par David Kalfa
Article publié le 09/09/2008 Dernière mise à jour le 09/09/2008 à 19:15 TU
« Il y a du monde aujourd'hui... L'odeur du sang vous intéresse... » Mardi 9 septembre 2008. Centre de presse du complexe sportif de Clairefontaine. Ciel bas et nuageux. A l'intérieur, Raymond Domenech, le sélectionneur de l’équipe de France de football, affiche un rictus carnassier. Une meute de journalistes l'écoute attentivement. L’homme en survêtement est entré quelques secondes plus tôt dans la salle, succédant à son capitaine Thierry Henry.
« C'est du deuxième degré. (Il réfléchit) Non, même pas. C’est l’inverse. (Silence) Je suis content d'une seule chose : les lois d'exception et la guillotine n'existent plus. Sinon, certains parmi vous se feraient un malin plaisir de m'envoyer sur l'échafaud. Mais peut-être que j'aurais été mieux servi si j'avais tué quelqu'un. J'aurais eu des circonstances atténuantes. » Le décor est planté. A la veille d’un match capital face à la Serbie au Stade de France, Raymond Domenech n’est pas là pour « répondre aux questions sur [son] sort »…
Sélectionneur de l'équipe de France de football
« Il y a du monde aujourd'hui... L'odeur du sang vous intéresse... »
« Je suis une contradiction permanente »
Demain soir, les Bleus jouent une grande partie de leur qualification pour le Mondial 2010 qui se déroulera en Afrique du Sud. Leur entraîneur ne veut pas évoquer autre chose. Il balaie toutes les autres interrogations. Le quotidien L’Equipe a révélé le matin même que la Fédération française de football l’a maintenu à son poste sans enthousiasme après un Euro 2008 désastreux ? « Les joueurs s'en foutent royalement. Ça n'est pas notre problème. » Les journaux ont étalé en long et en large que les tensions ont été vives au sein du groupe au lendemain d’une défaite navrante en Autriche ? « Je dormais, moi. Je ne sais pas. Qu’est-ce qui s’est passé ? Je n’ai pas lu la presse. » Un journaliste lui fait remarquer que son attitude est contradictoire concernant son avenir ? Raymond Domenech rétorque du tac au tac : « Je suis une contradiction permanente… »
45 000 spectateurs au SDF, c'est « super »
Sélectionneur de l'équipe de France de football
« Je trouve super que malgré tout ce qui se dit et s’écrit, il y ait encore 50 000 personnes qui viennent nous voir… »
Pour le reste, on apprendra qu’il reste 27 points à prendre lors des neuf prochains matches des éliminatoires. Qu’il pourrait ne pas y avoir de changements dans le onze de départ face aux Serbes. Que ces derniers sont à craindre. Que Florent Malouda le banni pour avoir émis des critiques à l'encontre du sélectionneur pourrait être aussi bien en tribune, sur le banc de touche que sur le terrain. Que la présence, demain, de 45 000 spectateurs au Stade de France sur les 80 000 possibles est « super ».
Des propos convenus sur l'essentiel qui contrastent avec une entrée en matière fracassante sur l'accessoire. Mais pour être sur que tout le monde a bien compris, Raymond Domenech lâche nerveusement avant de quitter la salle pour rejoindre ses protégés : « Le problème, c'est de faire abstraction de tout le reste et de se concentrer sur le match de demain. » Quelqu’un en doutait ?