Mexique
Le Popocatépetl est entré en éruption
Le Popocatépetl, l'un des volcans les plus actifs d'Amérique, est en pleine activité: il est entré en éruption lundi soir. Les premières mesures prises par le gouvernement Fox montrent les carences des politiques pour affronter les risques majeurs.
De notre correspondant à Mexico
Le volcan Popocatépetl (5600 m d'altitude) domine les vallées de Mexico, Puebla et de Cuautla. Son éruption de lundi soir pourrait être désastreuse et catastrophique car environ dix millions d'habitants vivent dans un rayon de 50 km, dont un million seraient directement touchés par la fonte de la calotte glacière du volcan, des coulées de boue et de lave et la projection de matière incandescente.
Les volcanologues qui étudient les comportements de Don Gregorio, ont mis en garde les autorités. Un dôme de lave s'est formé au fond du cratère, avec pour effet de boucher les cheminées d'évacuation des gaz, ce qui augmente la pression interne et transforme le volcan en cocotte minute. Le gouvernement a aussitôt réagît en prenant des mesures d'évacuation des zones sensibles, ce qui a mis en évidence les difficulté à organiser les secours. 56.000 personnes ont été évacuées mais quelques heures plus tard, 50% d'entre elles sont retournées dans leur maison.
Malgré l'expérience du tremblement de terre de 1985, la reprise de l'activité volcanique du Popocatépetl en 1997, les ouragans Gilberto, Paulina et Mitch, aucune politique de prévention des désastres n'a jamais été mise en place. Les Mexicains assistent impuissants à l'incapacité des autorités à prendre les mesures qui s'imposent. Les routes d'évacuation sont en piteux état, trop étroites, le matériel roulant et les chauffeurs manquent, les abris ne sont pas équipés et surtout aucune genèse des catastrophes n'a jamais été réalisée pour en tirer des enseignements. Le Cenapred, (Centre national de prévention des désastres), crée en 1986, n'a malheureusement aucun poids sur les schémas directeurs de l'aménagement du territoire.
Une certaine fatalité
De nombreux villages isolés refusent d'être évacués. Pour certains, la catastrophe est perçue à travers la représentation de la fin d'un monde: la possibilité d'un anéantissement soudain et irréversible du groupe et de son environnement. Les gens n'ont pas peur car ils vivent avec le volcan depuis des générations. Le colosse est une montagne sacrée: «on lui fait des offrandes car on le craint».
Une fatalité et une incapacité culturelle à obéir à des ordres qui ne prennent en compte que les humains. Pour ces montagnards qui vivent en symbiose avec la nature et le volcan, il est impensable d'abandonner leurs bêtes à leur sort. D'autre part, ils ont été au cours des siècles si souvent abusés que la peur d'être tromper une nouvelle fois est très vivace, du reste, la rumeur court déjà que le gouvernement veut évacuer les populations pour récupérer leurs terres car l'ex-président Carlos Salinas de Gortari aurait vendu tout le volcan aux Japonais.
Le ministre de l'Intérieur, Santiago Creel estime que l'évacuation est une responsabilité mutuelle et que les personnes concernées doivent choisir librement de partir ou rester.
L'élection présidentielle de Vicente Fox a mis fin à 71 ans d'un régime autoritaire et corrompu. Le Mexique est dans le difficile passage d'un monde archaïque à celui de la globalisation. A ce moment charnière, se fait peut-être sentir un désir non avoué de catastrophe. Un désir qui correspond au besoin de disposer d'une alternative à un monde que l'on ne peut pas changer, de la possibilité qui s'ouvre d'être solidaires les uns envers les autres, de retrouver des valeurs vraies, comme ce fut le cas après le séisme de septembre 1985; comme si le désir de catastrophe traduisait un désir de vérité et d'authenticité dans un monde devenu complexe, insaisissable et aux valeurs incertaines. La catastrophe comme moment permettant de reconstruire la société, en dehors de toute échelle politique.
Le volcan Popocatépetl (5600 m d'altitude) domine les vallées de Mexico, Puebla et de Cuautla. Son éruption de lundi soir pourrait être désastreuse et catastrophique car environ dix millions d'habitants vivent dans un rayon de 50 km, dont un million seraient directement touchés par la fonte de la calotte glacière du volcan, des coulées de boue et de lave et la projection de matière incandescente.
Les volcanologues qui étudient les comportements de Don Gregorio, ont mis en garde les autorités. Un dôme de lave s'est formé au fond du cratère, avec pour effet de boucher les cheminées d'évacuation des gaz, ce qui augmente la pression interne et transforme le volcan en cocotte minute. Le gouvernement a aussitôt réagît en prenant des mesures d'évacuation des zones sensibles, ce qui a mis en évidence les difficulté à organiser les secours. 56.000 personnes ont été évacuées mais quelques heures plus tard, 50% d'entre elles sont retournées dans leur maison.
Malgré l'expérience du tremblement de terre de 1985, la reprise de l'activité volcanique du Popocatépetl en 1997, les ouragans Gilberto, Paulina et Mitch, aucune politique de prévention des désastres n'a jamais été mise en place. Les Mexicains assistent impuissants à l'incapacité des autorités à prendre les mesures qui s'imposent. Les routes d'évacuation sont en piteux état, trop étroites, le matériel roulant et les chauffeurs manquent, les abris ne sont pas équipés et surtout aucune genèse des catastrophes n'a jamais été réalisée pour en tirer des enseignements. Le Cenapred, (Centre national de prévention des désastres), crée en 1986, n'a malheureusement aucun poids sur les schémas directeurs de l'aménagement du territoire.
Une certaine fatalité
De nombreux villages isolés refusent d'être évacués. Pour certains, la catastrophe est perçue à travers la représentation de la fin d'un monde: la possibilité d'un anéantissement soudain et irréversible du groupe et de son environnement. Les gens n'ont pas peur car ils vivent avec le volcan depuis des générations. Le colosse est une montagne sacrée: «on lui fait des offrandes car on le craint».
Une fatalité et une incapacité culturelle à obéir à des ordres qui ne prennent en compte que les humains. Pour ces montagnards qui vivent en symbiose avec la nature et le volcan, il est impensable d'abandonner leurs bêtes à leur sort. D'autre part, ils ont été au cours des siècles si souvent abusés que la peur d'être tromper une nouvelle fois est très vivace, du reste, la rumeur court déjà que le gouvernement veut évacuer les populations pour récupérer leurs terres car l'ex-président Carlos Salinas de Gortari aurait vendu tout le volcan aux Japonais.
Le ministre de l'Intérieur, Santiago Creel estime que l'évacuation est une responsabilité mutuelle et que les personnes concernées doivent choisir librement de partir ou rester.
L'élection présidentielle de Vicente Fox a mis fin à 71 ans d'un régime autoritaire et corrompu. Le Mexique est dans le difficile passage d'un monde archaïque à celui de la globalisation. A ce moment charnière, se fait peut-être sentir un désir non avoué de catastrophe. Un désir qui correspond au besoin de disposer d'une alternative à un monde que l'on ne peut pas changer, de la possibilité qui s'ouvre d'être solidaires les uns envers les autres, de retrouver des valeurs vraies, comme ce fut le cas après le séisme de septembre 1985; comme si le désir de catastrophe traduisait un désir de vérité et d'authenticité dans un monde devenu complexe, insaisissable et aux valeurs incertaines. La catastrophe comme moment permettant de reconstruire la société, en dehors de toute échelle politique.
Article publié le 19/12/2000