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Autriche

L'Europe franchit le Rubicon <br>

Après avoir beaucoup tergiversé sur la conduite à tenir, les 14 partenaires de l'Autriche décident de ne plus avoir de contact officiel avec un gouvernement qui accueillerait dans ses rangs des membres du parti d'extrême droite de Jörg Haider. Une première dans l'histoire de l'Union européenne.
Pendant quelques jours les 14 dirigeants parlent seulement de surveiller la politique européenne menée par le futur gouvernement autrichien. En somme à condition de bien se tenir au sein des institutions des quinze et de ne pas remettre en cause l'euro ou l'élargissement, l'Autriche peut se doter du gouvernement de son choix.

Mais la pression monte de toutes parts pour aller plus loin. Et les demandes des dirigeants belges et français les plus en pointe ne tardent pas à pousser le leader d'extrême droite à la faute.

Ce week end Jörg Haider dérape dans ses propos sur le gouvernement belge corrompu et le président français qui ne sait pas de quoi il parle. Un avant goût d'éventuels futurs échanges qui tend un peu plus le climat. Que peut il alors se passer ? L'union européenne pour réagir à ce type de situation ne peut que suspendre de ses droits un état membre s'il viole de façon grave et persistante les principes de démocratie et de respect des droits de l'homme. Mais avant que l'on en arrive à cette extrémité le parti de Jörg Haider peut à la marge sans tomber sous le coup de cette loi multiplier les déclarations, les décisions non conformes aux valeurs européennes. Ce qui aurait placé l'union dans une position aujourd'hui vraiment difficile. Aujourd'hui car en 1994 les néofascistes italiens ont participé à une coalition gouvernementale sans provoquer de telles condamnations. Mais depuis l'Europe s'est érigée en puissance politique, porteuse de valeurs. Et c'est la défense de ces valeurs qui a été présentée pour justifier la guerre au Kosovo.

Même si Jörg Haider n'a évidemment pas pour projet politique l'épuration ethnique, l'Europe peut difficilement bafouer chez elle, serait ce à un bien moindre niveau, ce qu'elle se targue d'imposer dans son voisinage proche. Enfin l'Autriche risque de montrer le mauvais exemple alors que l'union négocie l'adhésion de candidats est européens qui ne doivent avoir aucun doute sur l'importance accordée au respect de la démocratie. Reste maintenant à l'Union à résoudre une contradiction de poids. En menaçant d'isoler ainsi l'Autriche, elle refuse de reconnaître la légalité pourtant réelle du parti de Jörg Haider. Faut-il donc interdire les partis d'extrême droite en Europe et est ce la meilleure façon de circonscrire leur influence? L'Union a fait ici un choix dont elle n'a pas fini de développer les conséquences.



par Valérie  Lainé

Article publié le 01/02/2000