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Football - Eliminatoires Mondial 2010

A Vienne, le Danube est-il toujours Bleu ?

par Jean-François Pérès

Article publié le 05/09/2008 Dernière mise à jour le 05/09/2008 à 15:50 TU

Henry (g), Benzema (c), Nasri (d) : trois des atouts offensifs français pour éviter le piège autrichien. (Photo : Reuters)

Henry (g), Benzema (c), Nasri (d) : trois des atouts offensifs français pour éviter le piège autrichien.
(Photo : Reuters)

La capitale autrichienne a souvent réussi à l’équipe de France par le passé (une seule défaite depuis 1946). Deux mois et demi après le terrible échec de l’Euro, les Bleus doivent entamer les éliminatoires de la Coupe du monde du bon pied. «Nous sommes favoris», clame Jérémy Toulalan. A vérifier sur le terrain face à un autre grand accidenté du mois de juin…

La boutade fait florès ces derniers jours dans l’Hexagone. « Les Bleus vont enfin jouer à Vienne ! Le problème, c’est qu’ils ont deux mois de retard... »

C’est en effet dans la capitale autrichienne que s’était conclu, fin juin, le championnat d’Europe des nations 2008 sur la victoire de l’Espagne face à l’Allemagne (1-0). Cela faisait déjà deux bonnes semaines que Français et Autrichiens étaient en vacances, piteusement éliminés dès le premier tour avec, pour tout bilan, un point et un but en trois matchs.

Dans la foulée de ce revers retentissant (la France était favorite et l’Autriche organisait la compétition avec la Suisse), le sélectionneur autrichien Josef Hickersberger avait présenté sa démission. Le vétéran tchèque Karel Bruckner, père spirituel de la génération des Nedved, Rosicky et autre Köller, lui a succédé.

Côté français, on sait ce qu’il advint : contre toute attente, Raymond Domenech sauva sa tête en concédant quelques retouches cosmétiques, parmi lesquelles l’arrivée d’un nouvel adjoint, le champion du monde 1998 Alain Boghossian.

Il se murmure néanmoins avec insistance que le débonnaire président de la Fédération française de football, Jean-Pierre Escalettes, aurait placé sur la tête du patron des Bleus une lourde épée de Damoclès. Cinq points lors des trois premiers matchs de ces éliminatoires sinon rien, ou plutôt la porte.

Comme une atmosphère de fin de règne…

Les successeurs potentiels sont déjà connus : Didier Deschamps et Alain Boghossian figurent en tête d’une liste qui contient également les noms de Gérard Houllier, ancien sélectionneur et actuel Directeur technique national, Arsène Wenger, Jean Tigana, etc.

Les supputations et les pronostics vont bon train ; et, de fait, sur fond de sondages d’opinion sans pitié, une atmosphère étrange entoure ce premier rendez-vous, qui tient plus de la fin annoncée d’un règne que du début d’une nouvelle aventure. Domenech sera-t-il remercié au soir de Roumanie-France, le 11 octobre à Constanta, sur les bords de la Mer Noire ?

Toujours aussi fuyant, ironique voire désobligeant vis-à-vis de cette presse qu’il adore détester (« Séduire les journalistes ? C’est déjà fait, j’en ai une à la maison », a-t-il lamentablement lâché cette semaine, en référence à sa compagne), le finaliste du Mondial 2006 ne semble pas le moins du monde ébranlé par ces interrogations, ni par les tempêtes médiatiques qu’il déclenche plus ou moins malgré lui.

Raymond Domenech

Sélectionneur de l'équipe de France de football

"Les Autrichiens ? Des combattants"


Et que ceux qui s’avisent d’émettre des avis discordants y réfléchissent à deux fois : Florent Malouda, qui a accordé une solide et passionnante interview à L’Equipe mercredi, s’est immédiatement retrouvé dans la peau (et la chasuble) d’un remplaçant quasi-certain. Sans que l’on sache, bien évidemment, s’il y avait un lien de cause à effet…         

Mandanda s’installe dans les buts

Pour lancer cette campagne sud-africaine qui verra les Bleus affronter également la Roumanie, la Serbie, la Lituanie et les Iles Féroé, le sélectionneur a reconduit les vainqueurs du mois d’août en Suède (2-3). En l’absence de Patrick Vieira, toujours blessé, de Franck Ribéry, qui vient de reprendre l’entraînement, et de Claude Makelele, dont le compteur de sélections devrait définitivement rester bloqué à 71, le milieu de terrain sera revu de fond en comble par rapport au premier semestre 2008.

Parmi les pistes explorées, un duo de récupérateurs Toulalan-Lassana Diarra, une titularisation côté gauche du droitier Samir Nasri, l’objectif étant, avec l’indéboulonnable Govou côté droit, d’alimenter en munitions la paire Benzema-Henry en attaque, dont Domenech semble faire son miel au détriment d’Anelka, pourtant excellent depuis le début de la saison à Chelsea.

Steve Mandanda, nouveau gardien des Bleus.  (Photo : Reuters)

Steve Mandanda, nouveau gardien des Bleus.
(Photo : Reuters)

Derrière, l’heure de Steve Mandanda semble avoir sonné, et pour longtemps : décisif en Suède pour son premier grand test, le formidable gardien de l’OM, 23 ans et une seule saison de L1 derrière lui, impressionne déjà par sa maîtrise technique et son sang-froid. Devant lui, on devrait retrouver Mexès et Gallas dans l’axe, Sagna et Evra sur les côtés, comme en Suède.

Une victoire en dix matchs pour les Autrichiens…

Au coup d’envoi, ils ne devraient être que trois (Mexès, L. Diarra et Nasri) titulaires rescapés du dernier France-Autriche, en mars 2007 au Stade de France (1-0). C’est dire l’instabilité qui prévaut ces derniers temps chez les Bleus, en attendant l’avènement de cette génération dorée mais pas franchement précoce…

Problème de riches, diront les Autrichiens, qui pointent au-delà de la 100e place au classement de la FIFA et n’ont remporté qu’une seule victoire lors de leurs dix dernières sorties. Contre Malte (5-1). Aussi généreux que limités durant l’Euro, particulièrement sur le plan offensif, les laborieux héritiers de la « Wunderteam » -dont la relève a tout de même pris la quatrième place du dernier championnat du monde juniors- ne semblent pas en mesure d'annihiler la force de frappe française. La contrarier, en revanche, c’est fort possible… 

Bacary Sagna

Défenseur français

"Les Autrichiens restent sur des performances médiocres ? Raison de plus pour s'en méfier..."

écouter 00 min 48 sec

05/09/2008 par Eric Mamruth


Or cette nuance pourrait avoir une incidence décisive sur le sort du match. Et, à court terme, d’une équipe de France psychologiquement plus fragile que les propos péremptoires d’un Toulalan (« Nous avons plus de talent. Nous sommes favoris ! ») ne le laisseraient croire.