Génocide
Génocide arménien : la reconnaissance
C'est aux cris de « Bravo » que les Arméniens, nombreux dans les tribunes du Sénat, ont accueilli, tôt mercredi matin, la décision des sénateurs français de reconnaître le génocide arménien de 1915 par les Turcs. Les relations entre la France et la Turquie s'annoncent crispées.
Rarement autant de sénateurs se trouvaient dans l'hémicycle en nocturne. La nuit de mardi à mercredi a été longue. La proposition de loi a été adoptée à 5h30 mercredi matin. La discussion sur cette proposition de loi déposée par Jean-Claude Gaudin (DL et maire de Marseille) avait commencé trois heures plus tôt, à 2 heures du matin. Finalement, elle a été adoptée par 164 voix contre 40 et 4 abstentions. Elle va être maintenant transmise à l'Assemblée nationale.
Le gouvernement «s'associe à la peine et au souvenir des massacres de 1915 », a déclaré le ministre des Relations avec le parlement Jean-Jack Queyranne. « Le devoir de mémoire envers les victimes de la barbarie est un devoir sacré ». « La France est l'amie de l'Arménie. Elle est aussi l'amie de la Turquie moderne qui ne peut être tenue pour responsable de faits survenus dans les convulsions de la fin de l'Empire ottoman », a-t-il poursuivi, anticipant les réactions d'Ankara qui ne se sont pas faites attendre.
L'ambassadeur de France en Turquie a en effet été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères. Selon l'AFP, le président de la commission des Affaires étrangères du parlement turc, Kamran Inan, a aussitôt mis en garde contre les « répercussions diplomatiques », si l'Assemblée nationale française devait entériner cette proposition de loi. A Paris, les autorités françaises ont tenté de rassurer Ankara en rappelant que Paris souhaite maintenir et développer avec la Turquie « des relations étroites ».
« Tragédie » plutôt que « génocide »
L'ambiance semblait pourtant à la crispation d'autant que Bruxelles a de son côté fait savoir que la Turquie ne « répond pas encore aux conditions d'ouverture de négociations » d'adhésion à l'Union européenne, selon un projet de la Commission européenne sur l'élargissement.
A Erevan, les autorités arméniennes se sont bien sûr réjouies de la décision du Sénat français au nom de « la vérité historique ». Pour sa part, la communauté arménienne de France s'est dit « très heureuse ». Elle compte quelque 500 000 personnes (200 000 en région parisienne, 150 000 à Marseille et 100 000 en Rhône Alpes).
La question de la reconnaissance n'est pas récente et elle a toujours été liée à la teneur des relations franco-turques. Dès 1965 en France elle avait été soulevée à l'occasion du cinquantième anniversaire du génocide. Mais on préfèrera jusqu'ici parler de « tragédie » évitant soigneusement d'employer celui de « génocide ».
Les déportations vers la Syrie (alors province de l'Empire ottoman) et les massacres d'Arméniens entre 1915 et 1917 ont fait entre 1, 2 et 1,3 million de morts selon les Arméniens, entre 300 000 à 500 000 selon les Turcs. Selon les historiens, durant la première guerre mondiale, la plupart des victimes arméniennes ont été tuées sur place, ou sont mortes au cours de leur déportation, soit les deux tiers de la population arménienne vivant dans l'empire ottoman.
Mais la Turquie rejette toujours la thèse d'un génocide et rétorque que des dizaines de milliers de Turcs ont aussi péri dans des massacres lors d'une guerre civile avec les Arméniens à la fin de l'Empire ottoman.
Le gouvernement «s'associe à la peine et au souvenir des massacres de 1915 », a déclaré le ministre des Relations avec le parlement Jean-Jack Queyranne. « Le devoir de mémoire envers les victimes de la barbarie est un devoir sacré ». « La France est l'amie de l'Arménie. Elle est aussi l'amie de la Turquie moderne qui ne peut être tenue pour responsable de faits survenus dans les convulsions de la fin de l'Empire ottoman », a-t-il poursuivi, anticipant les réactions d'Ankara qui ne se sont pas faites attendre.
L'ambassadeur de France en Turquie a en effet été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères. Selon l'AFP, le président de la commission des Affaires étrangères du parlement turc, Kamran Inan, a aussitôt mis en garde contre les « répercussions diplomatiques », si l'Assemblée nationale française devait entériner cette proposition de loi. A Paris, les autorités françaises ont tenté de rassurer Ankara en rappelant que Paris souhaite maintenir et développer avec la Turquie « des relations étroites ».
« Tragédie » plutôt que « génocide »
L'ambiance semblait pourtant à la crispation d'autant que Bruxelles a de son côté fait savoir que la Turquie ne « répond pas encore aux conditions d'ouverture de négociations » d'adhésion à l'Union européenne, selon un projet de la Commission européenne sur l'élargissement.
A Erevan, les autorités arméniennes se sont bien sûr réjouies de la décision du Sénat français au nom de « la vérité historique ». Pour sa part, la communauté arménienne de France s'est dit « très heureuse ». Elle compte quelque 500 000 personnes (200 000 en région parisienne, 150 000 à Marseille et 100 000 en Rhône Alpes).
La question de la reconnaissance n'est pas récente et elle a toujours été liée à la teneur des relations franco-turques. Dès 1965 en France elle avait été soulevée à l'occasion du cinquantième anniversaire du génocide. Mais on préfèrera jusqu'ici parler de « tragédie » évitant soigneusement d'employer celui de « génocide ».
Les déportations vers la Syrie (alors province de l'Empire ottoman) et les massacres d'Arméniens entre 1915 et 1917 ont fait entre 1, 2 et 1,3 million de morts selon les Arméniens, entre 300 000 à 500 000 selon les Turcs. Selon les historiens, durant la première guerre mondiale, la plupart des victimes arméniennes ont été tuées sur place, ou sont mortes au cours de leur déportation, soit les deux tiers de la population arménienne vivant dans l'empire ottoman.
Mais la Turquie rejette toujours la thèse d'un génocide et rétorque que des dizaines de milliers de Turcs ont aussi péri dans des massacres lors d'une guerre civile avec les Arméniens à la fin de l'Empire ottoman.
par Sylvie Berruet (avec AFP)
Article publié le 08/11/2000