Tunisie
Ben Ali «administrateur» des droits de l'homme
La justice tunisienne a ordonné lundi 27 novembre le «gel immédiat» des activités de la Ligue des droits de l'homme. Une «procédure d'urgence» qui vise à la placer sous administration judiciaire et ensuite de la dissoudre, selon son président Mokhtar Trifi.
Lundi 27 novembre, après une longue campagne de dénigrement orchestrée par le pouvoir, et visant sa dissolution, la Ligue tunisienne de Défense des droits de l'homme (LTDH) a vu ses activités frappées d'un «gel immédiat» par la justice. Cette décision a été aussitôt mise en application, selon un communiqué de la Ligue, après la décision du juge des référés. Celui-ci a également précisé que le 30 novembre une administration judiciaire du fonctionnement de cette organisation sera mis en place. Autant dire que la Ligue des droits de l'homme, qui a souvent osé dénoncer la violation presque systématique de ces droits sous le régime de Zine Ben Ali, ne peut plus continuer ses activités.
Deux islamistes en grève de la faim depuis 80 jours
Cette nouvelle action contre toute voix discordante avait commencé à la fin octobre, lorsque la LTDH s'était dotée d'une direction autonome, régulièrement élue par ses membres, et avait élu président Mokhtar Trifi. Ce qui avait fortement déplu au pouvoir qui, à plusieurs reprises, avait essayé de «nationaliser» cette organisation, en faisant élire l'un de ses proches à la présidence du mouvement. En octobre dernier, quatre candidats favorables au régime avaient en vain tenté de mettre la main sur cette organisation, en briguant sa présidence. Par la suite ils avaient introduit une action en justice contre le président élu, dans le but de l'éloigner de la présidence et permettre la désignation d'un administrateur judiciaire. Ils contestaient la légalité même du congrès tenu les 29 et 30 octobre 2000 et mettaient en avant des «violations du statut» dans la préparation de ces assises.
Dans son communiqué, Mokhtar Trifi a lancé un appel pressant à «défendre l'existence de la Ligue et de son indépendance contre l'attaque dont elle est l'objet et qui ne sert ni les intérêts des droits de l'homme, ni celui de la Tunisie». Cet appel a été aussitôt repris par deux organisations internationales : la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, basée à Paris), et l'OMCT (Organisation mondiale contre la torture, basée à Genève) ont déclaré dans un communiqué commun que «la mobilisation de tous peut, seule, permettre de mettre fin à la répression et rétablir dans leurs droits tous les citoyens tunisiens».
Ce n'est pas la première fois que la LTDH doit faire face à la répression judiciaire et policière du régime. En 1992 elle avait connu une longue crise, après avoir été mise hors la loi à cause de son refus catégorique de se soumettre à une nouvelle loi sur les associations, qu'elle jugeait liberticide.
La justice tunisienne fait également l'objet de critiques à propos d'un procès retentissant, concernant le groupe islamiste Ansar. Deux des prevenus, Abdelatif Bouhjila et Yassine Benzarti, en grève de la faim depuis plus de 80 jours, ont été contraints de comparaître, sur des civières et ensuite couchés sur le banc des accusés. Le verdict a été rendu en l'absence des avocats de la défense : le tribunal de première instance de Tunis a prononcé des peines allant de deux à dix-sept ans de prison contre quatorze membres présumés d'Ansar (partisans) . «Indépendamment des charges retenues, certains prévenus n'étaient pas en mesure d'entendre, encore moins de se défendre», a déclaré Me Nourrdine Bhiri, avocat de la défense. Sa collègue Mme Radia Nasraoui a refusé quant à elle de commenter le verdict issu d'un procès «inéquitable où des droits de la défense ont été bafoués alors que des prévenus étaient à l'agonie». Les deux grévistes de la faim n'avaient même pas répondu à l'appel de leurs noms par le juge Yefrni : ils n'avaient pas non plus réagi à la lecture de l'acte d'accusation.
Deux islamistes en grève de la faim depuis 80 jours
Cette nouvelle action contre toute voix discordante avait commencé à la fin octobre, lorsque la LTDH s'était dotée d'une direction autonome, régulièrement élue par ses membres, et avait élu président Mokhtar Trifi. Ce qui avait fortement déplu au pouvoir qui, à plusieurs reprises, avait essayé de «nationaliser» cette organisation, en faisant élire l'un de ses proches à la présidence du mouvement. En octobre dernier, quatre candidats favorables au régime avaient en vain tenté de mettre la main sur cette organisation, en briguant sa présidence. Par la suite ils avaient introduit une action en justice contre le président élu, dans le but de l'éloigner de la présidence et permettre la désignation d'un administrateur judiciaire. Ils contestaient la légalité même du congrès tenu les 29 et 30 octobre 2000 et mettaient en avant des «violations du statut» dans la préparation de ces assises.
Dans son communiqué, Mokhtar Trifi a lancé un appel pressant à «défendre l'existence de la Ligue et de son indépendance contre l'attaque dont elle est l'objet et qui ne sert ni les intérêts des droits de l'homme, ni celui de la Tunisie». Cet appel a été aussitôt repris par deux organisations internationales : la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme, basée à Paris), et l'OMCT (Organisation mondiale contre la torture, basée à Genève) ont déclaré dans un communiqué commun que «la mobilisation de tous peut, seule, permettre de mettre fin à la répression et rétablir dans leurs droits tous les citoyens tunisiens».
Ce n'est pas la première fois que la LTDH doit faire face à la répression judiciaire et policière du régime. En 1992 elle avait connu une longue crise, après avoir été mise hors la loi à cause de son refus catégorique de se soumettre à une nouvelle loi sur les associations, qu'elle jugeait liberticide.
La justice tunisienne fait également l'objet de critiques à propos d'un procès retentissant, concernant le groupe islamiste Ansar. Deux des prevenus, Abdelatif Bouhjila et Yassine Benzarti, en grève de la faim depuis plus de 80 jours, ont été contraints de comparaître, sur des civières et ensuite couchés sur le banc des accusés. Le verdict a été rendu en l'absence des avocats de la défense : le tribunal de première instance de Tunis a prononcé des peines allant de deux à dix-sept ans de prison contre quatorze membres présumés d'Ansar (partisans) . «Indépendamment des charges retenues, certains prévenus n'étaient pas en mesure d'entendre, encore moins de se défendre», a déclaré Me Nourrdine Bhiri, avocat de la défense. Sa collègue Mme Radia Nasraoui a refusé quant à elle de commenter le verdict issu d'un procès «inéquitable où des droits de la défense ont été bafoués alors que des prévenus étaient à l'agonie». Les deux grévistes de la faim n'avaient même pas répondu à l'appel de leurs noms par le juge Yefrni : ils n'avaient pas non plus réagi à la lecture de l'acte d'accusation.
par Elio Comarin
Article publié le 28/11/2000