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Financement du RPR

Le procès d'un système

Le procès de l'affaire Casetta s'est ouvert mercredi 6 septembre devant le tribunal de grande instance de Nanterre. La justice doit se pencher sur des malversations d'entreprises de travaux publics qui auraient servi à financer illégalement le RPR, au début des années quatre-vingt-dix. Ce procès met en évidence le fonctionnement du financement occulte du parti de Jacques Chirac.
Affaire Tibéri, mise en examen de l'ancien Premier ministre Alain Juppé, affaire Casetta, depuis quelques années, l'actualité du RPR est souvent liée à l'actualité judiciaire. Le parti gaulliste n'est cependant pas le seul à faire la Une des affaires. Au début des années quatre-vingt-dix, le parti socialiste avait également eu à s'expliquer sur ses pratiques occultes avec l'affaire Urba. A l'époque, l'ancien trésorier du PS, Henri Emmanuelli avait dû démissionner. Il avait alors été écarté de la vie politique pendant deux ans.

Le procès qui s'est ouvert ce mercredi hier à Nanterre doit faire la lumière sur le financement occulte du parti du président Chirac. Il implique pour la première fois d'anciennes personnalités du RPR. En première ligne, Louise-Yvonne Casetta. Au moment des faits, elle occupait officiellement la fonction d'adjointe au directeur administratif et financier au sein de son parti. Mais la justice la soupçonne d'avoir collecté l'argent occulte du RPR. Cependant elle n'est pas seule. Jacques Oudin, trésorier du parti entre 1993 et 1995 comparaît à ses côtés. Ils sont mis tous les deux en examen pour trafic d'influence et abus de biens sociaux. Autre personnalité dans le collimateur des juges, Jean Godfroid, ex-directeur de l'architecture de la ville de Paris. Il est mis en examen pour complicité de trafic d'influence et favoritisme.



Une affaire encore longue

L'affaire Casetta met au grand jour les rouages du financement occulte du RPR via la mairie de Paris. L'enquête explicite également le fonctionnement du système des fausses factures, un type de corruption courant. En 1993, un juge de Bourg-en-Bresse enquête sur la chute d'une entreprise de travaux publics et découvre l'existence de sociétés spécialisées dans l'émission de fausses factures. Elles sont dirigées par Jean-François Donzet, un homme d'affaires qui se présente comme conseil en finances locales. Deux de ses sociétés sont basées à Nanterre, près de Paris. Le procureur des Hauts-de-Seine récupère donc l'affaire à partir de 1995. Le juge Desmure chargé de l'enquête, commence alors à recenser les entreprises de travaux publics qui ont profité des services de Jean-François Donzet. En 1996, il tombe sur l'entreprise Mazotti. Ses dirigeants admettent très vite avoir eu recours aux fausses factures. Ils affirment utiliser cet argent pour le reverser au RPR afin d'obtenir des marchés parisiens. C'est là qu'apparaît Louise-Yvonne Casetta. Selon le PDG de Mazotti, c'est elle qui était chargée de collecter ces commissions occultes.

Le PDG de Mazotti semble par ailleurs avoir bénéficié d'informations privilégiées sur des chantiers parisiens. Le juge soupçonne un trafic d'influence. Après plusieurs mois d'enquête, il décide de mettre en examen Jean Godfroid et Jacques Oudin, les deux autres responsables du RPR.

Le procès de l'affaire Casetta n'est qu'une partie du dossier suivi par le juge Desmure. Une autre affaire, plus médiatique encore, est toujours en instruction: il s'agit des emplois fictifs de la mairie de Paris. C'est dans ce volet qu'a déjà été évoquée l'implication de Jacques Chirac, à l'époque où le président de la République était maire de Paris.




par Michel  KHELIFA

Article publié le 07/09/2000