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Finale : Tunisie - Maroc (2-1)
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Au bout de leur rêve
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Contraint de suivre la finale sur le banc en raison d'une suspension, Khaled Badra (à droite) a ensuite pu savourer la joie d'offrir à la Tunisie son premier titre de champion d'Afrique. (Photo AFP)
Le Tunisien Santos a, une nouvelle fois, été décisif en attaque lors de la finale, marquant son quatrième but de la compétition. (Photo AFP)
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La Tunisie championne d'Afrique, c'est une première pour ce pays qui rejoint ainsi ses voisins maghrébins, Algérie et Maroc, déjà vainqueurs par le passé. Les camarades de Riadh Bouazizi, capitaine d'un jour, ont tout donné et ils ont remporté la coupe.
De notre envoyé spécial en Tunisie
La Tunisie est en liesse. A l'exception peut-être d'un homme, Khaled Badra, capitaine et chef de défense de la sélection, privé de finale pour cause de double carton jaune. A 31 ans, il n'est pas sûr qu'il puisse retrouver une telle opportunité. Ce sera, pour lui, un jour sans dans une carrière bien remplie avec son club de toujours, l'Espérance de Tunis.
L'absence de Badra n'a pourtant pas eu d'incidence négative sur le comportement de ses troupes, dopées par la présence d'un public festif, du chef de l'Etat, du président de la FIFA et de celui de la CAF, ainsi que par le soutien de tout un pays qui ne rêvait que de la victoire. Et la Tunisie n'a jamais tremblé dans cette finale, entrant tout de suite dans la partie. Dès la cinquième minute un centre de Mehdi Nafti permettait à Santos d'ouvrir le score de la tête. Un but si rapide, cela prouvait que les Tunisiens étaient sur le terrain pour ne laisser aucun répit à leur adversaire.
Cueillis à froid, les Marocains étaient dans l'impossibilité de trouver leurs repères, constamment pressés par des adversaires omniprésents sur le porteur du ballon. D'ailleurs, quelques instants plus tard, sur une passe mal assurée de Ouaddou à Khalid Fouhami, Jaziri, en embuscade, obligeait ce dernier à se coucher sur le ballon. Les Tunisiens étaient dominateurs et, surtout, interdisaient aux Marocains de développer leur jeu court et précis.
L'égalisation du Maroc
Le portier marocain Fouhami n'était pas à la fête. Il était constamment aux aguets, sur une tentative d'Adel Chedli (19e) qui, après un beau geste technique, envoyait son tir au-dessus de la cage ou sur cette frappe de José Clayton (23e) qu'il détournait, les deux poings en avant. Les Aigles de Carthage étaient en permanence en mouvement, disponibles les uns pour les autres, le porteur du ballon ayant plusieurs solutions avec des partenaires bien placés.
Les Marocains approchaient parfois le but d'Ali Boumnijel, que ce soit par des frappes d'Hadji, Kaissi ou Regragui, mais sans créer un véritable danger. Jusqu'à la 38ème minute où Youssef Hadji de la ligne de but tunisienne adressait un centre parfait en retrait que d'une tête plongeant déterminée, Youssef Mokhtari catapultait au fond des filets. Coup de tonnerre dans le satde de Radès. Le Maroc venait d'égaliser. Les joueurs de Badou Zaki allaient-ils retrouver leur jeu? Un dernier frisson provoqué par une tête du capitaine du jour au-dessus du but de Fouhami précédait la rentrée des vingt-deux acteurs aux vestiaires. Une belle finale, intense, un jeu de qualité et toujours correct. On ne s'était pas déplacé pour rien.
Le travail de Lemerre
La deuxième période allait se révéler moins dense, en raison sans doute de la fatigue des matchs accumulés depuis le 24 janvier. Pour les deux équipes, il s'agissait de leur sixième match, avec pour chacune d'entre elles, des prolongations lors d'une rencontre. Le coeur, la volonté étaient du côté des Tunisiens, ce qui devait largement contribuer à les porter vers la victoire. Une victoire qui devait se dessiner très vite, après seulement six minutes de jeu. Une balle de Santos pour l'autre Tuniso-brésilien José Clayton. Ce dernier tente un tir, Fouhami rate sa prise de balle au sol et relâche dans les pieds de Ziad Jaziri qui n'a plus qu'à pousser l'objet de toutes les convoitises au fond des filets. 2-1, ce sera la score de la finale qui consacre pour la première fois la Tunisie qui, par le passé, avait échoué deux fois dans l'ultime rencontre (1965, 1996).
Cette victoire réjouit tout un peuple à qui il manquait ce trophée. Elle est la récompense du travail accompli depuis quinze mois par le pestiféré de la dernière Coupe du monde, Roger Lemerre. Il a démontré à la tête d'une équipe pas nécessairement plus forte que les quinze autres, qu'un travail sagement élaboré sur le moyen terme pouvait donner des résultats très intéressants. De nouveaux joueurs se sont révélés dans cette équipe, tels que Karim Hagui, Ziad Jaziri ou Santos le néo-Tunisien. Mais sa force est avant tout collective.
Le Maroc a perdu la finale par la faute d'une Tunisie plus déterminée à gagner ce match crucial, mais il sort comme l'un des grands vainqueurs du tournoi. Cette équipe est en devenir, comme l'ensemble du football maghrébin. Les seigneurs du foot africain, le Cameroun, le Nigeria, et plus récemment, le Sénégal, ont du souci à se faire. Les choses bougent au nord et la supériorité des premiers depuis une douzaine d'années risque d'être très vite totalement remise en question. C'est sans doute l'une des conclusions principales d'une CAN 2004 dont on a la certitude qu'elle est un bon cru.
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Gérard Dreyfus 14/02/2004
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