Guerre d''Algérie
Trois généraux, trois positions
Tandis que le général Jacques Massu et le général Paul Aussaresses reconnaissent la pratique de la torture durant la guerre d'Algérie, Massu étant même favorable à une repentance officielle, le général Marcel Bigeard souhaite qu'on tire un trait sur ce passé qui fait débat aujourd'hui.
Le général Massu, 92 ans, vainqueur de la «bataille d'Alger»: «Reconnaître la torture en Algérie serait une avancée».
De tous les chefs militaires de la guerre d'Algérie, le général Massu est celui qui va le plus loin dans la reconnaissance d'une pratique dont il dit, dans un entretien au journal Le Monde, qu'elle a été «généralisée et institutionnalisée en Algérie». Grande figure de l'armée, Massu exprime des regrets à l'égard de l'emploi de la torture, méthode utilisée notamment pour mettre fin aux actions terroristes des indépendantistes pendant la «bataille d'Alger», en 1957. Admettant que son nom «a toujours été associé à la torture,(à) ce que j'ai trouvé très dur à vivre», le général Massu estime qu'«on aurait dû faire autrement» en Algérie. Il déclare aujourd'hui: «si la France reconnaissait et condamnait ces pratiques, je prendrais cela pour une avancée», tout en s'étonnant qu'on «oublie aussi de rappeler ce que les types du FLN ont fait sur leurs propres compatriotes et le fait qu'ils se sont comportés comme des sauvages.»
Le général Aussaresses, 82 ans, ancien responsable des services de renseignements à Alger: «J'ai moi-même procédé à des exécutions sommaires». Mais il estime qu'«on n'a pas à se repentir».
Dans Le Monde, Paul Aussaresses admet «ne pas avoir respecté les lois de la guerre» en Algérie. Selon lui, «les ordres ne venaient pas des politiques», qui, néanmoins, «savaient», mais «des officiers». Combien d'hommes a-t-il tué ? «J'en ai tué 24 (à) par une rafale». Cependant, il affirme que «si c'était à refaire, ça m'emmerderait mais je referais la même chose, car je ne crois pas qu'on puisse faire autrement». Si l'Etat français en venait un jour à une sorte de repentance à propos de l'Algérie ? «Je serais contre. On n'a pas à se repentir. Qu'on reconnaisse des faits précis et ponctuels, oui, mais en prenant garde à ne pas généraliser. Pour ma part, je ne me repens pas.»
Le général Bigeard, 84 ans, ancien chef parachutiste en Indochine et en Algérie: «J'en ai marre d'entendre parler tous les jours de l'Algérie».
Colonel à l'époque de la guerre d'Algérie, souvent accusé d'avoir pratiqué la torture, Marcel Bigeard refuse de revenir sur les épisodes troubles de cette époque. «Laissons tout ça. Il y en a marre de tous les jours entendre ça». Interrogé par l'AFP, l'officier estime que «tout a été dit», et il affirme que face à ses détracteurs, qu'il faut «laisser vomir», il va bientôt contre-attaquer dans un livre intitulé J'ai mal à la France. Le général Bigeard refuse de réagir aux déclarations du ministre de la Défense Alain Richard, qui s'est prononcé pour la «transparence» sur la torture en Algérie.
De tous les chefs militaires de la guerre d'Algérie, le général Massu est celui qui va le plus loin dans la reconnaissance d'une pratique dont il dit, dans un entretien au journal Le Monde, qu'elle a été «généralisée et institutionnalisée en Algérie». Grande figure de l'armée, Massu exprime des regrets à l'égard de l'emploi de la torture, méthode utilisée notamment pour mettre fin aux actions terroristes des indépendantistes pendant la «bataille d'Alger», en 1957. Admettant que son nom «a toujours été associé à la torture,(à) ce que j'ai trouvé très dur à vivre», le général Massu estime qu'«on aurait dû faire autrement» en Algérie. Il déclare aujourd'hui: «si la France reconnaissait et condamnait ces pratiques, je prendrais cela pour une avancée», tout en s'étonnant qu'on «oublie aussi de rappeler ce que les types du FLN ont fait sur leurs propres compatriotes et le fait qu'ils se sont comportés comme des sauvages.»
Le général Aussaresses, 82 ans, ancien responsable des services de renseignements à Alger: «J'ai moi-même procédé à des exécutions sommaires». Mais il estime qu'«on n'a pas à se repentir».
Dans Le Monde, Paul Aussaresses admet «ne pas avoir respecté les lois de la guerre» en Algérie. Selon lui, «les ordres ne venaient pas des politiques», qui, néanmoins, «savaient», mais «des officiers». Combien d'hommes a-t-il tué ? «J'en ai tué 24 (à) par une rafale». Cependant, il affirme que «si c'était à refaire, ça m'emmerderait mais je referais la même chose, car je ne crois pas qu'on puisse faire autrement». Si l'Etat français en venait un jour à une sorte de repentance à propos de l'Algérie ? «Je serais contre. On n'a pas à se repentir. Qu'on reconnaisse des faits précis et ponctuels, oui, mais en prenant garde à ne pas généraliser. Pour ma part, je ne me repens pas.»
Le général Bigeard, 84 ans, ancien chef parachutiste en Indochine et en Algérie: «J'en ai marre d'entendre parler tous les jours de l'Algérie».
Colonel à l'époque de la guerre d'Algérie, souvent accusé d'avoir pratiqué la torture, Marcel Bigeard refuse de revenir sur les épisodes troubles de cette époque. «Laissons tout ça. Il y en a marre de tous les jours entendre ça». Interrogé par l'AFP, l'officier estime que «tout a été dit», et il affirme que face à ses détracteurs, qu'il faut «laisser vomir», il va bientôt contre-attaquer dans un livre intitulé J'ai mal à la France. Le général Bigeard refuse de réagir aux déclarations du ministre de la Défense Alain Richard, qui s'est prononcé pour la «transparence» sur la torture en Algérie.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 23/11/2000