Burundi
La paix encore loin
Malgré les efforts de Nelson Mandela et la présence de Bill Clinton, seulement 12 des 19 délégations burundaises ont signé un «accord de paix» pour le moins controversé, lundi soir à Arusha (Tanzanie). En dépit du ralliement de deux autres partis mardi, ce texte ne règle pas définitivement la question du partage du pouvoir entre Hutus et Tutsis et, surtout, ne met pas fin à la guerre civile qui ensanglante ce petit pays de la région des Grands Lacs.
Pour l'occasion, Nelson Mandela, principal médiateur dans le conflit qui divise le Burundi, avait convié une vingtaine de chefs d'Etats africains et avait même réussi, il y a quelques semaines, à convaincre Bill Clinton de participer à la cérémonie. La présence du chef de la Maison Blanche, lundi soir à Arusha, aux côtés d'autres invités de marque aura certes permis l'adoption d'un texte. Mais il est loin de régler un conflit qui a fait 200 000 morts depuis 1993. Sur les 19 délégations burundaises qui participent depuis deux ans aux négociations devant mettre fin à la guerre civile, 12 seulement ont accepté le texte. Parmi les 10 partis représentant la minorité Tutsie, qui domine le pouvoir, quatre des plus importants, dont l'UPRONA (ex-parti unique), rejoints mardi par deux autres mouvements, sont signataires, mais ont exprimé d'importantes réserves. Quant aux dix partis Hutus, dont le principal le FRODEBU, ils ont tous signé l'accord. Mais la portée de leur décision est réduite par l'absence des deux principaux groupes armés Hutus, le CNDD-FDD et le FNL, qui ont choisi de rester en dehors du processus.Les médiateurs n'ont pourtant pas ménagé leurs efforts pour parvenir à concilier les positions du gouvernement du major Pierre Buyoya, revenu au pouvoir lors d'un coup d'Etat en juillet 1996, et des différents mouvements politiques. La cérémonie initialement prévue lundi à midi a même été retardée de plusieurs heures. Au final, malgré la signature des acteurs politiques les plus importants, l'accord ne règle que partiellement la crise que connaît le Burundi depuis l'assassinat, en 1993, du premier président démocratiquement élu Melchior Ndadaye. En l'absence des rebelles hutus, aucun accord de cessez-le-feu n'a pu être conclu, ce qui retarde d'autant toute solution à la guerre civile. Plusieurs incidents mortels ont d'ailleurs eu lieu, dans les jours précédents la cérémonie d'Arusha, laissant penser que les mouvements armés se livraient à une surenchère pour faire pression sur les négociations.
Quant au texte proprement dit, il vise essentiellement a régler les modalités d'un partage du pouvoir entre la majorité hutue, qui représente environ 85% de la population, et la minorité Tutsie (à peu près 14%). L'accord prévoit notamment une période de transition de trente mois, au cours de laquelle les différentes composantes politiques se partageront le pouvoir, mais qui ne débutera qu'après une «pré-transition» de trois à six mois. Il est également question de réforme judiciaire, de la création d'une commission vérité réconciliation et surtout de l'intégration de la rébellion dans une armée équitablement composée de Hutus et de Tutsis. Cette dernière disposition sera sans doute l'une des plus difficiles à mettre en pratique. Presque exclusivement constituée de Tutsis de la région de Bururi (sud du pays), la hiérarchie militaire a toujours été réticente au changement. C'est d'ailleurs au moment où il tentait un rééquilibrage ethnique en son sein que Melchior Ndadaye, un Hutu à qui Pierre Buyoya avait démocratiquement transmis le pouvoir en 1993, a été assassiné.
Après la signature de ce qui n'apparaît que comme un demi accord de paix, les Etats-Unis, la France, la Belgique et les Nations unies ont salué un progrès pour la paix. Mais personne n'est dupe. A commencer par Nelson Mandela qui a eu des mots très durs pour les partis tutsis non signataires, les accusant d'avoir voulu saboter les négociations et estimant que les "groupes armés sont en droit de refuser un cessez-le-feu jusqu'à ce que le processus de paix soit irréversible". Selon l'agence Hirondelle, le facilitateur entend toutefois poursuivre ses efforts dans les prochains jours pour convaincre les récalcitrants et surtout obtenir le ralliement des mouvement armés Hutus.
Quant au texte proprement dit, il vise essentiellement a régler les modalités d'un partage du pouvoir entre la majorité hutue, qui représente environ 85% de la population, et la minorité Tutsie (à peu près 14%). L'accord prévoit notamment une période de transition de trente mois, au cours de laquelle les différentes composantes politiques se partageront le pouvoir, mais qui ne débutera qu'après une «pré-transition» de trois à six mois. Il est également question de réforme judiciaire, de la création d'une commission vérité réconciliation et surtout de l'intégration de la rébellion dans une armée équitablement composée de Hutus et de Tutsis. Cette dernière disposition sera sans doute l'une des plus difficiles à mettre en pratique. Presque exclusivement constituée de Tutsis de la région de Bururi (sud du pays), la hiérarchie militaire a toujours été réticente au changement. C'est d'ailleurs au moment où il tentait un rééquilibrage ethnique en son sein que Melchior Ndadaye, un Hutu à qui Pierre Buyoya avait démocratiquement transmis le pouvoir en 1993, a été assassiné.
Après la signature de ce qui n'apparaît que comme un demi accord de paix, les Etats-Unis, la France, la Belgique et les Nations unies ont salué un progrès pour la paix. Mais personne n'est dupe. A commencer par Nelson Mandela qui a eu des mots très durs pour les partis tutsis non signataires, les accusant d'avoir voulu saboter les négociations et estimant que les "groupes armés sont en droit de refuser un cessez-le-feu jusqu'à ce que le processus de paix soit irréversible". Selon l'agence Hirondelle, le facilitateur entend toutefois poursuivre ses efforts dans les prochains jours pour convaincre les récalcitrants et surtout obtenir le ralliement des mouvement armés Hutus.
par Christophe Champin
Article publié le 29/08/2000