, cinquième aux JO d’Athènes (Beauvais Tri) qui l’a emporté devant un autre Français, Tony Moulai, 32 ans (Poissy Tri), Stéphane Poulat (Beauvais Tri) finissant pour sa part à la cinquième place. Les résultats sont cependant un peu plus en retrait chez les féminines, Jessica Harrison (Poissy Tri), 31 ans, termine la compétition à la neuvième place.

Objectif Pékin

Triathlon féminin: départ d'une épreuve de natation.
(Photo : Deketelaere-Triathlète Magazine)

La sélection des champions pour Pékin a commencé il y a deux ans déjà, comptabilisant au niveau de chaque concurrent les six meilleurs résultats 2006 et les neuf meilleures performances de 2007. Le classement mondial du troisième athlète de chaque nation déterminera le nombre de sportifs autorisés à disputer l’épreuve olympique.

Le groupe olympique hexagonal des garçons (3^e au classement mondial) compte actuellement six sportifs (Frédéric Belaubre, Cédric Fleureton, Tony Moulai, Samuel Pierreclaud, Stéphane Poulat et Laurent Vidal). Trois triathloniennes composent l’équipe de France féminine (8^e au classement mondial) : Jessica Harrison, Marion Lorblanchet et Carole Péon. Pour le tout nouveau champion d’Europe 2008, Stéphane Belaubre, les Jeux sont désormais « l’objectif principal ».

Frédéric Belaubre répond aux questions de Christophe Diremszian (RFI).
(Photo: MV/RFI)

Philippe Fattori : « On connaît bien le site des Jeux »

La mise à niveau des sportifs pour les Jeux 2008 ne commencera réellement qu’après les Mondiaux de Vancouver, le 8 juin. C’est ce que nous a indiqué Philippe Fattori, l’entraîneur de l’équipe de France, qui décrit la préparation physique de ses protégés (moyenne d’âge de trente ans). Pour lui, les Français seront en pays de connaissance. RFI : Comment va se dérouler la préparation aux Jeux ? Philippe Fattori : Après les Mondiaux de Vancouver, on va laisser la place aux préparations individualisées en altitude (*). Puis tout le monde se regroupe à Hagetmau dans les Landes pour des tests d’évaluation des athlètes sur les trois disciplines (natation, vélo, course à pied). On va de nouveau programmer un retour en altitude pour certains athlètes, à Font-Romeu (Pyrénées) ou Prémanon (Jura). Un dernier regroupement s’opérera fin juillet avant le départ pour les jeux le 6 août. A Pékin, la compétition de triathlon est prévue les 18 et 19 août. RFI : Les triathloniens ont-ils, tout comme les marathoniens à craindre la pollution de l’air en Chine ? PF : Pékin, c’est un site que l’on connait bien pour y avoir couru trois coupes du monde, en 2005, 2006 et 2007. Puisque le stade de triathlon se trouve à environ une quarantaine de kilomètres du centre-ville, un peu en altitude, près d’un réservoir d’eau qui alimente la cité en eau potable, nous sommes relativement à l’abri des problèmes de pollution de la ville elle-même. Cependant, les précédentes courses de coupe du monde ayant été courues en septembre, nous ne connaissons pas les conditions de température et d’hygrométrie qui sont celles du mois d’août dans cette partie du pays. RFI : Il a été question d’une « chambre climatique » qui sera utilisée pour l’entraînement des sportifs... PF : Vous le voyez bien, un des paramètres essentiels de la compétition sera les conditions climatiques. On s’attend à avoir sur place des températures de 35° et 85% d’humidité dans l’air. Ce sont les conditions les plus terribles pour un sport comme le triathlon. C’est pour cela que nous allons très tôt sur le site pékinois et que nous disposons, dès à présent à l’hôpital militaire de Toulon d’une « chambre climatique » qui peut récréer à volonté ces conditions météo bien spéciales. Les sportifs qui s’y installeront pourront également y tester un nouveau système de gilets réfrigérants capables de faire redescendre rapidement leur température corporelle avant et après l’effort. (*) L'altitude accroit le nombre de globules rouges dans le sang. Ce qui permet une meilleure oxygénation du corps.

Le triathlon en quelques mots

Les athlètes qui pratiquent ce sport enchaînent trois disciplines : natation, cyclisme et course à pied. Les distances peuvent varier selon les épreuves : le triathlon olympique, par exemple, se parcourt actuellement sur 1 500 m en natation, 40 km à vélo et 10 km en course à pied.
C’est en France au début du XXe siècle qu’ont lieu les premières courses. Baptisées « trois sports », elles ont lieu les dimanches d’été sur les bords de Marne. Le canotage y remplace souvent l’épreuve de natation.
Cinquante and plus tard, le triathlon moderne fait son apparition à Fiesta Island non loin de San Diego en Californie. Trois courses s’enchaînent : 450 mètres en natation, 8 km à vélo et 8 km en course à pieds. Un succès : la culture de l’effort plaît en Californie, patrie du fitness et de la forme. Deux ans plus tard, à Hawaii, une nouvelle compétition enchaîne trois épreuves parmi les plus dures de l’île : la « Waikiki Rough Water Swim » (3,9 km de natation), « l'Around Oahu Bike Race » (179 km de vélo), et le marathon d'Honolulu (42,195 km de course à pied). Quinze concurrents s’inscrivent pour ce challenge, baptisé « Ironman ». Ils seront douze à l’arrivée de l’épreuve, remportée par un certain Gordon Haller. Le triathlon de compétition est né.
La discipline a commencé à conquérir l’Europe au début des années 80 ; tout d’abord les pays nordiques en 1981, puis la France, avec notamment la médiatisation du triathlon de Nice en 1982. La discipline intègre les Jeux olympiques en 2000 à Sydney. En France, elle compte en 2008 plus de 25 000 licenciés.

Voir des compétitions en France

Les étapes du Grand Prix FFTri-Lyonnaise des Eaux 2008 : 18 mai, triathlon de Dunkerque, 22 juin, triathlon de Paris, 6 septembre, triathlon de Bordeaux, 20 septembre, triathlon de la Baule.

Plus d’informations

Le site de la Fédération française de triathlon (lire)