Nucléaire
Tchernobyl: enfin fermée, mais après ?
C'est officiel depuis ce 15 décembre, la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, est définitivement fermée. Cette centrale, qui fut le théâtre, en 1986, du plus grand accident nucléaire de tous les temps, en causant la mort de plusieurs milliers de personnes et en contaminant une grande partie de l'Europe, reste la plus grande peur du nucléaire civil. La fermeture de Tchernobyl rassure la communauté internationale.
Mais la menace persiste.
Mais la menace persiste.
26 avril 1986. Il est plus d'une heure du matin. Sur toutes les chaînes de radio et de télévision, on apprend que deux explosions viennent de retentir dans le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. L'équipe de contrôle, qui effectue des essais, réalise qu'elle vient de déclencher l'accident le plus grave de toute l'histoire du nucléaire.
Il faudra quelques jours pour que le monde entier prenne la mesure de l'événement. Pour la première fois, en effet, une centrale nucléaire vient de libérer, dans la nature, d'énormes quantités de matières radioactives. Du coup, ce nom de cette ville du nord de l'Ukraine va devenir un symbole: Tchernobyl résume l'une des grandes peurs de cette fin de siècle. Comme le déclarait Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, «Tchernobyl est un mot que nous aimerions tous effacer de nos mémoires.»
Mais les mémoires sont tenaces. Les conséquences de cette catastrophe restent multiples, concernant, en premier lieu, un bilan humain toujours contesté. A l'époque, on annonçait, côté soviétique, que l'explosion n'avait fait que 31 morts. Une version à laquelle ne semble plus se rallier que le lobby pro-nucléaire international soucieux de minimiser les risques liés à l'atome. De son côté, Kiev faisait récemment état de 15 000 morts attribuables aux retombées de Tchernobyl. En outre, trois millions d'Ukrainiens, dont un million d'enfants, souffriraient à divers degrés de troubles liés à la catastrophe. Mais, côté occidental, on accuse Kiev de gonfler les chiffres pour recevoir davantage d'aides internationales. Une certitude ressort néanmoins de cette sombre bataille de chiffres: selon les Nations Unies, plus de 11 000 cancers de la thyroïde auraient été détectés, et de nombreux chercheurs s'attendent à une poussée d'autres cancers dans les dix prochaines années, en particulier des leucémies.
Le démantèlement de Tchernobyl: une opération délicate
Outre la dimension humaine, se pose avec acuité l'aspect technique du démantèlement de cette centrale de Tchernobyl. Selon les spécialistes, il s'agirait d'une opération délicate qui prendrait plusieurs dizaines d'années. Pourquoi ? D'après les experts nucléaires, la priorité est de sécuriser le «sarcophage», cette structure de béton construite à la hâte au-dessus du réacteur accidenté en 1986. Une chape, aujourd'hui fissurée, qui recouvre les ruines du quatrième réacteur, et qui menacerait de s'écrouler. Les experts n'excluent pas la possibilité d'une réaction nucléaire au sein du combustible fondu qui couve sous ce même «sarcophage», dans une atmosphère saturée d'humidité. Ce serait alors l'explosion. Un Tchernobyl bis aux conséquences imprévisibles.
Et puis, il y a l'argent. Le démantèlement de la centrale de Tchernobyl est un processus non seulement long, délicat, mais coûteux. C'est pour éviter toute nouvelle catastrophe de ce genre que l'aide occidentale s'est mise en branle. En 1995, l'Ukraine et les pays du G7 chiffraient l'ardoise de la mise à l'arrêt et de la sécurisation de la centrale de Tchernobyl à 2,3 milliards de dollars, dont 1,4 milliard a déjà été investi par les pays occidentaux et les organismes internationaux. Une note élevée, mais qui servira à financer des programmes sociaux et à à accroître la sécurité dans les autres centrales nucléaires du pays.
En tout cas, ce n'est pas parce qu'un technicien de Tchernobyl est venu en cette journée du 15 décembre 2000 presser sur un simple bouton, déclenchant l'arrêt complet de la centrale de Tchernobyl, que les peurs engendrées par l'atome et le nucléaire disparaîtront des esprits.
Il faudra quelques jours pour que le monde entier prenne la mesure de l'événement. Pour la première fois, en effet, une centrale nucléaire vient de libérer, dans la nature, d'énormes quantités de matières radioactives. Du coup, ce nom de cette ville du nord de l'Ukraine va devenir un symbole: Tchernobyl résume l'une des grandes peurs de cette fin de siècle. Comme le déclarait Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, «Tchernobyl est un mot que nous aimerions tous effacer de nos mémoires.»
Mais les mémoires sont tenaces. Les conséquences de cette catastrophe restent multiples, concernant, en premier lieu, un bilan humain toujours contesté. A l'époque, on annonçait, côté soviétique, que l'explosion n'avait fait que 31 morts. Une version à laquelle ne semble plus se rallier que le lobby pro-nucléaire international soucieux de minimiser les risques liés à l'atome. De son côté, Kiev faisait récemment état de 15 000 morts attribuables aux retombées de Tchernobyl. En outre, trois millions d'Ukrainiens, dont un million d'enfants, souffriraient à divers degrés de troubles liés à la catastrophe. Mais, côté occidental, on accuse Kiev de gonfler les chiffres pour recevoir davantage d'aides internationales. Une certitude ressort néanmoins de cette sombre bataille de chiffres: selon les Nations Unies, plus de 11 000 cancers de la thyroïde auraient été détectés, et de nombreux chercheurs s'attendent à une poussée d'autres cancers dans les dix prochaines années, en particulier des leucémies.
Le démantèlement de Tchernobyl: une opération délicate
Outre la dimension humaine, se pose avec acuité l'aspect technique du démantèlement de cette centrale de Tchernobyl. Selon les spécialistes, il s'agirait d'une opération délicate qui prendrait plusieurs dizaines d'années. Pourquoi ? D'après les experts nucléaires, la priorité est de sécuriser le «sarcophage», cette structure de béton construite à la hâte au-dessus du réacteur accidenté en 1986. Une chape, aujourd'hui fissurée, qui recouvre les ruines du quatrième réacteur, et qui menacerait de s'écrouler. Les experts n'excluent pas la possibilité d'une réaction nucléaire au sein du combustible fondu qui couve sous ce même «sarcophage», dans une atmosphère saturée d'humidité. Ce serait alors l'explosion. Un Tchernobyl bis aux conséquences imprévisibles.
Et puis, il y a l'argent. Le démantèlement de la centrale de Tchernobyl est un processus non seulement long, délicat, mais coûteux. C'est pour éviter toute nouvelle catastrophe de ce genre que l'aide occidentale s'est mise en branle. En 1995, l'Ukraine et les pays du G7 chiffraient l'ardoise de la mise à l'arrêt et de la sécurisation de la centrale de Tchernobyl à 2,3 milliards de dollars, dont 1,4 milliard a déjà été investi par les pays occidentaux et les organismes internationaux. Une note élevée, mais qui servira à financer des programmes sociaux et à à accroître la sécurité dans les autres centrales nucléaires du pays.
En tout cas, ce n'est pas parce qu'un technicien de Tchernobyl est venu en cette journée du 15 décembre 2000 presser sur un simple bouton, déclenchant l'arrêt complet de la centrale de Tchernobyl, que les peurs engendrées par l'atome et le nucléaire disparaîtront des esprits.
par Pierre DELMAS
Article publié le 15/12/2000 Dernière mise à jour le 06/09/2005 à 10:14 TU