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Quinquennat

Pour ou contre : clivages au sein des partis <br> <br>

Des fervents partisans du quinquennat aux adversaires résolus de la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, toute la gamme des opinions traverse la classe politique française.
Dans l'opposition, le Rassemblement pour la République (RPR), divisé et dans l'attente d'un arbitrage présidentiel, reste pour le moment timide, Démocratie libérale (DL) et l'Union pour la démocratie française (UDF) sont en majorité pour, le Rassemblement pour la France (RPF) est contre. Dans la majorité, le Parti socialiste (PS), les radicaux, les chevènementistes et les Verts sont pour mais le Parti communiste (PC) plutôt contre. L'extrême droite est contre et quant à l'extrême gauche, elle se désintéresse du débat. Ces tendances générales ne parviennent pourtant pas à mettre tout le monde d'accord : certaines personnalités issues d'un même parti ont des opinions divergentes.

Le débat du quinquennat passe donc outre le clivage classique gauche-droite. Tous les «oui» et tous les «non» ne recouvrent pas les mêmes démarches.

Parmi les partisans du quinquennat ni plus ni moins, on retrouve pêle-mêle Valéry Giscard d'Estaing, par qui le débat a été relancé. Celui-ci souhaite «que le quinquennat soit mis en £uvre d'ici la fin de l'année», Alain Juppé avance les mêmes arguments en précisant «qu'il faut profiter de cette occasion pour exprimer, pour une fois, un consensus politique sur cette réforme de fond» ou encore Alain Madelin qui va plus loin dans son argumentation en déclarant «Oui à une redistribution des pouvoirs mais non à une fausse présidentialisation qui pourrait résulter de la confusion des élections législatives et présidentielle». En fait, il s'agit pour ces trois hommes politiques de droite d'instaurer tout simplement le quinquennat, car «sept ans, c'est trop long» et d'éviter ainsi les cohabitations en alignant la durée du mandat présidentiel sur celui des députés.

D'autres comme François Bayrou, Philippe Séguin, Edouard Balladur, le Mouvement des citoyens (MDC) de Jean-Pierre Chevènement ou le Parti radical de gauche (PRG) sont pour le quinquennat afin d'aller vers un régime présidentiel. Dans cette optique, le quinquennat ne serait qu'une étape préliminaire vers un changement plus radical: tout d'abord retirer au président le droit de dissoudre l'Assemblée nationale et aux députés celui de renverser le gouvernement et vraisemblablement supprimer le poste de Premier ministre. Sur ces différents points, François Bayrou résume bel et bien cette optique «Cette réforme aura des conséquences sur nos institutions et sur la définition des rapports entre le président de la République, le gouvernement et le Parlement».

Les Socialistes et les Verts sont également pour le quinquennat à la condition qu'avant et surtout on entame d'autres réformes. En fait, il s'intègrerait dans une modernisation de la vie politique, après la parité hommes-femmes et la limitation du cumul des mandats, et avant d'autres mesures allant dans le même sens.

Les adversaires du quinquennat

De gauche ou de droite, quelques hommes politiques sont tout à fait réfractaires à la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Christian Poncelet, président du Sénat donne la mesure «Je n'ai jamais été favorable au quinquennat. Je lui préfère un mandat présidentiel de sept ans non renouvelable immédiatement». Le communiste Robert Hue est moins catégorique mais il en faudrait peu pour qu'il bascule dans le camp adverse «Je suis contre le quinquennat si nous nous trouvons dans une situation de simultanéité de fait, autant dire que je ne me retrouve pas dans cette réforme».

D'autres comme Charles Pasqua ou Philippe de Villiers y sont farouchement opposés. Ce sera «non» et c'est tout¯! Quant au centriste Raymond Barre, il campe toujours sur ses positions «Je voterai contre un éventuel projet de loi et je ne voterai pas oui en cas de référendum».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 30/05/2000