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Union européenne

Jacques Chirac relance l'Europe à Berlin

Un moment historique : c'est devant le Bundestag allemand réuni au Reichstag, à Berlin, que Jacques Chirac a défini, mardi 27 juin 2000, sa vision de l'Europe. Une Europe que le président français souhaite "plus démocratique", et qui doit se préparer à accueillir dans les prochaines années une quinzaine de nouveaux membres ("l'élargissement de l'Union européenne est une grande ambition légitime et nécessaire"), mais qui doit auparavant se réformer ("la réforme de nos institutions communes est absolument vitale").

Célébrant l'amitié franco-allemande et son rôle moteur, Jacques Chirac veut relancer la construction européenne. En réponse au discours du ministre allemand des affaires étrangères Joschka Fischer, qui avait suggéré le 12 mai la création d'une Europe fédérale, le président de la République se prononce, sans aller si loin, en faveur d'un processus ambitieux de "refondation institutionnelle de l'Europe".

Ce processus doit aboutir à l'adoption d'une "Constitution européenne", que les peuples seraient amenés à ratifier par référendum. D'ici là, le chef de l'Etat prône la mise en place, "dès l'an prochain", d'un "groupe pionnier" de pays, rassemblés autour de l'Allemagne et de la France, qui "souhaitent aller plus loin ou plus vite" dans l'intégration européenne.

La réforme des institutions: "incontournable"

Jacques Chirac considère que la première étape à franchir pour l'Union européenne est "incontournable": la réussite, sous la présidence française, de la Conférence intergouvernementale(CIG). "Les quatre points essentiels de son ordre du jour (réforme de la Commission, pondération des voix, extension du vote à la majorité, coopérations renforcées) permettront d'adapter les mécanismes de décision de l'Union à sa composition future. La réussite de la CIG est un préalable indispensable à tout progrès".

L'élargissement: "légitime et nécessaire"

Le processus d'élargissement de l'Union européenne "est en marche". Selon Jacques Chirac, "ce sera difficile pour les pays candidats comme pour les Etats membres". Mais "c'est une ambition légitime et nécessaire", car demain "nous serons trente et plus représentés à Bruxelles, à Strasbourg, à Luxembourg". Pour autant, "l'élargissement ne sera pas une fuite en avant. Nous ne laisserons pas se défaire le projet européen

Une Constitution européenne: par référendum

Jacques Chirac propose que, dès la fin de la présidence française de l'Union européenne, en décembre 2000, les pays membres lancent "un processus qui permette, au delà de la CIG, de répondre aux autres questions institutionnelles qui se posent à l'Europe". Parmi les étapes à franchir: "réorganiser les traités, (à)définir de façon claire la répartition des compétences entre les différents niveaux de l'Europe (à) et enfin préparer les ajustements institutionnels nécessaires, tant du côté de l'exécutif que de celui du Parlement". Cette réflexion devra s'effectuer "en associant les gouvernements et les citoyens". A l'issue de ces travaux "qui prendront sans doute quelque temps, les gouvernements puis les peuples seraient appelés à se prononcer sur un texte que nous pourrons alors consacrer comme la première Constitution européenne." Mais pas question de mettre fin aux Etats-nations, "source de nos identités et de notre enracinement".

Un "groupe pionnier", à partir des coopérations renforcées

Le président français propose qu'en s'appuyant sur le système des coopérations renforcées devant être institué à Nice, un "groupe pionnier" puisse se constituer autour de la France et l'Allemagne. Ce groupe de pays qui souhaitent "aller plus loin ou plus vite (à) ouvrirait la voie (à) en nouant, si nécessaire, des coopérations hors Traité, mais sans jamais remettre en cause la cohérence et l'acquis de l'Union".

Une Europe plus démocratique: place aux peuples

Jacques Chirac estime nécessaire de "rendre l'Union européenne plus démocratique. La construction communautaire a été trop l'affaire des seuls dirigeants et des élites. Il est temps que nos peuples redeviennent les souverains de l'Europe. Il faut que la démocratie en Europe vive mieux, notamment à travers le Parlement européen et les parlements nationaux."



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 27/06/2000