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Frédéric Kanouté
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Des racines et des Aigles
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Frédéric Kanouté a dû engager un véritable bras de fer avec son club de Tottenham pour pouvoir porter les couleurs du Mali.
Photo AFP
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Attaché à ses origines maliennes, l’attaquant de Totteham, qui a évolué dans les rangs de l’équipe de France des moins de 21 ans, effectue ses premiers pas avec le maillot des Aigles.
Comment faut-il l’appeler? Frédéric Kanouté comme à Lyon le club de ses débuts ou en équipe de France des moins de 21 ans, «Fredi» Kanoute comme le nomment les supporters du club anglais de Tottenham ou bien Frédéric Oumar Kanouté comme c’est écrit sur les feuilles de match officielles lors des rencontres que dispute le Mali à la CAN? Peu importe pour Kanouté le réservé. Il laisse dire et laisse faire. Quelle que soit la manière dont on le nomme, lui ne doute pas de son identité.
Né le 2 septembre 1977 dans la banlieue de Lyon de père malien et de mère française, il dispose de la double nationalité française et malienne. Très jeune, son gabarit impressionnant fait de lui un terreur des surfaces de réparation et il intègre naturellement l’effectif du club le plus proche: l’Olympique lyonnais.
Kanouté commence à se faire un nom au cours de l’été 1997 à l’occasion de la coupe Intertoto. Il fait les beaux jours de l’attaque lyonnaise au côté du Camerounais Joseph-Désiré Job. Pourtant, en dépit de ses débuts prometteurs, Kanouté reste souvent sur le banc des remplaçants. En trois saisons il ne dispute que 40 matchs en première division et inscrit 9 buts.
Echangé contre Marc-Vivien Foé
Pour se faire une place de titulaire, Kanouté lorgne du côté de l’Angleterre. Justement, le manager de l’équipe de West Ham, Harry Redknapp, a remarqué ce jeune attaquant. West Ham et l’Olympique lyonnais vont conclure un accord en 1999. Kanouté rejoint West Ham tandis que le défenseur camerounais Marc-Vivien Foé fait le chemin inverse pour venir jouer à Lyon.
C’est à West Ham que «Fredi» Kanouté fait étalage de son talent. Malgré les piètres performances de son équipe il parvient à sortir son épingle du jeu et à s’imposer à la pointe de l’attaque en dépit d’une forte concurrence (le Costa-ricain Paulo Cesar Wanchope, le Croate Davor Sucker ou le Guinéen Titi Camara).
Son style spectaculaire et ses dribbles suscitent l’enthousiasme du public. Les gants qu’il porte lors des matchs provoquent l’étonnement. Tout semble aller pour le mieux mais plusieurs déclarations de Kanouté évoquant son souhait de jouer dans un «grand» club douchent un peu la ferveur des supporters à son égard. Au cours des quatre saisons qu’il passe à West Ham, Kanouté inscrit 29 buts, un chiffre qui aurait été sans doute bien plus élevé si des blessures à répétition ne l’avaient, à plusieurs reprises, écarté des terrains.
Dans le championnat anglais, son arrivée a été suivie avec une attention particulière par l’entraîneur de Fulham. Natif de Bamako, Jean Tigana, ancien milieu de terrain de l’équipe de France, tente de convaincre Kanouté de le rejoindre. Le transfert ne se fait pas mais les deux hommes resteront en contact. Tigana sera également celui qui conseillera à la fédération malienne le nom d’Henri Stambouli lorsque les Aigles seront à la recherche d’un sélectionneur après le départ de Christian Dalger à la fin de l’été 2003.
Le président de la Fifa donne raison à Kanouté
Toujours à West Ham lors de la saison 2002-2003, Kanouté, comme les autres vedettes du club, décide de prendre le large lorsque le club est relégué en division inférieure. Il rejoint alors le trio d’attaque que Tottenham met en place avec Bobby Zamora et Helder Postiga. A cette occasion Kanouté signe un contrat de 3,5 millions de livres en août 2003.
Les débuts avec Tottenham sont prometteurs. Kanouté inscrit 7 buts en 15 rencontres mais, très rapidement, l’atmosphère tourne au bras de fer entre les dirigeants du club et l’attaquant lorsque Kanouté fait état de son intention de jouer sous le maillot des Aigles du Mali pour la CAN 2004. David Pleart, le coach du club, met immédiatement la pression: «l’attitude de Fredi sera révélatrice de sa volonté ou non de se battre pour le club». Il faut dire que la CAN tombe en plein cœur de la saison anglaise et l’absence de Kanouté lui ferait manquer 5 matchs, dont 3 journées de championnat. Les propos du coach reflètent sa colère: «il faut réfléchir à deux fois avant d’engager des joueurs africains. C’est comme recruter un joueur qui passerait son temps à récolter des cartons rouges et ne jouerait que 12 matchs dans la saison».
L’épreuve de force dure pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce que le président de la Fifa, Sepp Blatter siffle la fin de l’affrontement en donnant son feu vert à Kanouté pour porter les couleurs du Mali en déclarant: «il est tout aussi important pour Kanouté de jouer pour le Mali que pour David Beckham de représenter l’Angleterre et pour Ronaldo d’être aligné avec le Brésil». Aux yeux des Britanniques, le choix de Kanouté est d’autant plus incompréhensible qu’il figure sur la liste des sélectionnables en équipe de France pour l’Euro 2004 compte tenu de la suspension de Djibril Cissé chez les Bleus.
«Je sais que le Mali m’a attendu avec impatience»
Une fois l’accord de la Fifa en poche, Kanouté endosse le maillot des Aigles pour la première fois le 18 janvier 2004. Le Mali s’impose à Alger lors d’un match amical face à l’Algérie sur le score de 2 à 0. Kanouté est à l’origine des deux buts maliens. «C’est une sorte de retour aux racines pour moi», confie-t-il à RFI. «Mon père m’avait demandé de bien réfléchir et qaund j’ai choisi le Mali il a été content». L’arrivée de Kanouté au sein du groupe d’Henri Stambouli ne se fait pas sans heurts. En effet, le choix du sélectionneur d’écarter Mamadou Bagayoko, pourtant très populaire auprès des supporters des Aigles, sucite la polémique. Mais Stambouli estime que le jeu de Bagayoko n’est pas compatible avec la présence de Kanouté et il a fait son choix entre les deux hommes.
Le premier match officiel de Kanouté avec les Aigles donnera raison au sélectionneur. Auteur des deux derniers buts contre le Kenya, Kanouté se révèle décisif dans la victoire de son équipe (3-1) pour son entrée en piste dans la CAN 2004. Dans cette rencontre, le premier but est également inscrit par un joueur ayant porté dans sa jeunesse le maillot de l’équipe de France: Mohammed Sissoko.
Au terme de ce premier match officiel remporté avec les Aigles, Frédéric Oumar Kanouté déclare: «je suis content pour tout un peuple. Je sais qu’ils ont attendu ma venue avec impatience. Aujourd’hui je peux leur donner quelque chose en retour». Quelques minutes après avoir regagné les vestiaires, Frédéric Kanouté et ses coéquipiers ont été félicités par deux hommes connus pour leur passion du football: Jean Tigana et le chef de l’Etat malien, Amadou Toumani Touré.
Ecoutez Frédéric Kanouté interrogé par Christophe Boisbouvier sur RFI le 21 janvier 2004 (5 min 36 sec)
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Philippe Couve
05/02/2004
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