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Angolagate

Elf: Tarallo exonère les chefs d'Etat africains

Corruption ? Connais pas ! Dans une interview exclusive à RFI diffusée samedi 15 juillet, André Tarallo, l'ancien "Monsieur Afrique" du groupe pétrolier français se dit sidéré par les révélations de la presse.
On savait le dossier Elf volumineux et épineux, le voici maintenant de plus en plus nébuleux ! Dans un entretien avec RFI, André Tarallo, l'ex-"Monsieur Afrique" du groupe pétrolier, se livre à une véritable explication de texte, dictionnaire de synonymes à l'appui, de ce qu'il a dit aux magistrats chargés de l'enquête sur l'affaire Elf.

Ainsi dans la bouche de cet homme de 72 ans, "commission occulte" devient "rémunération de service". On ne parle plus de "caisses noires" mais de "contrats". Enfin "corruption" devient "un contrat clair et net" ! Avec cet exercice de sémantique qui ajoute encore plus d'opacité à cette affaire, André Tarallo minimise les effets des propos qu'il aurait tenu lors de son audition par les magistrats en charge de l'affaire Elf. Des propos repris par la presse et qu'André Tarallo conteste, notamment en ce qui concerne la "liste" de cinq présidents africains dont les noms avaient été cités et qui auraient bénéficié des largesses du groupe pétrolier (Bongo, Abacha, Dos Santos, Lissouba, Sassou).

"Les bonnes relations" auraient ainsi permis que Denis Sassou Nguesso soit "efficace" en Angola tout comme "Bongo au Tchad". Ce sont des "services politiques", purement amicaux, basés sur la gentillesse, selon André Tarallo. En clair, il ne faut pas confondre un "président" africain avec un "intermédiaire" ajoute l'ancien homme clé d'Elf en Afrique.

Quant à l'hypothèse d'un "impôt-corruption" sur chaque baril de pétrole extrait en Afrique, qui aurait eu des répercussions directes sur le prix du carburant à la pompe pour les simples usagers, André Tarallo dément.

L'ex "Monsieur Afrique", soupçonné d'avoir profité à titre personnel d'une partie des centaines de millions de francs ayant transité par ses comptes bancaires en Suisse entre 1990 et 1997, atténue et revient donc sur les propos qu'il aurait tenu dans le cabinet des juges d'instruction. Personnage clé de la politique du groupe pétrolier français en Afrique pendant trente ans, il est poursuivi par la justice dans plusieurs volets de l'affaire Elf. Mais peut-être ne dit-on pas "poursuivi" mais plutôt "entendu". Dans ce cas là, "soupçon" est vraisemblablement un gros mot.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 17/07/2000