Sida
Coalition mondiale contre le sida
Pour la première fois depuis sa création, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni pour examiner une question de santé : le sida. Et les Etats-Unis se sont engagés à augmenter leur contribution à la lutte contre ce fléau de 100 millions de dollars en l'an 2001. Il s'agit là de l'aboutissement d'un long processus.
Pour les organisations spécialisées sur le sida, le constat est fait depuis longtemps : les moyens alloués à la lutte contre cette maladie sont dérisoires par rapport aux besoins. Peter Piot, directeur exécutif d'Onusida, " tape du point sur la table " à chaque occasion depuis des mois, explique-t-on dans son entourage. Car le sida est train de compromettre toutes les chances de développement des pays du Sud, surtout d'Afrique où l'épidémie, qui a tué 2,2 millions de personnes en 1999, frappe de plein fouet les hommes et les femmes à l'âge où ils sont les plus productifs, accentue les crises économiques et sociales et nourrit les conflits armés.
Les besoins, on les connaît. Il faudrait de 1 à 3 milliards de dollars pour mettre en £uvre des programmes efficaces de prévention en Afrique subsaharienne. On est encore loin du compte car les sommes affectées à cette action dans les pays africains les plus touchés tournent autour de 165 millions de dollars (1997).
Face à une telle situation, l'Onusida et ses agences coparrainantes (Unicef, Pnud, Fnuap, Unesco, OMS, Banque mondiale, Programme global d'action des Nations unies contre la drogue) ont décidé depuis janvier 1999 de : " renforcer les interventions et de mettre en place un partenariat plus vaste pour être à la hauteur des enjeux ", explique Roger Salla N'Tounga, du bureau Afrique d'Onusida. Plusieurs concertations ont été organisées avec les différents interlocuteurs susceptibles de participer à la lutte contre le sida dans le monde. Notamment avec les chefs d'Etat africains qui semblent de mieux en mieux comprendre l'enjeu de cette maladie pour l'avenir de leurs pays et commencent à prendre des mesures concrètes pour lutter contre l'épidémie (au Nigeria, notamment).
Une menace contre la sécurité de l'Afrique
Pour Roger Salla N'Tounga : " Il y a 5 piliers dans cette coalition : les Etats, le système des Nations unies, les agences bilatérales et multilatérales, la société civile, le secteur privé ". Au mois de décembre, une grande réunion à New York aux Nations unies, a permis d'élaborer un projet de plan d'action avec la collaboration de représentants de ces 5 piliers. Et c'est dans ce contexte, que les Etats-Unis ont eu l'idée de mettre le sida à l'ordre du jour du Conseil de sécurité dont ils assurent la présidence au mois de janvier 2000.
Cette réunion sans précédent dans l'histoire de l'ONU, et qui n'a pas été du goût de tous les membres du Conseil (la Chine et la Russie ont émis des réticences), a l'avantage : " d'amener le problème dans ses vraies dimensionsà et de permettre de situer la réponse à un autre niveau. C'est un événement capital", explique encore Roger Salla N'Tounga. Le sida est désormais placé dans le champ des priorités politiques internationales. D'autant plus que les Etats-Unis, par la voix de leur vice-président Al Gore, se sont résolument engagés à jouer les locomotives pour inciter l'ensemble des pays à s'impliquer davantage : " Le sida est un agresseur mondial que l'on doit vaincreà Pour les pays d'Afrique subsaharienne, le sida ne constitue pas seulement une crise humanitaire. C'est une crise de sécurité". Ils ont donné l'exemple en annonçant leur décision d'allouer 100 millions de dollars supplémentaires à la prévention et au traitement du sida dans le monde. Cet engagement concret devrait être suivi de quelques autres, au moins de la part des principaux pays occidentaux bailleurs de fonds. Mais pour l'instant, aucun chiffre n'a été proposé. La France qui a toujours été très en pointe sur les problèmes de prise en charge des soins et d'accès aux médicaments (elle a créé le Fonds de solidarité thérapeutique international) a, quant à elle, fait des suggestions d'actions : création d'un fichier des interventions bi et multilatérales de lutte contre le sida, organisation d'une conférence avec les pays donateurs, les bénéficiaires et l'industrie pharmaceutique. Ces propositions sont à l'étude à l'Onusida.
Six pays africains pour commencer
Sur le terrain, les " partenaires " se sont maintenant mis d'accord pour intensifier les actions dans 6 premiers Etats africains : Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Malawi, Mozambique, Tanzanie. Il va s'agir de faire l'inventaire des ressources disponibles dans les pays, au niveau de la coopération bi et multilatérale, d'examiner les politiques de planification nationales pour trouver des " points d'entrée ", d'identifier les partenairesà
Le sida fait aussi désormais partie des sujets de discussion dans le cadre des négociations sur la révision des plans d'ajustement structurel. Ainsi, lors du sommet sur la croissance en Afrique à Libreville (14/19 janvier 2000), une résolution sur le sida a été adoptée. Les chefs d'Etats africains concernés ont accepté d'affecter les fonds libérés aux problèmes sociaux et de santé et spécifiquement au sida.
