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Haïti

Les impossibles promesses de M. Aristide

Jean-Bertrand Aristide a été élu le 26 novembre dernier président de la République avec 91,69% des suffrages exprimés. Cette élection laisse planer le doute sur les réformes démocratiques attendues dans le pays.
Le nouveau président Jean-Bertrand Aristide détient actuellement tous les pouvoirs en Haïti. Son mouvement politique Fanmi Lavalas domine le parlement et toutes les instances gouvernementales. Ces deux dernières semaines Jean-Bertrand Aristide a appelé au dialogue. L'opposition (17 partis) réunie au sein du mouvement Convergence démocratique a des doutes quant à la volonté d'Aristide d'établir un dialogue constructif. Elle réclame au préalable l'annulation des élections législatives et municipales du 21 mai dernier qui, selon les observateurs, ont été «entachées d'irrégularités». Les opposants appellent à la constitution d'une «alternative démocratique».

Après son renversement en 1991 par le général Raoul Cédras, Jean-Bertrand Aristide est rétabli à la tête du pays le 15 octobre 1994 suite à l'intervention de 20 000 soldats américains. Il achève son mandat en 1995. Son ancien Premier ministre René Préval est élu président. Quelques mois après sa prise de fonction, le chef du gouvernement, Rosny Smart, démissionne pour protester contre des élections controversées du 6 avril 1997. Cette démission a provoqué une vacance de plus de deux ans à la tête du gouvernement.

Un avenir incertain

L'Organisation du peuple en lutte (OPL), parti dissident du mouvement Lavalas, bloque par trois fois les propositions de Premiers ministres présentées par le président de la République. Devant ces oppositions, René Préval se passe du parlement et forme un gouvernement par décret. L'opposition s'insurge contre ce procédé et dénonce «une man£uvre visant à instaurer une dictature avec la complicité du parti Fanmi Lavalas dans l'unique but de favoriser le retour au pouvoir de Jean-Bertrand Aristide». Le pays plonge alors dans un chaos institutionnel, politique, économique et social sans précédent. Des attentats sont commis contre des hommes politiques. L'engrenage de la violence s'accélère, des armes circulent sans aucun contrôle, des gangs se forment et la corruption gangrène le pays.

Dans un pays où la moitié des richesses est aux mains de 1% de la population «Haïti, le pays des vingt familles», l'élection de Jean-Bertrand Aristide représente encore un espoir pour les pauvres. Dans son programme jugé ultra libéral, le nouveau président s'est engagé à créer près de 500 000 emplois et à renforcer le secteur privé. L'aide internationale suspendue, Aristide va-t-il pouvoir tenir ses promesses ? Avec huit millions d'habitants et une dette d'un million de dollars, Haïti est l'un des pays les plus pauvres de la planète. Les investissements sont gelés, les exportations sont rares, le chômage touche 65 % de la population. Pourra-t-il répondre aux besoins de son peuple dont les préoccupations sont loin des luttes intestines que se livrent les partis politiques ?



par Eric  Amiens

Article publié le 12/12/2000

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[12/12/2000]