OGM
Philémon Yunji Yang :<br>«il est encore trop tôt pour l'Afrique d'adopter les OGM»
Pour Philémon Yunji Yang, président du comité intergouvernemental pour le protocole de Carthagène et ambassadeur du Cameroun au Canada, il est encore trop tôt pour savoir si les Organismes génétiquement modifiés (OGM) seront ou non bénéfiques pour les pays d'Afrique. Selon lui, il faut attendre de connaître les effets à long terme de ces organismes transgéniques sur la santé et l'environnement avant de se lancer tête baisser dans leur culture.
RFI¯: Quels sont les avantages et les inconvénients de la culture de plantes transgéniques dans les pays d'Afrique¯?
Philémon Yunji Yang : En fait, on ne sait pas encore quels pourront être les avantage de la culture d'organismes génétiquement modifiés en Afrique, cependant je pense qu'à travers le protocole de Carthagène sur la biodiversité, les pays africains pourront faire une analyse de risque notamment sur la santé et l'environnement. Quant aux inconvénients, nous n'avons pas encore une connaissance scientifique approfondie des OGM et il est important que l'on puisse faire des études poussées dans ce domaine encore pendant quelques temps pour donner avec certitude un avis bénéfique ou non.
RFI : L'Afrique du Sud est l'un des plus gros pays producteurs d'OGM avec 100¯000 hectares cultivés. Pensez-vous que d'autres pays africains vont l'imiter et pourquoi¯?
P.Y.Y : En matière de culture d'OGM, tout est question de souveraineté nationale. N'importe quel pays peut décider de cultiver ou non des organismes génétiquement modifiés. Mais ce que l'on veut faire à travers le protocole de Carthagène, c'est de donner à chaque pays la liberté d'importer ou de ne pas importer ces OGM. Comme la France ou le Canada, les pays africains peuvent les cultiver sur leur sol mais les problèmes commencent quand ces pays veulent exporter ces OGM, c'est alors là que le protocole de Carthagène sur la biosécurité entre en jeu. En effet ce protocole essaie de créer, non sans mal, un cadre international. On n'empêchera pas chaque pays d'avoir sa réglementation interne, car le protocole ne couvre pas tout, mais c'est un bon instrument et qu'il entre en vigueur ou non en 2002, c'est secondaire. Plusieurs pays ont déjà calqué leur réglementation et leur législation sur le protocole et c'est ça, qui a mes yeux, est très positif et encourageant.
RFI : L'Afrique peut-elle voir dans ces cultures d'OGM un moyen de produire plus et plus vite et d'enrayer ainsi la famine ?
P.Y.Y : La culture d'OGM convient à certains pays africains, comme le Cameroun par exemple mais pas à tous. Si certains pays désertiques africains pensent que la culture d'OGM peut aider à subvenir à leurs besoins, là c'est un choix national que le pays doit faire. Pour ma part, j'attendrai que des progrès scientifiques notoires soient faits pour m'engager dans cette voie. Il est encore trop tôt.
RFI : Pensez-vous que les OGM sont un bon moyen de lutter contre les ravages provoqués par le climat ou les animaux (les criquets notamment) sur les cultures du continent africain¯?
H.Y.Y : Effectivement ce pourrait être le cas, mais je persiste à dire et à croire qu'il faut attendre que la science fasse son £uvre. Les OGM en effet semblent plus résistants au climat et aux insectes que les autres plantes non génétiquement modifiées mais savons-nous exactement aujourd'hui quelles seront leurs répercussions sur la santé des hommes et des animaux ? Pour ma part, je conseillerais aux pays qui souhaitent produire, exporter ou encore importer des OGM d'attendre encore un peu ou faire comme l'Union européenne à savoir adopter une réglementation stricte, sévère et restrictive sur la production et la circulation de ces produits. Il me semble risquer, à l'heure actuelle, d'adopter le même processus que les pays de Miami, mais seul l'avenir, d'ici 10 ou 20 ans, pourra ou non nous conforter dans nos choix. Il faut rester prudent et ne pas succomber à l'appât du gain comme a pu le faire le Brésil en novembre dernier.
Philémon Yunji Yang : En fait, on ne sait pas encore quels pourront être les avantage de la culture d'organismes génétiquement modifiés en Afrique, cependant je pense qu'à travers le protocole de Carthagène sur la biodiversité, les pays africains pourront faire une analyse de risque notamment sur la santé et l'environnement. Quant aux inconvénients, nous n'avons pas encore une connaissance scientifique approfondie des OGM et il est important que l'on puisse faire des études poussées dans ce domaine encore pendant quelques temps pour donner avec certitude un avis bénéfique ou non.
RFI : L'Afrique du Sud est l'un des plus gros pays producteurs d'OGM avec 100¯000 hectares cultivés. Pensez-vous que d'autres pays africains vont l'imiter et pourquoi¯?
P.Y.Y : En matière de culture d'OGM, tout est question de souveraineté nationale. N'importe quel pays peut décider de cultiver ou non des organismes génétiquement modifiés. Mais ce que l'on veut faire à travers le protocole de Carthagène, c'est de donner à chaque pays la liberté d'importer ou de ne pas importer ces OGM. Comme la France ou le Canada, les pays africains peuvent les cultiver sur leur sol mais les problèmes commencent quand ces pays veulent exporter ces OGM, c'est alors là que le protocole de Carthagène sur la biosécurité entre en jeu. En effet ce protocole essaie de créer, non sans mal, un cadre international. On n'empêchera pas chaque pays d'avoir sa réglementation interne, car le protocole ne couvre pas tout, mais c'est un bon instrument et qu'il entre en vigueur ou non en 2002, c'est secondaire. Plusieurs pays ont déjà calqué leur réglementation et leur législation sur le protocole et c'est ça, qui a mes yeux, est très positif et encourageant.
RFI : L'Afrique peut-elle voir dans ces cultures d'OGM un moyen de produire plus et plus vite et d'enrayer ainsi la famine ?
P.Y.Y : La culture d'OGM convient à certains pays africains, comme le Cameroun par exemple mais pas à tous. Si certains pays désertiques africains pensent que la culture d'OGM peut aider à subvenir à leurs besoins, là c'est un choix national que le pays doit faire. Pour ma part, j'attendrai que des progrès scientifiques notoires soient faits pour m'engager dans cette voie. Il est encore trop tôt.
RFI : Pensez-vous que les OGM sont un bon moyen de lutter contre les ravages provoqués par le climat ou les animaux (les criquets notamment) sur les cultures du continent africain¯?
H.Y.Y : Effectivement ce pourrait être le cas, mais je persiste à dire et à croire qu'il faut attendre que la science fasse son £uvre. Les OGM en effet semblent plus résistants au climat et aux insectes que les autres plantes non génétiquement modifiées mais savons-nous exactement aujourd'hui quelles seront leurs répercussions sur la santé des hommes et des animaux ? Pour ma part, je conseillerais aux pays qui souhaitent produire, exporter ou encore importer des OGM d'attendre encore un peu ou faire comme l'Union européenne à savoir adopter une réglementation stricte, sévère et restrictive sur la production et la circulation de ces produits. Il me semble risquer, à l'heure actuelle, d'adopter le même processus que les pays de Miami, mais seul l'avenir, d'ici 10 ou 20 ans, pourra ou non nous conforter dans nos choix. Il faut rester prudent et ne pas succomber à l'appât du gain comme a pu le faire le Brésil en novembre dernier.
par Propos recueillis par Clarisse VERNHES
Article publié le 13/12/2000