Sénégal
De la résistance dans les logements de fonction<br>
Depuis le 19 mars dernier, le vent de l'alternance continue de tout balayer sur son passage. Après les mouvements au sein des sociétés nationales, de l'Armée et du Commandement territorial, le temps est venu aussi pour certains membres de l'ancien régime de rendre les clés des maisons et appartements conventionnés par l'Etat.
Sommés de quitter les logements de fonction qu'ils occupaient jusqu'a présent, beaucoup de dignitaires de l'ancien régime crient au scandale. Parmi les premiers concernés par une telle mesure on trouve l'ancien premier ministre Mamadou Lamine Loum, l'ancien ministre de l'économie et des finances Mohamed El Moustapha Diagne, Magued Diouf, le frère de l'ancien président - il détenait le portefeuille du juteux ministère des Mines et de l'Industrie - et le Maire de Dakar Mamadou Diop.
Seul Magued Diouf et l'ancien premier ministre se sont gardés de tout commentaire jusqu'à présent; mais l'ex-argentier du pays ne décolère pas: « je suis logé par l'Etat depuis 1985, car je suis un inspecteur général d'Etat. Ce n'est qu'en 1988 que j'ai été nommé ministre ». Des explications qui ont laissé froid les services de la Présidence de la République.
Dégoûté, Mohamed El Moustapha Diagne avance: « je vais partir mais je suis éc£uré par ce qui se passe avec l'alternance et je ne resterai pas dans une administration qui fonctionne de manière politicienne, revancharde et sans logique. L'administration est aujourd'hui politisée, je n'ai plus à la servir ».
Quant au maire de Dakar, il conteste la décision d'expulsion le concernant. « Cette décision est la résultante d'un règlement de comptes politiques », avance-t-il. Mamadou Diop continue de mettre en avant son statut de magistrat pour expliquer le caractère illégal de la mesure administrative qu'il semble décidé à porter devant le Conseil d'Etat. L'édile de la ville de Dakar est catégorique: « je suis magistrat, j'ai droit a un logement administratif comme m'y donne le statut des magistrat ».
A la présidence de la République, on continue de brandir les textes: « nous n'avons fait qu'appliquer les textes qu'ils avaient eux-même édictés », répond Ousmane Masseck N'Diaye, secrétaire général de la présidence de la République, qui poursuit: « ce sont des milliards que l'Etat perd sur les logements administratifs, parce que trop de personnes bénéficient de ces logements sur des bases qui ne sont pas claires du tout et qui favorisent le clientélisme ».
Il est vrai que beaucoup de personnes sont logées gratuitement par l'Etat sans que leur statut ne le justifie. Ce sont d'anciens fonctionnaires à la retraite, des marabouts ou d'anciennes épouses des chefs d'Etats africains, comme madame Nino Viera, l'épouse de l'ancien président de Guinée Bissau.
Les Sénégalais ne sont pas restés indifférents à tout ce remue-ménage. Par exemple, les partisans de "Diop le Maire" ont décidé d'organiser une marche pacifique de protestations samedi matin dans le village de Yoff, près de l'aéroport. Pour sa part, le "Député du Peuple", le professeur Iba Der Thiam a adressé aussi une correspondance au premier ministre Moustapha Niasse pour lui demander « clémence et tolérance pour les anciens dignitaires ».
Aujourd'hui nombreux sont les Sénégalais qui applaudissent pour qu'on mette fin aux pratiques de l'ancien régime basées sur le clientélisme et le copinage. Un retour de balancier attendu mais qui doit obéir à des règles strictes estiment les observateurs. L'alternance, écrit Abdoulatif Coulibaly dans Sud Quotidien, « ne saurait être comme une licence pour humilier ou brimer des citoyens sous prétexte qu'ils ont servi l'ancien régime ».
Seul Magued Diouf et l'ancien premier ministre se sont gardés de tout commentaire jusqu'à présent; mais l'ex-argentier du pays ne décolère pas: « je suis logé par l'Etat depuis 1985, car je suis un inspecteur général d'Etat. Ce n'est qu'en 1988 que j'ai été nommé ministre ». Des explications qui ont laissé froid les services de la Présidence de la République.
Dégoûté, Mohamed El Moustapha Diagne avance: « je vais partir mais je suis éc£uré par ce qui se passe avec l'alternance et je ne resterai pas dans une administration qui fonctionne de manière politicienne, revancharde et sans logique. L'administration est aujourd'hui politisée, je n'ai plus à la servir ».
Quant au maire de Dakar, il conteste la décision d'expulsion le concernant. « Cette décision est la résultante d'un règlement de comptes politiques », avance-t-il. Mamadou Diop continue de mettre en avant son statut de magistrat pour expliquer le caractère illégal de la mesure administrative qu'il semble décidé à porter devant le Conseil d'Etat. L'édile de la ville de Dakar est catégorique: « je suis magistrat, j'ai droit a un logement administratif comme m'y donne le statut des magistrat ».
A la présidence de la République, on continue de brandir les textes: « nous n'avons fait qu'appliquer les textes qu'ils avaient eux-même édictés », répond Ousmane Masseck N'Diaye, secrétaire général de la présidence de la République, qui poursuit: « ce sont des milliards que l'Etat perd sur les logements administratifs, parce que trop de personnes bénéficient de ces logements sur des bases qui ne sont pas claires du tout et qui favorisent le clientélisme ».
Il est vrai que beaucoup de personnes sont logées gratuitement par l'Etat sans que leur statut ne le justifie. Ce sont d'anciens fonctionnaires à la retraite, des marabouts ou d'anciennes épouses des chefs d'Etats africains, comme madame Nino Viera, l'épouse de l'ancien président de Guinée Bissau.
Les Sénégalais ne sont pas restés indifférents à tout ce remue-ménage. Par exemple, les partisans de "Diop le Maire" ont décidé d'organiser une marche pacifique de protestations samedi matin dans le village de Yoff, près de l'aéroport. Pour sa part, le "Député du Peuple", le professeur Iba Der Thiam a adressé aussi une correspondance au premier ministre Moustapha Niasse pour lui demander « clémence et tolérance pour les anciens dignitaires ».
Aujourd'hui nombreux sont les Sénégalais qui applaudissent pour qu'on mette fin aux pratiques de l'ancien régime basées sur le clientélisme et le copinage. Un retour de balancier attendu mais qui doit obéir à des règles strictes estiment les observateurs. L'alternance, écrit Abdoulatif Coulibaly dans Sud Quotidien, « ne saurait être comme une licence pour humilier ou brimer des citoyens sous prétexte qu'ils ont servi l'ancien régime ».
par A Dakar, Pape TOURE
Article publié le 14/08/2000