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J.O. - Athlétisme

El Guerrouj : «Je voulais marquer l’histoire»

par Jean-François Pérès

Article publié le 18/07/2008 Dernière mise à jour le 07/08/2008 à 11:47 TU

Hicham El Guerrouj à Paris, le 17 juillet 2008.

Hicham El Guerrouj à Paris, le 17 juillet 2008.

Deux ans déjà que le légendaire athlète marocain a raccroché les pointes. Champion olympique du 1500m et du 5000m à Athènes, quadruple champion du monde du 1500m, distance dont il détient le record mondial (3 minutes et 26 secondes), Hicham El Guerrouj, 33 ans, était à Paris pour souffler les dix bougies du meeting Gaz de France. L’occasion d’ouvrir pour RFI l’album-souvenir, de parler des Jeux de Pékin et de ses nouvelles fonctions d’organisateur de la réunion de Tanger, dont il souhaite faire un événement majeur.

Que signifie pour vous le fait de retrouver le Stade de France à l’occasion du dixième anniversaire de la réunion de Paris-Saint-Denis ?

J’ai vécu dans ce stade des moments extraordinaires. En 2001 et 2002, j’y ai remporté le 1500m en Golden League. En 2003, j’y ai été sacré champion du monde pour la quatrième fois. Ce sont des souvenirs inoubliables, des émotions fantastiques.

Hicham El Guerrouj

écouter 05 min 44 sec

18/07/2008 par Christophe Diremszian

 

Quatre ans après votre doublé d’Athènes sur 1500m et 5000m, le seul du genre depuis celui de Nurmi en 1924, quelles impressions conservez-vous ?

Ca passe très vite ! Les meilleures sensations, je les ai ressenties durant la finale du 1500m, pleine de stress et de magie. Après mes deux échecs d’Atlanta et de Sydney, tout le monde attendait cette course avec impatience. Il fallait absolument que je gagne ce titre olympique. Je voulais marquer l’histoire sur cette distance. Et puis j’ai réalisé ce formidable doublé. Athènes, c’est là où j’ai commencé (il y remporta son premier titre mondial en 1997) et là où j’ai terminé. C’est aussi simple que ça.

A quoi avez-vous pensé après la course ?

A ma chute lors de la finale d’Atlanta, à ma défaite quatre ans plus tard à Sydney. Pour un athlète qui a beaucoup travaillé pour être champion olympique, c’était deux grosses déceptions. Il fallait les effacer. Tout de suite après, j’ai ressenti un grand bonheur. 

« Je ne regrette qu’une chose : ne pas avoir suffisamment couru le 5000m »   

Regrettez-vous d’avoir mis un terme à votre carrière en 2006 ?  

Après Athènes, je ne savais plus s’il fallait arrêter ou continuer. Je suis allé en altitude, puis aux Etats-Unis, mais c’était difficile, je n’avais plus envie de courir, de suivre le même rythme d’entrainement avec le même sérieux. Avec le recul, je ne regrette rien. Sauf une chose : ne pas avoir suffisamment couru le 5000m durant ma carrière. Je ne me suis pas concentré sur cette distance, je n’ai pas cherché mes limites.

Pouvez-vous nous parler de vos nouvelles fonctions d’organisateur du meeting de Tanger, chez vous au Maroc ?  

Après vingt ans de vie d’athlète, j’ai décidé de m’investir dans le sport, un domaine qui m’a ouvert beaucoup de portes. J’ai l’envie d’organiser un événement, de donner la possibilité aux Marocains de courir devant leur public et d’élargir la pratique de l’athlétisme dans une région, le nord du pays, où elle est encore très faible. Il faut la développer. Vous savez, c’est très difficile d’organiser un meeting. Quand j’étais athlète, je me préoccupais simplement de ma chambre à l’hôtel et de ma compétition. L’organisation d’une plateforme comme celle d’un meeting, c’est de l’art, c’est comme l’opéra… Il faut connaitre tous les petits détails pour réussir. Je remercie d’ailleurs Gérard Rousselle, l’organisateur de Paris-Saint-Denis, pour son aide précieuse. J’ai une vision très ambitieuse pour la réunion de Tanger. Je veux en faire une des plus grandes de la planète, et pourquoi une « Golden League ». Cette année, c’était bien pour un début. Le stade était plein, les athlètes contents. Et l’année prochaine, ce sera encore mieux.

Comment attirer les meilleurs avec un calendrier aussi compact ?

C’est serré, mais on trouvera des arrangements. L’objectif, c’est de donner la chance à tous les athlètes, même les petits, de se faire une place honorable dans le calendrier. J’ai autour de moi des partenaires, des médias, et la fédération nous aide pour tout ce qui est technique. 120 personnes en tout nous ont été détachées pour le meeting.

« Baala fait partie des favoris, il doit tenter sa chance »

Etes-vous aujourd’hui conscient de l’impact de votre image, du fait que vous puissiez soulever des montagnes rien qu’en prononçant votre nom ?

Je suis conscient de mon image et de mon influence. Je veux faire avancer les choses, apporter ma pierre à l’édifice. Tout le monde à Tanger est derrière moi. L’année prochaine, ils vont tout changer : la mairie nous offre une nouvelle piste, un nouvel éclairage. Je voudrais dire aussi que j’ai adoré voir dans les tribunes des familles, des femmes voilées, des gens simples. Ils étaient heureux de voir le spectacle, regarder les artistes de la piste. C’est pour eux aussi que je suis très ambitieux pour le meeting, même s’il y a encore beaucoup de travail. 

Vous serez à Pékin pour les Jeux Olympiques en tant que consultant. Comment voyez-vous le 1500m ?

Déjà, aucun athlète ne fait vraiment peur. Ils ont tous un niveau très proche. La finale sera ouverte, tactique, pas très rapide. C’est celui qui aura le plus d’intelligence, qui saura le mieux se placer qui deviendra champion olympique.

Donnez-vous des chances au Français Mehdi Baala ?

Il fait partie des favoris. Il doit tenter sa chance. Ce sont ses troisièmes Jeux, il ne faut pas qu’il se rate, les jeunes poussent derrière... Il devra gérer les derniers jours calmement, zen. S’il y arrive, il a toutes ses chances.

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