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Alexandre Lebed : le général outsider

+Pinochet a sauvé le Chili parce qu'il a installé l'armée à la première place+. Avec cette déclaration en 1994, Alexandre Ivanovitch Lebed confirme ce que la communauté internationale pensait de lui tout bas: l'homme est loin d'être un plaisantin et affiche un goût certain pour l'uniforme et l'ordre. Pour preuve, il gagne ses galons de général en Afghanistan, lors de l'invasion de ce pays par l'Union soviétique en 1980. Il y est fait héros de l'Armée rouge.
Né en 1950, il effectue toute sa carrière militaire dans les parachutistes des troupes spéciales d'assaut. Il excellera en Azerbaïdjan en 1988 puis en Géorgie l'année suivante. Deux ans plus tard, il prend la défense du président russe et, en 1992, le commandement de l'armée en Moldavie. Au plus haut sommet de l'armée, il quitte la carrière militaire pour embrasser la politique. Il devient vice-président du Congrès des communautés russes. Il se lance dans la course à la présidentielle et obtient, au premier tour, près de 15% des voix. Boris Eltsine le nomme secrétaire du Conseil de sécurité nationale. C'est là que Lebed joue sa carte maîtresse : la négociation d'un traité de paix avec la Tchétchénie où la Russie s'embourbe.
Le succès de cette initiative lui vaut le mécontentement du tsar Elstine qui le remercie. Lebed s'accroche alors à ses chevaux de bataille : la lutte contre la corruption et le crime organisé. Mâchoires carrées désertées par le sourire, voix caverneuse et langage cru, Lebed plait à l'électorat russe, las des mafieux et des apparatchiks. +Je suis né pour gagner +, affirme-t-il en toute modestie, lorsqu'en mai 1998, il devient gouverneur de la vaste région de Krasnoïark, en Sibérie, au cours d'une élection remportée haut la main. Son ami le comédien français Alain Delon n'hésite pas à faire le déplacement pour le soutenir dans cette campagne.

Avec cette victoire Lebed se qualifie pour la course au Kremlin. Il publie la même année son autobiographie, rédigée cinq ans plus tôt : Les mémoires d'un soldat aux éditions du Rocher. Et fort de son image d'homme du peuple et intègre, ce général sans armée aborde cette course à la présidentielle sur le mode : + tous pourris! +. Un thème qui pourrait une fois encore séduire un électorat fatigué par une société gangrenée par les mafias.

Article publié le 10/07/2000