Turquie
Répression sanglante dans les prisons
L'assaut des forces de sécurité turques lancé mardi contre vingt prisons pour arrêter une grève de la faim de prisonniers d'extrême-gauche a fait au moins dix-neuf morts et se poursuivait mercredi, en fin de journée, dans d'eux d'entre elles où les détenus résistaient.
De notre correspondant à Istanbul
«Quand donc l'Etat turc règlera-t-il ses problèmes autrement que dans la violence et les morts ?», se demandait mardi Hasan Cemal, éditorialiste du journal Milliyet, au deuxième jour d'un vaste assaut dans 20 prisons en grève de la faim. Avec l'opération cyniquement baptisée «retour à la vie» (17 détenus et 2 gendarmes tués, selon un bilan provisoire au soir du 20 décembre), Ankara n'aura pas réussi son examen de passage vers une démocratie à même de trouver des solutions pacifiques aux questions de Droits de l'Homme, fûssent-elles brûlantes.
«Nous avons été trompés», a constaté, amer, Mehmet Bekaroglu, membre (islamiste) de la Commission parlementaire pour les Droits de l'Homme après une médiation entre le ministère de la Justice et les détenus de la prison de Bayrampasa. Il a promis de démissionner de son poste après, non pas l'opération des forces de sécurité, mais la volte-face du Ministre qui a profité que certaines prisons étaient vidées pour reloger leurs occupants dans les nouvelles prisons dites «de type F», dont il avait promis de retarder l'entrée en service jusqu'à l'établissement d'un «consensus» sur le sujet.
Même déception auprès du bâtonnier d'Istanbul, Yücel Sayman, qui a également joué les médiateurs pour tenter d'éviter et des morts par grève de la faim et l'assaut forces de sécurité : «nous ne pouvons qu'avoir des doutes sur la sincérité d'un Ministre qui, en fait, avait déjà pris sa décision».
Et quelle décision ! Le transfert de quelque 10 000 prisonniers politiques retranchés dans de vastes dortoirs devenues de véritables «républiques autonomes» au sein de vastes prisons, de telle sorte qu'aucune fouille ni visite n'y a plus été effectuée depuis une décennie parfois.
La farouche détermination des détenus d'extrême gauche
Chacun le sait : les détenus, membres de diverses organisations clandestines d'extrême gauche, y jouissent d'une impunité quasi-totale, et notamment de la possibilité d'organiser les activités politiques ou terroristes de leurs mouvements avec fax, téléphone portable, ordinateur, appareil photo ou caméra. Et sans doute des armes, comme le dénonçaient lundi les autorités en affirmant que des Kalachnikovs avaient été utilisées à la prison Bayrampasa d'Istanbul contre les gendarmes.
Cette vie en groupes de 60 à 100 personnes, parfois, leur permet aussi et surtout d'échapper aux exactions de leurs gardiens, et à la torture d'une manière générale. C'est là la principale raison de leur opposition aux nouvelles prisons à cellules, où ils se disent à la merci de tous les sévices dont ils accusent leurs services de sécurité. Malgré des mois de mobilisation dans tout le pays, le fameux consensus n'a jamais pu se faire autour de ce projet, et l'opération des forces de sécurité a jeté un doute énorme sur les déclarations de bonnes intentions du gouvernement quant au respect des droits des prisonniers.
La détermination désespérée des détenus d'extrême gauche, dont une majorité s'est suicidée par le feu avant l'arrivée des gendarmes pour ne pas être transférés, en dit long sur l'ambiance qui règnera dans ces centres pénitentiaires turcs.
«Quand donc l'Etat turc règlera-t-il ses problèmes autrement que dans la violence et les morts ?», se demandait mardi Hasan Cemal, éditorialiste du journal Milliyet, au deuxième jour d'un vaste assaut dans 20 prisons en grève de la faim. Avec l'opération cyniquement baptisée «retour à la vie» (17 détenus et 2 gendarmes tués, selon un bilan provisoire au soir du 20 décembre), Ankara n'aura pas réussi son examen de passage vers une démocratie à même de trouver des solutions pacifiques aux questions de Droits de l'Homme, fûssent-elles brûlantes.
«Nous avons été trompés», a constaté, amer, Mehmet Bekaroglu, membre (islamiste) de la Commission parlementaire pour les Droits de l'Homme après une médiation entre le ministère de la Justice et les détenus de la prison de Bayrampasa. Il a promis de démissionner de son poste après, non pas l'opération des forces de sécurité, mais la volte-face du Ministre qui a profité que certaines prisons étaient vidées pour reloger leurs occupants dans les nouvelles prisons dites «de type F», dont il avait promis de retarder l'entrée en service jusqu'à l'établissement d'un «consensus» sur le sujet.
Même déception auprès du bâtonnier d'Istanbul, Yücel Sayman, qui a également joué les médiateurs pour tenter d'éviter et des morts par grève de la faim et l'assaut forces de sécurité : «nous ne pouvons qu'avoir des doutes sur la sincérité d'un Ministre qui, en fait, avait déjà pris sa décision».
Et quelle décision ! Le transfert de quelque 10 000 prisonniers politiques retranchés dans de vastes dortoirs devenues de véritables «républiques autonomes» au sein de vastes prisons, de telle sorte qu'aucune fouille ni visite n'y a plus été effectuée depuis une décennie parfois.
La farouche détermination des détenus d'extrême gauche
Chacun le sait : les détenus, membres de diverses organisations clandestines d'extrême gauche, y jouissent d'une impunité quasi-totale, et notamment de la possibilité d'organiser les activités politiques ou terroristes de leurs mouvements avec fax, téléphone portable, ordinateur, appareil photo ou caméra. Et sans doute des armes, comme le dénonçaient lundi les autorités en affirmant que des Kalachnikovs avaient été utilisées à la prison Bayrampasa d'Istanbul contre les gendarmes.
Cette vie en groupes de 60 à 100 personnes, parfois, leur permet aussi et surtout d'échapper aux exactions de leurs gardiens, et à la torture d'une manière générale. C'est là la principale raison de leur opposition aux nouvelles prisons à cellules, où ils se disent à la merci de tous les sévices dont ils accusent leurs services de sécurité. Malgré des mois de mobilisation dans tout le pays, le fameux consensus n'a jamais pu se faire autour de ce projet, et l'opération des forces de sécurité a jeté un doute énorme sur les déclarations de bonnes intentions du gouvernement quant au respect des droits des prisonniers.
La détermination désespérée des détenus d'extrême gauche, dont une majorité s'est suicidée par le feu avant l'arrivée des gendarmes pour ne pas être transférés, en dit long sur l'ambiance qui règnera dans ces centres pénitentiaires turcs.
par Jérôme Bastion
Article publié le 20/12/2000