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Union européenne

Le couple franco-allemand réconcilié

Depuis le sommet d'Amsterdam, en 1997, les relations franco-allemandes étaient plutôt distantes. Le climat s'est nettement amélioré en mai 2000 à Rambouillet puis à Mayence, où les deux partenaires ont harmonisé leurs positions sur la réforme des institutions. Le discours de Jacques Chirac au Bundestag scelle les retrouvailles.
On va jusqu'à parler "d'esprit de Rambouillet". C'est là, le 19 mai 2000, dans ce château de la région parisienne, que le couple franco-allemand s'est ressoudé. Un sommet informel qui a vu le président Jacques Chirac, le chancelier Gerhard Schröder, le Premier ministre Lionel Jospin et les deux ministres des Affaires étrangères échanger des idées sur la réforme des institutions, les enjeux de la présidence française, et l'avenir de l'Europe tel que l'a proposé l'Allemagne: une "fédération d'Etats-nations". Cette réconciliation s'est confirmée le 9 juin à Mayence, sur les bords du Rhin, lors du 75e sommet franco-allemand où, selon un haut responsable français, les deux pays se sont mis "d'accord à 95%". Presque une lune de miel.

Pourtant, depuis trois ans, les relations étaient assez fraîches: depuis le sommet d'Amsterdam, en 1997, lorsque le chancelier Kohl avait bloqué la réforme des institutions, sous la pression des Länder qui craignaient de perdre leurs prérogatives au profit de l'échelon européen. La monnaie unique une fois sur les rails, les Allemands semblaient avoir mis en sourdine leur ambition européenne. Ensuite, l'arrivée au pouvoir de Gerhard Schröder, à l'automne 1998, sa méconnaissance de la France, son penchant pour l'Angleterre de Tony Blair, et la publication du manifeste Blair-Schröder sur la modernisation de la social-démocratie n'ont guère arrangé les choses. Il a fallu attendre l'été 1999 pour que le chancelier prenne conscience de l'importance du couple fondé par de Gaulle et Adenauer en 1963, et rappelle son rôle moteur dans un discours prononcé à Berlin. C'est également à Berlin, dans l'ancien Reichstag aujourd'hui rénové, que Jacques Chirac a dit son amitié pour l'Allemagne et fait des propositions pour redonner à la coopération entre les deux pays "le souffle, l'élan fondateur", dont la réunion annuelle d'une conférence regroupant des responsables français et allemands venus de tous les horizons.

Aujourd'hui, tout n'est qu'amabilités. Bien que la discussion du projet Fischer d'Europe fédérale ait été poliment repoussée à plus tard par Paris, la présidence française de l'Union s'annonce maintenant sous de meilleurs auspices. Bien sûr, rien n'est gagné, loin de là. Il faudra compter avec les intérêts des treize autres pays de l'Union européenne. Mais sans ces retrouvailles franco-allemandes, c'était l'échec assuré.



par Philippe  Quillerier-Lesieur

Article publié le 27/06/2000