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Football

12 juillet 1998, le triomphe et la polémique

par Jean-François Pérès

Article publié le 10/07/2008 Dernière mise à jour le 11/07/2008 à 13:52 TU

Dix ans après la victoire de la France sur le Brésil en finale de la Coupe du monde (3-0) et à la veille d’un match de gala au Stade de France entre les Bleus de 1998 et une sélection mondiale, un ouvrage revient sur le conflit qui avait opposé Aimé Jacquet, alors sélectionneur de l’équipe de France, au quotidien sportif L’Equipe, qui ne l’avait pas ménagé. «Je ne pardonnerai jamais», s’était exclamé le technicien dix minutes après le sacre.

C’est Vincent Duluc, l’une des plumes les plus sûres de L’Equipe, membre de la rubrique football depuis 1995 et aujourd’hui leader de cette dernière, qui signe cette « Affaire Jacquet » (éditions Prolongations). Gêne : le fait que ce soit justement un journaliste du quotidien sportif qui se charge de déterrer un dossier que le grand public avait oublié, le résultat final ayant inexorablement occulté tout ce qui l’avait entouré. Juge et partie ?

Oui et non, comme on s'en apercevra à l'écoute de l'entretien qu'il a donné à RFI. D’un côté, Duluc, qui suit l’équipe de France depuis 1996, dédouane assez largement la responsabilité du journal, même s’il estime que L’Equipe n’avait pas senti à l’époque « l’élan populaire » qui allait porter les Bleus au sommet. De l’autre, il n’engage pas le quotidien par ses écrits et ses prises de position. La preuve, chaque haut de page gauche est barré d’un énigmatique « Aimé Jacquet et moi ». Un joueur et un homme qu’il a manifestement appréciés, même s’il confie : « Après la Coupe du monde, je n’ai plus jamais dit bonjour à Jacquet. Lui non plus, c’est vrai. »     

Contre la meute des « suiveurs »  

Alors, « l’Affaire Jacquet », c’est quoi ? C’est l’histoire d’un crescendo de défiance réciproque. L’Equipe, référence première dans le monde du sport hexagonal, ne cache pas ses réticences à l’approche de la Coupe du monde 1998, organisée en France, écrivant notamment qu’Aimé Jacquet « n’est pas l’homme de la situation ». Ce dernier se cabre, d’autant que les résultats des matchs de préparation sont franchement préoccupants.

Les succès aidant, la revanche du technicien est sonore. Sa rancœur aussi. Deux personnalités de L’Equipe, Jérôme Bureau et Gérard Ejnès, y laissent leur place dans un lynchage médiatique où, pour une fois... c’est un média qui trinque.  

Vincent Duluc

Journaliste à L'Equipe, auteur de «L'Affaire Jacquet»

«Quand on voit ce que Domenech a subi pendant l'Euro, ce qu'on a fait à Aimé Jacquet en 1998, c'était "L'Ecole des fans" !»

écouter 07 min 04 sec

10/07/2008 par Christophe Diremszian


Ce que dénonce Duluc dans cet essai court et vigoureux, ce n’est pas tant le comportement du sélectionneur que la meute des « suiveurs » qui ont volé au secours de la victoire le 12 juillet et orchestré la curée.

"L'affaire Jacquet" vue par "L'Equipe".(Visuel : Editions prolongations)

"L'affaire Jacquet" vue par "L'Equipe".
(Visuel : Editions prolongations)

Au premier rang de ceux-ci, les médias généralistes, forcément du côté des couronnés. Mais aussi le monde du show-biz, et, suprême ironie, la chaîne Canal +, celle qui se moquait tous les soirs de l’accent forézien de Jacquet et de ses fautes de français. Celle où le technicien trouvera plus tard un confortable refuge de consultant…   

« Personne n’a pu continuer de travailler dans ce journal comme si l’affaire n’avait pas existé », conclut l’auteur. Qui défend le droit à la critique des journalistes sportifs (au risque de se tromper) et affirme qu’aujourd’hui, avec la multiplication des débats interactifs, Jacquet aurait eu beaucoup de mal à supporter ce que Raymond Domenech a enduré depuis l’Euro. Non sans raison d’ailleurs.