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Nations unies

L'appel de Bill Clinton<br> <br>

147 chefs d'Etat et de gouvernement participent finalement au sommet du millénaire. Si le sida, la paix et la lutte contre la pauvreté sont les trois principaux dossiers prévus à l'ordre du jour, c'est la question du processus de paix israélo-palestinien qui retient le plus l'attention.
Dès l'ouverture du sommet de New York, Bill Clinton est entré dans le vif du sujet. Le président américain, qui était le premier orateur à s'exprimer devant les 147 chefs d'Etat et de gouvernement présents, a appelé Yasser Arafat et Ehoud Barak à «prendre le difficile risque de la paix. Ils ont une chance de le faire, mais comme toutes les dernières chances elle est éphémère et sur le point de s'évanouir, a-t-il déclaré. Il n'y a pas un instant à perdre, nous devons les aider».

De leur côté, Ehoud Barak et Yasser Arafat ont relayé l'appel américain en affirmant leur volonté de parvenir à la paix. Du haut de la tribune, le Premier ministre israélien s'est adressé à Yasser Arafat, l'invitant à prendre avec lui les décisions nécessaires à la paix. «J'appelle Arafat à se joindre à moi dans cette étape historique, pour franchir ensemble le Rubicon, a-t-il dit. Aucun de nous ne peut le franchir seul».

Cependant, les bonnes intentions de chacun ne résorbent pas les divergences des deux camps quant au statut de Jérusalem. Lors de son discours, Ehoud Barak a reconnu pour la première fois le caractère sacré de la ville pour les Palestiniens. Cependant cette avancée ne remet nullement en cause la position israélienne: Jérusalem doit rester une ville unie. C'est précisément sur ce point que butte la finalisation d'un accord de paix. Pour Yasser Arafat, aucune solution n'est envisageable sans la souveraineté sur Jérusalem-Est, ce que refuse Ehoud Barak. Dès lors, le président de l'Autorité palestinienne a promis de faire tout son possible pour arriver à la paix tout en critiquant la politique de l'Etat hébreu. «Nous nous trouvons devant des tentatives israéliennes de judaïser Jérusalem, a-t-il déclaré, critiquant l'absence d'une application honnête et à la lettre des accords signés par Israël».

Rencontre impromptue Clinton Castro

Malgré la persistance de ces divergences, Bill Clinton a tenté une fois de plus de rapprocher les positions de deux hommes. Il a d'abord rencontré le premier ministre israélien avant de s'entretenir avec Yasser Arafat. Mais pour l'instant aucune rencontre entre les trois hommes n'est prévue. De son côté, le président Chirac, qui a également rencontré longuement les deux hommes, les a aussi «engagés à travailler dans un esprit de paix».

La paix au Proche-Orient n'est cependant pas le seul dossier sensible du sommet. Pour sa première allocution à l'ONU, Vladimir Poutine s'est prononcé contre toute militarisation de l'espace. Le président russe a proposé également la tenue d'un sommet à Moscou dès le printemps prochain afin d'éviter que l'espace ne devienne la prochaine "frontière" nucléaire. Vladimir Poutine faisait alors allusion au projet de déploiement d'un système national de défense antimissile par les Etats-Unis. La semaine dernière, Bill Clinton avait renoncé à donner son feu vert au déploiement de ce système.

Autre orateur attendu, Fidel Castro a fustigé le nouvel ordre mondial. Le lider maximo habitué aux discours-fleuve a réussi, à deux minutes près, à s'en tenir aux cinq minutes imparties à chaque orateur. Le temps pour lui de s'en prendre aux Etats-Unis, sans les citer, en estimant que le principe de souveraineté ne pouvait être sacrifié à «un ordre injuste et mauvais qu'une superpuissance hégémonique utilise pour essayer de décider tout par elle-même». La Maison Blanche n'a pas beaucoup apprécié ces déclarations. Mais Fidel Castro et Bill Clinton se sont tout de même échangé quelques mots ce jeudi, lors d'une rencontre fortuite dans les couloirs de l'immeuble de verre des Nation Unies .C'était le premier face à face entre le dirigeant cubain et un président américain depuis quarante ans.



par Michel  KHELIFA

Article publié le 08/09/2000