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FMI-Banque mondiale

Annuler la dette n'est que justice

Annuler la dette des pays en développement, qui de toutes façons ne sont pas en mesure de la rembourser, n'est pas seulement un geste «humanitaire». C'est surtout un acte d'équité, en raison des injustices passées de la colonisation et présentes du commerce international. De plus, cela représente financièrement peu de choses, au regard de la richesse mondiale. Les associations pour l'annulation de la dette, réunies à Dakar, entendent bien faire progresser cette thèse et relancer la mobilisation créée autour de la campagne internationale Jubilé 2000.
Leur combat n'a pas été inutile. Les associations, Eglises, syndicats regroupés dans la coalition mondiale pour l'annulation de la dette du tiers monde à l'occasion du jubilé de l'an 2000 sont, tout le monde en convient, pour quelque chose dans la prise de conscience par les pays riches et des institutions financières internationales du poids intolérable de la dette extérieure sur les pays les plus pauvres. Ils ont leur part dans l'initiative du FMI et de la Banque mondiale d'alléger l'endettement d'une quarantaine d'entre eux.

Mais les militants de l'annulation, insatisfaits, ne s'arrêtent pas là. Ils critiquent ces mesures d'allégement, qui ne signifient pas annulation, et dénoncent les conditions à remplir pour en bénéficier. Parvenus à la fin de l'an 2000, ils envisagent à Dakar les moyens de poursuivre la mobilisation, à partir de 2001, et présentent des alternatives au modèle de développement imposé par la Banque mondiale afin le recentrer sur la satisfaction des besoins des populations.

Deux décennies d'ajustement structurel

Pour Attac (Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens) ou le Comité pour l'annulation de la dette du tiers monde (CADTM), deux décennies d'ajustement structurel sous la houlette du FMI et de la Banque mondiale ont vu le quadruplement de la dette du tiers monde. Dans le même temps, l'austérité budgétaire et les privatisations, au nom des équilibres macroéconomiques, se sont faites au détriment de l'éducation, de la santé, de l'emploi. La mondialisation du commerce international s'est traduite pour les pays qui dépendent du marché des matières premières par un protectionnisme au Nord et la détérioration des termes de l'échange, tandis que l'aide au développement fondait comme neige au soleil.

Passer l'éponge sur la dette est donc pour ces associations une nécessité. C'est aussi un effort financier marginal. La dette extérieure du tiers monde s'élève à environ 2 000 milliards de dollars, relève Eric Toussaint du CADTM, celle des Etats-Unis à 5000 milliards et celle des quinze pays de l'Union européenne à 6000 milliards. S'il ne s'agit que d'annuler la dette des plus pauvres on parvient à un peu plus de 200 milliards de dollars de dettes, dont une partie définitivement irrécupérable.



par Francine  Quentin

Article publié le 18/12/2000