Car il est possible d'obtenir des résultats dans la lutte contre cette maladie. En Ouganda, les taux d'infection chez les femmes enceintes, par exemple, ont été réduits de manière très significative en quelques mois grâce aux mesures prises par le gouvernement. Certains objectifs annoncés, comme celui de réduire d'ici 2005 de 25 % les infections chez les 15-24 ans (Assemblée générale des Nations unies), ne sont donc pas " hors de portée ". Si tant est, affirme Roger Salla N'Tounga, qu'en plus de la décision politique " il y ait un changement de vitesse et d'ampleur dans la réponse. Il faut de l'argent mais aussi un environnement globalà Les structures de solidarité de la société civile en Afrique n'ont pas encore été assez sollicitées pour lutter contre le sida ".
Les besoins, on les connaît. Il faudrait de 1 à 3 milliards de dollars pour mettre en £uvre des programmes efficaces de prévention en Afrique subsaharienne. On est encore loin du compte car les sommes affectées à cette action dans les pays africains les plus touchés tournent autour de 165 millions de dollars (1997).
Face à une telle situation, l'Onusida et ses agences coparrainantes (Unicef, Pnud, Fnuap, Unesco, OMS, Banque mondiale, Programme global d'action des Nations unies contre la drogue) ont décidé depuis janvier 1999 de : " renforcer les interventions et de mettre en place un partenariat plus vaste pour être à la hauteur des enjeux ", explique Roger Salla N'Tounga, du bureau Afrique d'Onusida. Plusieurs concertations ont été organisées avec les différents interlocuteurs susceptibles de participer à la lutte contre le sida dans le monde. Notamment avec les chefs d'Etat africains qui semblent de mieux en mieux comprendre l'enjeu de cette maladie pour l'avenir de leurs pays et commencent à prendre des mesures concrètes pour lutter contre l'épidémie (au Nigeria, notamment).
Une menace contre la sécurité de l'Afrique
Pour Roger Salla N'Tounga : " Il y a 5 piliers dans cette coalition : les Etats, le système des Nations unies, les agences bilatérales et multilatérales, la société civile, le secteur privé ". Au mois de décembre, une grande réunion à New York aux Nations unies, a permis d'élaborer un projet de plan d'action avec la collaboration de représentants de ces 5 piliers. Et c'est dans ce contexte, que les Etats-Unis ont eu l'idée de mettre le sida à l'ordre du jour du Conseil de sécurité dont ils assurent la présidence au mois de janvier 2000.
Cette réunion sans précédent dans l'histoire de l'ONU, et qui n'a pas été du goût de tous les membres du Conseil (la Chine et la Russie ont émis des réticences), a l'avantage : " d'amener le problème dans ses vraies dimensionsà et de permettre de situer la réponse à un autre niveau. C'est un événement capital", explique encore Roger Salla N'Tounga. Le sida est désormais placé dans le champ des priorités politiques internationales. D'autant plus que les Etats-Unis, par la voix de leur vice-président Al Gore, se sont résolument engagés à jouer les locomotives pour inciter l'ensemble des pays à s'impliquer davantage : " Le sida est un agresseur mondial que l'on doit vaincreà Pour les pays d'Afrique subsaharienne, le sida ne constitue pas seulement une crise humanitaire. C'est une crise de sécurité". Ils ont donné l'exemple en annonçant leur décision d'allouer 100 millions de dollars supplémentaires à la prévention et au traitement du sida dans le monde. Cet engagement concret devrait être suivi de quelques autres, au moins de la part des principaux pays occidentaux bailleurs de fonds. Mais pour l'instant, aucun chiffre n'a été proposé. La France qui a toujours été très en pointe sur les problèmes de prise en charge des soins et d'accès aux médicaments (elle a créé le Fonds de solidarité thérapeutique international) a, quant à elle, fait des suggestions d'actions : création d'un fichier des interventions bi et multilatérales de lutte contre le sida, organisation d'une conférence avec les pays donateurs, les bénéficiaires et l'industrie pharmaceutique. Ces propositions sont à l'étude à l'Onusida.
Six pays africains pour commencer
Sur le terrain, les " partenaires " se sont maintenant mis d'accord pour intensifier les actions dans 6 premiers Etats africains : Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Malawi, Mozambique, Tanzanie. Il va s'agir de faire l'inventaire des ressources disponibles dans les pays, au niveau de la coopération bi et multilatérale, d'examiner les politiques de planification nationales pour trouver des " points d'entrée ", d'identifier les partenairesà
Le sida fait aussi désormais partie des sujets de discussion dans le cadre des négociations sur la révision des plans d'ajustement structurel. Ainsi, lors du sommet sur la croissance en Afrique à Libreville (14/19 janvier 2000), une résolution sur le sida a été adoptée. Les chefs d'Etats africains concernés ont accepté d'affecter les fonds libérés aux problèmes sociaux et de santé et spécifiquement au sida.
Car il est possible d'obtenir des résultats dans la lutte contre cette maladie. En Ouganda, les taux d'infection chez les femmes enceintes, par exemple, ont été réduits de manière très significative en quelques mois grâce aux mesures prises par le gouvernement. Certains objectifs annoncés, comme celui de réduire d'ici 2005 de 25 % les infections chez les 15-24 ans (Assemblée générale des Nations unies), ne sont donc pas " hors de portée ". Si tant est, affirme Roger Salla N'Tounga, qu'en plus de la décision politique " il y ait un changement de vitesse et d'ampleur dans la réponse. Il faut de l'argent mais aussi un environnement globalà Les structures de solidarité de la société civile en Afrique n'ont pas encore été assez sollicitées pour lutter contre le sida ".
par Valérie Gas
Article publié le 27/01/2000