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Tourisme à risque

Un père dans l'attente

Depuis cent jours, Jean Wendling attend la libération de sa fille Sonia. Elle est l'une des 17 otages retenus sur l'île de Jolo au sud des Philippines par le groupe Abu Sayyaf. Le père de Sonia Wendling dit sur RFI son impatience de revoir sa fille.
Lorsqu'il s'exprime sur l'antenne de RFI, Jean Wendling sait que sa fille l'écoute peut-être. Sonia Wendling est détenue depuis plus de cent jours par le groupe armé Abu Sayyaf sur l'île de Jolo aux Philippines. Jean Wendling sait que sa fille est «exaspérée», qu'elle a perdu le moral et maigri ces dernières semaines. La libération maintes fois annoncée par les ravisseurs, et sans cesse repoussée, a entamé la résistance de Sonia et celle de son compagnon, Stéphane Loisy. Jean Wendling le sait, lui qui parvient à échanger des messages régulièrement avec sa fille par le canal de l'ambassade de France puis grâce à des émissaires locaux.

Depuis cent jours, les familles d'otages ont appris la patience à force de subir la douche écossaise des espoirs suivis de désillusions. Espoir lorsque l'otage allemande Renate Wallert est relachée le 17 juillet. Espoir encore lorsque le journaliste allemand Andreas Lorenz est libéré le 27 juillet. Les mauvaises nouvelles sont aussi légion pour les familles comme le 9 juillet, par exemple, avec la prise en otage de trois membres d'une équipe de la chaîne de télévision France 2 (Maryse Burgot, Jean-Jacques Le Garrec et Roland Madura).

Jean Wendling fait les comptes avec un brin d'amertume: "50% des otages allemands sont sortis, 0% des otages français". Il ne veut pourtant pas remettre en cause l'attitude des autorités françaises qui sont en relation avec les responsables philippins. Jacques Chirac, qui a rencontré les familles des otages français dimanche dernier, les a informées qu'un «nouveau processus était engagé» dans les négociations, selon Jean Wendling.

Rumeurs de rançons

Le père de Sonia Wendling refuse de répondre lorsqu'on lui demande si une rançon doit être versée. Il sait que l'hebdomadaire allemand Der Spiegel a confirmé avoir payé une rançon (sans en dévoiler le montant). Il sait aussi que des informations non confirmées indiquent qu'une forte somme a été versée pour obtenir la remise en liberté de Renate Wallert. Rumeurs du même ordre à la suite de la libération de six Malaisiens qui avaient été pris en otage en même temps que les touristes sur l'île de Sipadan le 23 avril. La France pour sa part affirme par la voix du ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine: «verser des rançons, ce serait mettre en danger tous les Français qui circulent dans le monde».

Dans la forêt tropicale de l'île de Jolo, ils sont encore douze otages occidentaux retenus par le groupe Abu Sayyaf (cinq Français, une Franco-Libanaise, deux Allemands, deux Sud-Africains, deux Finlandais). Des otages qui vivent dans des huttes de bambous, nourris de riz agrémenté parfois de sardines et de quelques fruits, sous la surveillance constante des hommes du groupe Abu Sayyaf.

Ce groupuscule inconnu du monde entier s'est fait une renommée planétaire et une petite fortune en l'espace de quelques semaines. L'argent qui a afflué sur l'île pauvre de Jolo (l'argent des rançons versées sans aucun doute) est en train de faire flamber le prix des armes sur le marché noir. Le gouverneur de la province de Sulu (qui comprend l'île de Jolo) affirme même que «les rebelles d'Abu Sayyaf disposent d'assez d'argent pour acheter des chars, des avions et des armes lourdes».

Une menace que le gouvernement de Manille prend de plus en plus au sérieux. Les autorités philippines ont indiqué lundi qu'elles ne toléreraient plus aucune prise d'otages. «Si les rebelles persistent, le gouvernement pourrait changer sa politique» de négociations pacifiques, a indiqué Roberto Aventajado, le négociateur en chef désigné par le gouvernement philippin.



par Philippe  Couve

Article publié le 01/08/2000