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Affaires politico-financières

La confession posthume<br>de Jean-Claude Méry

Dans son édition du 22 septembre 2000, le quotidien Le Monde publie la confession posthume de l'entrepreneur Jean-Claude Méry, homme-clé du financement occulte présumé du RPR à partir de la Mairie de Paris.
La cassette décrit très précisément un système, celui du trucage des marchés publics parisiens dans les années quatre-vingt et le circuit de financement politique que ce système donc aurait alimenté. Au total, d'après cette bande vidéo, ce seraient 35 à 40 millions de francs qui auraient été collectés chaque année, en liquide, au bénéfice du RPR mais aussi du parti socialiste et du parti communiste français. Des révélations qui visent pourtant essentiellement le chef de l'Etat, puisque d'après ce document, son ancien directeur de cabinet à l'Hôtel de Ville, puis à Matignon, Michel Roussin est décrit comme l'intendant du système.

L'un des temps forts du témoignage consiste d'ailleurs en la relation d'une scène qui se serait produite en 1986 à l'Hôtel Matignon, à l'époque donc où Jacques Chirac était Premier Ministre. Jean-Claude Rémy raconte avoir remis sa présence 5 millions en liquide à Michel Roussin. Cette publication a donné lieu à la publication d'un vigoureux démenti de la part de la porte-parole de l'Elysée, Catherine Colonna.

Message parasité

Il est extrêmement rare que la porte-parole de l'Elysée s'exprime de manière aussi solennelle, avec une telle gravité. La vigueur du démenti est à la mesure de l'importance que le chef de l'Etat accorde à l'affaire. Le contexte politique dans lequel intervient cette publication provoque des interrogations... A trois jours d'un référendum pour lequel l'abstention annoncée est d'ores et déjà commentée comme une manifestation du discrédit de la classe politique...

A un moment où pour la première fois, le Premier Ministre se trouve en difficulté, à quelques heures d'une intervention télévisée du président de la République au cours de laquelle celui-ci espérait reprendre la main. De fait, son message va se trouver parasité par cette confession posthume sur laquelle Jean-Claude Méry, décédé depuis un an ne peut s'expliquer, confession en contradiction avec tous les propos qu'il a pu tenir postérieurement dans le bureau du juge Halphen. Dans sa prochaine édition, Le Monde explique cette contradiction avec de nouveaux extraits dans lesquels Jean-Claude Méry évoque des pressions et des promesses contre son silence. Reste qu'un tel choix éditorial pose un problème déontologique. Le Monde dit avoir tranché après réflexion en faveur de la publication pour la valeur historique du document...




par Geneviève  Goetzinger

Article publié le 21/09/2000