Pétrole
Un drame pour les plus pauvres
La nouvelle envolée des prix du pétrole, qui ont atteint à la mi-août leurs plus haut niveaux depuis la crise du Golfe en 1990, crée une situation dramatique pour les pays consommateurs les plus pauvres, en Afrique et ailleurs, tout en faisant l'affaire des pays producteurs, qu'ils soient membres ou non de l'Opep.
Les cours du Brent, le brut de référence de la Mer du Nord, ont dépassé les 30 dollars le baril pendant près d'une semaine au milieu du mois, touchant même brièvement 32,80, le plus haut depuis 1990, au grand dam des grands pays importateurs industrialisés, notamment les Etats-Unis et ceux de l'Union Européenne. La commissaire à l'énergie de l'Union européenne, Loyola de Palacio, a même pris son téléphone pour rappeler au ministre vénézuélien de l'énergie Ali Rodriguez, l'actuel président de l'Opep, que la «volatilité» récente des cours n'a des effets positifs ni pour les producteurs, ni pour les pays industrialisés.
Le sommet des grandes puissances du Groupe des Sept (G7) à Okinawa (Japon) en juillet dernier avait aussi appelé à une stabilisation des prix du pétrole, certains participants ayant exprimé leurs craintes d'une flambée inflationniste. Comme la meilleure arme contre l'inflation reste la hausse des taux d'intérêt, les pessimistes voient déjà à l'horizon un ralentissement de la croissance. On en est encore loin et les pays industrialisés, qui ont rompu le lien entre croissance et consommation pétrolière n'ont pas à redouter un nouveau «choc» pétrolier comme en 1974-1975 ou 1979-1980, même si le fioul et l'essence risquent de rester chers au cours de l'hiver prochain.
Pour les pays importateurs les plus pauvres, surtout les pays enclavés de l'Afrique subsaharienne, la situation est nettement plus sérieuse. «C'est le drame», commente un expert africain. La région consomme à peu près 52 millions de tonnes de produits pétroliers par an, dont 60% de diesel et près de 40% d'essence. En décembre dernier, alors que les cours du brut variaient entre 22 et 26 dollars le baril, la facture pétrolière mensuelle de la région, y compris l'Afrique du Sud, était estimé à environ 930 millions de dollars, soit plus de 11 milliards en rythme annuel. Selon un calcul rapide, aux prix actuels en hausse de quelque 60% par rapport à la moyenne de 1999, la facture pourrait atteindre un montant mensuel de l'ordre de 1,1 à 1,2 milliards de dollars, soit de 3,5 à 4% du produit intérieur brut (PIB) de la région, et plus de 10% de ses exportations.
Pour une douzaine de pays enclavés de la région, il faut ajouter le coût du transport et les frais connexes, qui, pour certains, représentent pratiquement un tiers du coût total. La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) tient ainsi la hausse de la facture pétrolière pour responsable d'une baisse de 1 à 1,5 points de croissance dans les pays de la Zone Franc de sa région. Les importateurs subissent aussi de plein fouet l'impact de la hausse du dollar, monnaie de référence et de règlement pour le pétrole, par rapport au franc français et à l'euro auquel est lié le franc CFA.
En revanche, les pays producteurs africains, en particulier ceux du Golfe de Guinée se frottent les mains, tout comme les autres, membres ou non de l'Opep. Les revenus supplémentaires tombent à point nommé pour des pays comme le Nigeria, l'Angola ou le Congo Brazzaville, dont les économies sont toujours en crise.
Comme la plupart des pays de l'Opep, dont les ministres du pétrole se retrouvent début septembre à Vienne avant le sommet du 40e anniversaire de l'organisation à Caracas à la fin du mois, les producteurs africains admettent qu'un cours moyen du brut de l'ordre de 25 dollars le baril serait raisonnable. Mais ils ne refusent pas la manne actuelle.
Le sommet des grandes puissances du Groupe des Sept (G7) à Okinawa (Japon) en juillet dernier avait aussi appelé à une stabilisation des prix du pétrole, certains participants ayant exprimé leurs craintes d'une flambée inflationniste. Comme la meilleure arme contre l'inflation reste la hausse des taux d'intérêt, les pessimistes voient déjà à l'horizon un ralentissement de la croissance. On en est encore loin et les pays industrialisés, qui ont rompu le lien entre croissance et consommation pétrolière n'ont pas à redouter un nouveau «choc» pétrolier comme en 1974-1975 ou 1979-1980, même si le fioul et l'essence risquent de rester chers au cours de l'hiver prochain.
Pour les pays importateurs les plus pauvres, surtout les pays enclavés de l'Afrique subsaharienne, la situation est nettement plus sérieuse. «C'est le drame», commente un expert africain. La région consomme à peu près 52 millions de tonnes de produits pétroliers par an, dont 60% de diesel et près de 40% d'essence. En décembre dernier, alors que les cours du brut variaient entre 22 et 26 dollars le baril, la facture pétrolière mensuelle de la région, y compris l'Afrique du Sud, était estimé à environ 930 millions de dollars, soit plus de 11 milliards en rythme annuel. Selon un calcul rapide, aux prix actuels en hausse de quelque 60% par rapport à la moyenne de 1999, la facture pourrait atteindre un montant mensuel de l'ordre de 1,1 à 1,2 milliards de dollars, soit de 3,5 à 4% du produit intérieur brut (PIB) de la région, et plus de 10% de ses exportations.
Pour une douzaine de pays enclavés de la région, il faut ajouter le coût du transport et les frais connexes, qui, pour certains, représentent pratiquement un tiers du coût total. La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) tient ainsi la hausse de la facture pétrolière pour responsable d'une baisse de 1 à 1,5 points de croissance dans les pays de la Zone Franc de sa région. Les importateurs subissent aussi de plein fouet l'impact de la hausse du dollar, monnaie de référence et de règlement pour le pétrole, par rapport au franc français et à l'euro auquel est lié le franc CFA.
En revanche, les pays producteurs africains, en particulier ceux du Golfe de Guinée se frottent les mains, tout comme les autres, membres ou non de l'Opep. Les revenus supplémentaires tombent à point nommé pour des pays comme le Nigeria, l'Angola ou le Congo Brazzaville, dont les économies sont toujours en crise.
Comme la plupart des pays de l'Opep, dont les ministres du pétrole se retrouvent début septembre à Vienne avant le sommet du 40e anniversaire de l'organisation à Caracas à la fin du mois, les producteurs africains admettent qu'un cours moyen du brut de l'ordre de 25 dollars le baril serait raisonnable. Mais ils ne refusent pas la manne actuelle.
par Jan Kristiansen
Article publié le 24/08/2000