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Immigration

La mondialisation favorise les migrations

Le nombre des migrants dans le monde dépasse les 120 millions de personnes et ne cesse d'augmenter. La mondialisation, accélérant la circulation des capitaux et des biens, n'a pas freiné, bien au contraire, celle des travailleurs à la recherche de meilleures conditions de vie. Toutefois ces migrations, plus nombreuses, sont devenues moins permanentes et beaucoup plus rapidement réactives à la conjoncture économique.
En 1965, on comptait, dans le monde, 75 millions de migrants. Ils sont aujourd'hui plus de 120 millions et, selon une étude publiée par le Bureau international du travail (BIT), la mondialisation va encore intensifier le mouvement dans les années à venir. En effet, les flux de capitaux et de biens entre pays riches et pays pauvres ne compenseront pas la pénurie d'emplois dans les pays en développement et de plus en plus de personnes chercheront un travail hors de leurs frontières. D'autant que, selon une étude de la division population des Nations Unies, seule l'immigration permettra d'enrayer le déclin démographique en Europe. Analyse confirmée, en France, par l'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee).

La principale raison de l'émigration reste le désir d'un meilleur niveau de vie, comme en témoigne l'importance des migrations entre le Mexique et les Etats-Unis - la richesse par habitant s'établit dans ce cas dans un rapport de 1 à 6 - , ou entre la Pologne et l'Allemagne - où ce rapport est de 1 à 11. Cependant, les flux migratoires deviennent plus complexes: les pays d'accueil sont passés de 39 à 67 entre 1970 et 1990, et les pays d'origine de 29 à 55 durant la même période. Plus encore, le nombre de pays qui sont à la fois terre d'émigration et d'immigration, comme par exemple la Thaïlande, la Malaisie, le Mexique ou l'Argentine, est passé de 4 à 15.

Ces migrations ont également changé de nature. Elles sont moins permanentes et, avec les progrès des transports aériens et des télécommunications, les migrants restent plus étroitement en contact avec leur pays d'origine. Ils réagissent également beaucoup plus vite qu'avant aux fluctuations du marché de l'emploi. En période de croissance économique et donc de l'emploi, l'augmentation de l'immigration est rapide, tout comme sa décrue en période de stagnation ou de récession.

Discrimination inquiétante

Les politiques de restrictions à l'immigration mises en place par certains pays ont peu d'effets sur le nombre total de migrants, mais elles influencent la direction de ces flux et favorisent l'immigration clandestine, à laquelle est lié un trafic de main d'£uvre sans papiers évalué entre 5 et 7 milliards de dollars par an.

Par ailleurs, les migrants sont confrontés à des discriminations sur le marché de l'emploi jugées "inquiétantes" par le BIT. Ainsi, on estime qu'en Europe occidentale, sur toutes les candidatures déposées en réponse aux annonces par les migrants, membres d'une minorité ethnique ou descendants de migrant, au moins une sur trois est l'objet de discrimination. Celle-ci est particulièrement forte dans le secteur des services où le contact avec la clientèle est essentiel. Or, c'est dans ce secteur que la croissance en emplois est la plus forte. Une connaissance incomplète de la langue et le manque de formation peuvent expliquer les difficultés des nouveaux immigrants, mais celles-ci persistent aux générations suivantes.

Résultat, les migrants ou les minorités se concentrent dans les secteurs industriels traditionnels, plus touchés par les réductions d'emplois, et ils subissent des taux de chômage plus élevés que les nationaux.



par Francine  Quentin

Article publié le 20/06/2000