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Culture

Une fable persane engagée

Il avait crée la surprise au festival de Cannes et décroché le prix du Jury. Le tableau noir , le film de la jeune iranienne Samira Makhmalbaf sort sur les écrans français. Une fable orientale qui oscille entre poésie et réalisme, sur fond de guerre dans le Kurdistan.
Un homme de dos qui porte accroché sur les épaules, un grand tableau noir encore vierge. Le vent souffle fort et les pierres qui parsèment les chemins sont tranchantes. Nous sommes dans les montagnes du Kurdistan, où de jeunes garçons, écoliers buissonniers, se livrent à la contrebande, opération bien plus rentable que l'apprentissage des mathématiques. Mais deux instituteurs en mal d'élèves ne l'entendent pas de cette oreille et vont tenter, coûte que coûte, de les instruire. Avec pour seuls arguments, un bout de craie et une foi inébranlable dans l'éducation.

Cela débute comme un conte. Les dialogues ne manquent pas d'humour, notamment lors des scènes de séduction entre l'instituteur Saïd et une jeune veuve qu'il convoite. Mais la fable devient vite porteuse de message : vers où marchent-ils comme ça, ces jeunes et vieux qui chantent et psamoldient sur les routes caillouteuses ? Que fuient-ils ? On comprend soudain que dans les rudes montagnes se joue le drame du Kurdistan, à la frontière de l'Iran et de l'Irak. Le tableau noir deviendra, même le temps d'un bombardement, un bouclier sous lequel se cachent les instituteurs et les jeunes élèves.

Cinéma iranien florissant

L'instruction et l'éducation comme réponse à l'oppression. Nous voilà donc au c£ur du film signé par la jeune réalisatrice, Samira Makhmalbaf. Sa fraîcheur et sa spontanéité ont séduit Cannes. A vingt ans, la jeune femme a reçu le Prix du jury dans un éclat de rires mêlé de larmes d'émotion. Sous le foulard, la détermination d'une jeune femme dont certains courts-métrages sont encore interdits de diffusion en Iran.

Le cinéma pour Samira, c'est un petit peu comme l'histoire d'Astérix. Elle est tombée dedans quand elle était petite. Elle n'est autre que la fille de Mohsen, le réalisateur de Salam cinéma , Gabbeh , Le silence , considéré comme l'un des chefs de file du cinéma iranien, aux côtés de Abbas Kiarostami ( Le vent nous emportera ). Samira fait ses débuts à l'âge de huit ans. A seize ans, elle réalise une fiction et un documentaire et présente, à Cannes déjà, La pomme .
Décidément, on parle beaucoup du cinéma persan en cette rentrée. Bahman Ghobadi, réalisateur de L'ivresse des chevaux , joue dans Le tableau noir , et à la Mostra de Venise, Le cercle de Jafar Panahi a reçu le prestigieux Lion d'or.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 11/10/2000