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Russie

Sous-marin russe en perdition

Le Koursk, un sous-marin russe à propulsion nucléaire, est immobilisé depuis dimanche par 100 mètres de fond dans la mer de Barents. Au-delà du drame humain qu'il implique puisque 116 hommes d'équipage sont prisonniers du submersible, cet accident relance le débat sur les dangers du délabrement de la flotte russe.
Le Koursk, un sous-marin mis en service en 1995 et qui faisait jusqu'ici office de fleuron de la marine russe, est en plein scénario catastrophe. Le bâtiment participait à des man£uvres avec d'autres navires de la flotte russe lorsque, dimanche matin, tout contact radio a été rompu brutalement. Après plusieurs heures de recherche, le Koursk a été repéré couché sur le flanc à 150 km au large de la base de Severomorsk dans les eaux internationales entre la Russie et la Norvège à une profondeur de 100 mètres.

Les causes exactes de cet accident ne sont pas encore connues. Après avoir avancé l'hypothèse d'une collision avec un autre bâtiment qui aurait provoqué l'onde choc repérée par des navires russes situés à proximité à ce moment là, les autorités russes semblent aujourd'hui privilégier la thèse de l'explosion à l'intérieur du sous-marin, dans un compartiment à torpilles.

Collision ou explosion ?

La proue et le château du submersible auraient été endommagés, des voies d'eau seraient apparues et auraient permis l'inondation de plusieurs compartiments du bâtiment. Quant à l'équipage, il est selon toute vraisemblance réfugié à la poupe du sous-marin. Dans quel état ? Y-t-il eu des victimes ou des blessés ? L'absence de contact radio avec les marins prisonniers du bâtiment rend difficile l'évaluation de la situation de ces hommes. Jusqu'à présent, le seul moyen de communiquer avec eux était d'établir un contact « acoustique » en morse grâce à des coups frappés sur la coque du submersible.

Une tempête a retardé le démarrage des opérations de sauvetage. Les deux bâtiments russes arrivés sur la zone pour tenter de récupérer les membres d'équipage n'ont pu débuter leur intervention que mardi 15 août en début d'après-midi à l'occasion d'une accalmie.

L'amiral Vladimir Kouroïedov, commandant en chef de la marine russe, a lui même estimé que les chances de sauver les marins étaient « faibles ». Leur évacuation du bâtiment de type Oscar II (classification de l'OTAN) dépend de nombreux facteurs comme la manière dont le sous-marin est positionné au fond de la mer, le nombre de compartiments inondés, l'augmentation de la pression atmosphérique, de la température, les réserves d'airà

Malgré la difficulté des man£uvres pour tenter l'évacuation des marins et l'urgence extrême dans laquelle il faut agir pour avoir une chance de sauver leurs vies, les autorités russes ont refusé pour l'instant toute aide internationale, américaine notamment, estimant qu'elles avaient tous les moyens techniques et humains nécessaires pour mener ces opérations dans des conditions optimales. Malgré tout, si la situation ne se débloque pas dans les prochaines heures, les pronostics les plus pessimistes peuvent être faits quant à l'avenir des marins.

116 marins prisonniers

Les craintes d'une pollution radioactive ont, pour l'instant, été écartées. Des mesures réalisées notamment par l'Institut norvégien pour la prévention des radiations, ont donné des résultats négatifs. Le Koursk est, en effet, porteur de 24 missiles mais aucun ne serait équipé de tête nucléaire. Quant au réacteur du submersible, il aurait été arrêté. Le principal danger viendrait maintenant d'une tentative de l'équipage de le redémarrer pour produire de l'électricité ce qui pourrait déclencher un incendie et provoquer un accident nucléaire.

Quoi qu'il en soit, c'est un coup dur pour la marine russe. L'état de ses sous-marins nucléaires et la capacité de l'armée à les entretenir pour éviter d'en faire des bombes flottantes, a déjà fait l'objet de bien des interrogations et débats que l'accident du Koursk ne saurait manquer de relancer. Dans ce contexte, les prétentions de Vladimir Poutine de redonner à son pays le statut de grande puissance maritime risquent d'être révisées à la baisse. Quant à sa décision d'envoyer prochainement une mission navale russe en méditerranée pour prendre place dans cette région stratégique, elle pourrait bien être remise en cause.



par Valérie  Gas

Article publié le 15/08/2000